Il est loin le temps où feu Yasser Arafat, fondateur de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) donnait l'accolade au Sahraoui, Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario. C'était lors des assises du Conseil national palestinien tenues en 1987 à Alger. Grande ferveur révolutionnaire ! Prémices de la connexion des jeunesses palestinienne et sahraouie dans leur combat pour l'indépendance. La même année, le Président sahraoui était reçu en grande pompe par le chef de l'Etat syrien, Hafedh El Assad, père de Bachar. Il est vrai que c'était dans les moments forts du Front du refus aux accords de capitulation de Camp David. Arafat et Abdelaziz se retrouveront de nouveau, en marge du sommet arabe d'Alger, en 2005. Quelques années plus tard (2009), Georges Habache du Front de libération de la Palestine (FPLP), connu pour ses positions contre toute concession à l'Etat sioniste d'Israël, se rendait dans les camps de réfugiés sahraouis. C'est autant de caution à la lutte du Front Polisario. De quoi faire rager le Makhzen, sonné par la tournure inattendue prise par son aventure de colonisation du Sahara Occidental. S'il est vrai qu'aujourd'hui le contexte des luttes palestinienne et sahraouie a radicalement changé, les causes objectives des deux conflits demeurent. Cela expliquerait peut-être les réactions tièdes des nouveaux responsables palestiniens, au demeurant dans les deux cas. La révolution palestinienne, au cœur de la résistance arabe, aurait-elle enfanté des pis-aller ? À telle enseigne, d'ailleurs, qu'ils se retrouvent débordés par une jeunesse palestinienne déterminée à en découdre avec l'Etat usurpateur, lequel ne fait aucune concession, voire reste prompt à noyer dans le sang toute remise en cause de son entreprise expansionniste. En effet, les nouvelles directions palestiniennes donnent l'impression de se complaire dans la politique politicienne, dans une étrange complicité avec leur ennemi. Au lieu d'avancer, la lutte pour la libération de la Palestine accuse un recul flagrant chaque année qui passe. Du reste, bien malin celui qui pourrait prévoir une sortie de ce drame qui dure depuis 1948. Réduite à des chamailleries entre quelques participants, à une lutte de leadership, la Ligue arabe est, depuis sa fondation, aujourd'hui, dans un piteux état, ne jouant plus qu'un rôle formel. En cela, elle rappelle la défunte SDN (Société des nations) qui sera remplacée par l'ONU à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au demeurant, des voix appellent à sa refondation vu son impuissance à régler les différends et les conflits entre les Etats. C'est aussi le cas de la Ligue des Etats arabes, placée sous la tutelle des pétromonarchies, qui cautionnent indirectement ou pas tous les abus des puissants sur les plus faibles. Il en est ainsi de l'occupation par le Maroc du Sahara Occidental, la répression féroce dans les territoires sahraouis. 45 ans après le retrait de l'Espagne, n'est-il pas légitime que la question soit inscrite à l'ordre du jour des délibérations de ce forum des pays arabes ? Rien n'est sûr, car la majorité de ses membres s'alignent sur la thèse marocaine. C'est-à-dire légitimant la colonisation et donc l'injustice historique faite au peuple sahraoui courageux. Au moment où De Mistura, émissaire de l'ONU, entame une tournée dans la région (pour la forme ?), le scepticisme est de rigueur quant aux résultats espérés dans le sens de la mise en application du droit à l'autodétermination réclamé depuis des lustres et reconnu par cette même organisation onusienne. Pendant ce temps, la ligue se complaît dans un « wait and see » hypocrite. En attendant d'éventuels échos du prochain sommet d'Alger ? Brahim Taouchichet