Dis-moi pour qui tu roules, je te dirai qui tu es. Cette constatation s'applique dans tous les domaines de la vie et a fortiori dans les fréquentations politiques engageantes. Les sympathisants et les soutiens de la résistance palestinienne, toutes nationalités confondues, se désolent de son état de délabrement. Face à une armée sioniste hyper-équipée, surtout profondément endoctrinée, la liste des morts palestiniens s'allonge chaque jour un peu plus dans un combat inégal. Le rapport de force, déjà déséquilibré au départ, ne fait que se renforcer en faveur de l'occupant sioniste. La création, en 1964, de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) sous la direction de feu Yasser Arafat, était une riposte à la « Nakba ». D'autres organisations, dont le Fatah, le FPLP de Georges Habache, Ahmed Jibril et Nayef Hawatmeh s'engagent résolument dans la résistance radicale et comptent à leur actif de nombreuses opérations, parfois spectaculaires. La poignée de main Yasser Arafat-Yitshak Rabin dans la foulée des Accords d'Oslo (1993) signe la fin des hostilités armées que doit assurer l'Autorité palestinienne ainsi créée. Ce qui n'entre pas dans les vues du Hamas et des héritiers de son fondateur, Cheikh Ahmed Yassin (assassiné sur son fauteuil de paraplégique par un missile d'un avion bombardier sioniste) pour qui tout accord avec l'Etat sioniste est une trahison. Cette grave fracture va mettre au grand jour les divisions entre les Palestiniens sur lesquels vont jouer les chefs sionistes, une autorité en Cisjordanie et une autre à Ghaza (365 km2, 1,8 million d'habitants). C'est la fin d'une époque de la résistance révolutionnaire. Désormais, le clivage Hamas-Autorité palestinienne devient profond, en dépit des tentatives de réconciliation. Si les responsables israéliens ont une sainte horreur du Hamas (avec lequel tous les ponts de communication ne sont pas rompus pour autant), leurs faveurs vont à Mahmoud Abbas, de son nom de guerre Abou Mazen. Arrivé au pouvoir en 2005, ce dernier, qui évoluait à l'ombre d'Arafat, croit aux vertus du dialogue et du règlement pacifique. Il dénonce les actions violentes du Hamas, lesquelles, pour lui, n'apportent que désolations et morts. C'est pourtant Hamas qui, aujourd'hui, symbolise la « vraie » résistance à l'occupant sioniste, dans la lignée des grands chefs palestiniens disparus. Modéré ou enclin à la compromission (ou à la soumission), Mahmoud Abbas offre l'image d'un vieil homme fatigué qui n'aspire qu'à vivre en paix, quel qu'en soit le prix. En lui toute velléité de lutte s'est assoupie. Cette mollesse lui vaut d'être soutenu à bout de bras par l'Etat sioniste qui est aux petits soins et le prend en charge quand il tombe malade. Il le lui rend d'ailleurs bien, lui n'a, à aucun moment, crié au scandale lorsque le Makhzen à « normalisé » ses relations avec l'occupant, de même que son ennemi juré, le Hamas. Les deux rivaux ne soufflent mot sur la crise diplomatique née des agressions marocaines répétées contre l'Algérie, ni sur les «déclarations de guerre» proférées par le ministre de la Défense sioniste, Benny Gantz, à partir du territoire marocain, chez qui il s'est rendu le 28 décembre dernier à Tel-Aviv, soit moins d'un mois après sa visite début du même mois à Alger. Bien que rien n'ait filtré de cette rencontre, Mahmoud Abbas a-t-il évoqué son séjour d'Alger (qu'il a quittée avec un gros chèque en poche) qui compte accueillir le 42e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement arabes en mars prochain ? L'avenir nous le dira. Brahim Taouchichet