Nous l'avons connu peintre. Une réputation qui a dépassé les frontières de l'Algérie. À lui seul, il constituait une école, s'inscrivant dans un courant artistique qui fait sa spécificité. Aujourd'hui, on retrouve Khadda sous un autre angle, dans un autre créneau, un autre domaine, celui de l'affiche. Depuis jeudi dernier, et ce, jusqu'au 17 du mois en cours, une exposition d'affiches réalisées par ce grand artiste, qui a donné à l'art pictural algérien ses lettres de noblesses, a lieu à la galerie Racim à Alger-Centre. Intitulée “Khadda affichiste”, cette exposition a été inaugurée par la ministre de la Culture Khalida Toumi, qui a été très enthousiaste. À travers les affiches exposées, grâce au concours de Nadjet Khadda, l'épouse du défunt plasticien, le public découvre une autre facette de cet artiste. Des affiches de théâtre, de spectacle, mais aussi des affiches pour des causes nationales. Réalisées entre les années 1970 et 1990, elles mettent à nu un talent et un goût très prononcé pour l'harmonie des couleurs et des caractères. À travers elles, on est plongé immédiatement dans le passé. Un passé lointain et proche en même temps qui nous révèle l'activité culturelle et artistique qui prévalait à cette époque-là. L'univers de l'affiche et de la typographie ne lui est inconnu. Il a baigné dedans dès son jeune âge. Ses premiers pas dans le monde du travail l'ont conduit à une imprimerie où il exerça comme apprenti. Attentif, il excellera dans la typographie, maîtrisant tous les rouages et autres secrets de ce métier. “La présente exposition fournit un bel échantillon de sa création en tant qu'affichiste. La collection couvre une production s'étalant sur une trentaine d'années et les différentes affiches qu'elle comporte sont clairement indexées sur la recherche de Khadda peintre tout en révélant ses investigations de graphiste maîtrisant les diverses déclinaisons du travail d'imprimeur”, est-il écrit dans le catalogue. Abordant différents thèmes, mais la plupart en relation directe avec le monde de la culture, Khadda y développe un détail, auquel il accorde une importance telle car à lui seul ce “détail” exprime le message que veut transmettre l'artiste. Entre autres affiches exposée, on notera celles réalisées lors du Festival de musique et chants populaires (1968), du Premier Festival culturel panafricain d'Alger (1969), de la 15e Foire internationale d'Alger, du Colloque d'histoire “Retentissement de la Révolution algérienne” (1984), du Symposium international du Centre national d'études historiques sur l'oralité (1988), ainsi que celles conçues lors de ses expositions en Algérie et à l'étranger. Il y a aussi des affiches réalisées pour le compte des différents théâtres en Algérie. À ce sujet, on remarquera que Mohamed Khadda concevait les décors et les costumes dans plusieurs pièces de théâtre. Ce qui démontre la pluralité disciplinaire. Par ailleurs, le public peut également voir des affiches réalisées post-mortem avec des tableaux de Khadda conçus notamment à l'occasion du colloque “Mémoire et enseignement de la guerre d'Algérie”, organisé à l'Institut du monde arabe (IMA) en 1992 et l'exposition “Les peintres du signe”, dans le cadre du 12e Festival transméditerranéen à Grasse (France) en 1999. “Khadda affichiste”, plus qu'une exposition, c'est une promenade visuelle dans le monde de l'affiche et de la typographie, une occasion d'évaluer le travail d'artiste qu'effectuait Khadda. C'est aussi un hommage d'une épouse aimante envers un être exceptionnel.