Il a activé dans l'anonymat urbain, au sein de la Zone autonome d'Alger, où il a été l'un des éléments-clé de la bataille d'Alger. Noureddine Cherouati — c'est de lui qu'il s'agit — décédé le 15 octobre dernier à l'âge de 91 ans, a activé incognito, dans la discrétion (avec son frère cadet Liès dit Liès Soustara), prenant part à de nombreuses actions armées avec le groupe choc de La Casbah (où il est né) aux côtés de Yacef Saâdi, Ali La Pointe, Ben M'hidi, Debbih Cherif, les frères Ramez... Animé d'une énorme prise de risque et d'une confiance sans faille à toute épreuve, feu Noureddine Cherouati organise sous les ordres de Baghdadi «le Chinois», un gérant d'une gargote à la rue Marengo (actuellement Abderrahmane-Arbadji), ici et là de nombreux attentats et embuscades, à l'image de ceux de la rampe des Zouaves, rue du Maroc et rue Rovigo. Ayant appris qu'il est ciblé par l'armée coloniale, notamment après l'arrestation, au début 1956, du groupe Lettabi et Azzouz Kaddour qui décédera dans un accrochage, Noureddine Cherouati, dont le nom est cité par la presse coloniale et sentant que l'étau se resserre sur sa personne et certains «frères», dont certains ont fait l'objet d'arrestation et de tortures, redouble de vigilance. Demeurant à La Casbah, qu'il connaît comme sa poche, qui est quadrillée par la 10e division des parachutistes évaluée à 8 000 éléments auxquels s'ajoutent 1 500 gendarmes, Noureddine Cherouati est contraint de quitter Alger, d'autant que son nom est cité par haut-parleur. Il rejoindra le maquis des hauteurs de Blida, alors que l'armée coloniale exerce, sous les ordres du sanguinaire général Massu, une sévère répression à Alger, notamment à La Casbah où elle procède à de massives arrestations et à la torture dans les différents centres d'internement. C'est après l'attentat de la rue de Thèbes, à La Casbah, que les militants du FLN ont décidé de donner plus d'impact à leur action, en programmant des attentats dans la ville européenne. Sous les ordres des responsables du FLN, les militants de la Zone autonome d'Alger prirent la décision d'éliminer n'importe quel Européen âgé de 18 à 54 ans, épargnant les femmes, les enfants et les personnes âgées... «Très recherché par l'armée de Massu, mon père décide de s'éloigner de La Casbah, où il avait pourtant tous ses repères. Il rejoindra le maquis de la Wilaya 4, où il sera blessé au cours d'un combat à Tiberguent, sur les hauteurs de Blida. Il sera arrêté le 20 janvier 1959 et deviendra le compagnon de cellule de deux grands hommes : les colonels Zamoum et Bouguerra. Après la prison de Damiette, il connaîtra celles de Hadjout, Chlef, Paul-Cazelles, et les charges qui pesaient sur lui le destinaient à la condamnation à mort, qu'il évitera avec la proclamation de l'indépendance», dira le fils unique de Noureddine Cherouati, Rachid, qui est la photocopie de son défunt père. Ce dernier ajoutera : «Mon regretté père, qui s'est consacré corps et âme à son pays, à son indépendance, n'a pas cessé, durant toute sa vie, à parler des faux moudjahidine et des moudjahidine qui ont trahi les chouhada et les vraies valeurs du nationalisme.» Abdenour Belkheir