Le Président bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré mardi vouloir éviter que la crise migratoire à la frontière avec la Pologne, qu'il est accusé d'avoir orchestrée, ne dégénère en confrontation avec ses voisins européens. «L'essentiel, aujourd'hui, est de défendre notre pays, notre peuple et d'éviter les heurts», a-t-il dit, selon des propos rapportés par l'agence de presse bélarusse Belta. «Il ne faut pas que ce problème devienne une confrontation ardente», a-t-il ajouté. Sans fournir de précisions ni d'éléments concrets, il a assuré avoir été informé de «tentatives d'apporter des armes dans le camp de migrants» installé à la frontière avec la Pologne. Selon Minsk, plus de 2 000 migrants cherchant à rejoindre l'Union européenne campent actuellement devant le poste-frontière de Brouzgui dans des conditions difficiles, du fait de températures glaciales et d'un accès limité à des vivres et produits de première nécessité. La Croix-Rouge bélarusse a indiqué avoir livré trois tonnes d'aides mardi. Face aux migrants, la Pologne a déployé ses forces armées et de police pour contrer les tentatives de franchir illégalement la frontière. «Je ne vois pas pourquoi on déploie des avions, des hélicoptères et des chars contre des réfugiés», a encore dit M. Loukachenko, qui affirme que la Pologne a déployé «20 000 militaires avec l'aviation et des blindés» à sa frontière. L'UE, qui a été déstabilisée dans la deuxième moitié des années 2010 par un afflux migratoire sans précédent, accuse le pouvoir bélarusse d'avoir orchestré la crise actuelle pour se venger des sanctions décidées en représailles d'une répression politique intérieure sans précédent. Les Etats membres ont dit lundi élaborer de nouvelles mesures punitives contre le régime de Minsk, mais en parallèle, la chancelière allemande Angela Merkel s'est entretenue avec M. Loukachenko, un succès pour celui dont les Européens n'ont pas reconnu la réélection décriée en août 2020. «Au lieu de chercher une solution avec la partie polonaise, l'UE met fin à des projets de coopération transfrontalière», a dit M. Loukachenko. «En plus, ils nous menacent de nouvelles sanctions, de bâtir un mur de cinq mètres de haut», a-t-il poursuivi. «S'ils n'ont rien d'autre à faire, qu'ils le fassent, nous n'avons rien contre», a-t-il ironisé.