Georges Habache. Les révolutionnaires ne meurent jamais. Conversations avec Georges Malbrunot, aux éditions Fayard (collection Témoignages pour l'histoire). Paris. De notre bureau Ce livre est le résultat d'une centaine d'heures d'entretiens entre l'un des principaux dirigeants historiques de la révolution palestinienne, fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et un journaliste, Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, ex-otage en Irak. Dans le livre-mémoires qui est sorti quelques jours avant son décès, Georges Habache raconte un demi-siècle de sa vie fait d'errance, de clandestinité et de combats pour la cause palestinienne. Il évoque ses relations mouvementées avec les dirigeants arabes, ses rencontres avec Nasser, Hafez El Assad Saddam Hussein, Fidel Castro. De Houari Boumediène, Georges Habache raconte comment le président algérien avait, jadis, conseillé à Yasser Arafat, président de l'OLP, de calquer l'organisation du mouvement national de résistance palestinien sur le modèle du FLN et de liquider les dirigeants de toutes les autres factions palestiniennes, y compris ceux du FPLP. « Pour Boumediène, en effet, la lutte ne pouvait aboutir s'il existait des divisions entre nous. A l'image de la guerre d'Algérie et du FLN, il recommandait le parti unique, dirigé par une seule tête. » « Il changea ensuite de point de vue quand il comprit mieux ma position à la tête du Front populaire. » Boumediène décide de renforcer, à partir de 1975, les liens de l'Algérie avec le FPLP, selon son dirigeant. Georges Habache révèle qui sont les bailleurs de fonds, les fournisseurs d'armes du FPLP, comment celui-ci recruta Carlos, comment il décide de mettre fin aux opérations de détournements d'avions et de prises d'otages. Il s'explique sur les accusations de « terrorisme » portées contre lui et tous ceux qui luttent contre « une armée d'occupation ». Il condamne les violences perpétrées contre des civils innocents et exprime son rejet des attentats suicide. Il dit sa préférence pour des « opérations contre des cibles militaires » et des protestations de masse à l'exemple de la première intifada, à la fin des années 1980. Au nom de la lutte contre Israël et son protecteur américain, il s'allie avec le Hamas bien que ne partageant pas sa vision de la société. Sur l'avenir des relations entre Israéliens et Palestiniens, Georges Habache explique : « L'Etat israélien s'est construit sur les ruines du peuple palestinien. Nul ne peut le contester. Après une longue réflexion, j'en suis arrivé à la conclusion qu'un Etat démocratique et laïc était l'unique solution au conflit entre nous et les Israéliens. Un Etat où coexisteraient Juifs et Palestiniens, sur un pied d'égalité, tous ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs. » « L'exemple de la guerre d'Algérie nous donne de l'espoir », a ajouté Georges Habache. « Les Algériens se sont battus pendant cent trente ans face aux colons français ; et à la fin, ils ont réussi à arracher leur indépendance. Il n'y aura jamais de paix ni de cohabitation harmonieuse entre Juifs et Arabes en Palestine si l'on écarte cette solution d'un Etat démocratique laïc. »