Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, confronté à un mouvement de contestation post-électoral inédit, a prêté serment hier en catimini pour un sixième mandat, avant de proclamer que la "révolution" voulue par ses détracteurs avait échoué. Des Etats européens ont dénoncé l'obstination de M. Loukachenko, Berlin déclarant "ne pas le reconnaître", faute de "légitimité démocratique". Fait exceptionnel, la cérémonie d'investiture n'a été annoncée par l'agence de presse d'Etat Belta puis la présidence qu'une fois achevée. Dans la matinée, l'opposition avait spéculé sur une investiture surprise : le cortège présidentiel a défilé dans la rue à toute vitesse, l'artère principale de Minsk a été fermée au public et les forces de l'ordre déployées en nombre autour de la présidence. "Cette prétendue investiture est évidemment une farce", a dénoncé Svetlana Tikhanovskaïa, principale rivale de M. Loukachenko, dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram. Cette novice en politique, désormais exilée en Lituanie, a une nouvelle fois revendiqué sa victoire à la présidentielle d'août. Le gouvernement allemand, par la voix de son porte-parole, a lui jugé que "le secret" entourant la cérémonie d'investiture était "révélateur" des faiblesses du régime, et que faute de "légitimité démocratique", Berlin ne reconnaissait pas la réélection de M. Loukachenko. Le chef de la diplomatie lituanienne, Linas Linkevicius a raillé "des élections frauduleuses, une investiture frauduleuse". Pour les opposants et médias indépendants, cette cérémonie, qui devait avoir lieu légalement avant le 9 octobre, a été organisée en catimini de crainte d'une nouvelle manifestation. Selon l'Ukraine, les ambassadeurs n'ont pas été invités, comme c'est le cas d'ordinaire. M. Loukachenko est confronté depuis la présidentielle du 9 août à une contestation inédite, des dizaines de milliers de personnes descendant dans la rue chaque dimanche à Minsk, malgré la répression policière, pour dénoncer sa réélection jugée frauduleuse.