Faudrait-il croire que l'on est en train de passer à un stade autrement supérieur que celui des longs balbutiements d'un marché financier où des agents à capacité de financement, des détenteurs de capitaux, et des agents à besoin de financement, notamment des entreprises, pourront enfin se rencontrer et ainsi donner vie pour de vrai à la Bourse d'Alger ? Première grande nouvelle : «La loi de finances 2022, dans son article 157, a levé un verrou qui figurait dans la loi sur la monnaie et le crédit et qui permet désormais l'introduction en Bourse d'une banque ou d'un établissement financier sans l'accord préalable du gouverneur de la Banque d'Algérie», a rappelé, pour ceux que cela a échappé, Yazid Benmouhoub, directeur général de la Bourse d'Alger, hier mardi, lors de son passage en tant qu'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Une disposition vieille de quelques semaines déjà, annoncée par le Premier ministre lorsqu'il faisait état de la décision des pouvoirs publics d'ouvrir le capital de deux banques publiques à travers le canal de la Bourse. La levée du verrou évoquée par le patron de la Bourse d'Alger est considérée par ce dernier comme « un coup de starter, un signal fort, de la part des autorités pour encourager toutes les entreprises à venir en Bourse ». Déjà, pour ce qui a jusque-là cours au petit marché de la Bourse d'Alger, M. Yazid Benmouhoub estime «très intéressants et très rentables» les taux de rémunération appliqués. «Aujourd'hui, avec les sociétés que nous avons en Bourse, le niveau de rémunération des placements se situe entre 6 et 11%, net d'impôts», a-t-il en effet expliqué. Et, précision qui s'imposait apparemment, le directeur de la Bourse a rassuré sur le fait que le marché des actions en Algérie est conforme à ce qu'exige la finance islamique. Après avoir confirmé l'introduction de deux banques publiques en Bourse, Yazid Benmouhoub s'est ensuite étalé sur les bienfaits d'une telle introduction et de ce qu'elle pourrait valoir pour les potentielles entreprises qui auraient la même idée. Se faire coter en Bourse est un moyen pour se frayer un chemin vers le marché international, a plaidé Yazid Benmouhoub qui assure, également, que cela donnera à l'entreprise «une meilleure image, d'une entreprise transparente où il y a de la bonne gouvernance». Dans son plaidoyer pour attirer les entreprises en Bourse, Yazid Benmouhoub n'a pas manqué d'appeler pour que s'impliquent « d'autres acteurs du financement tels que la Bourse et les fonds d'investissements» pour aider les banques à répondre aux besoins des entreprises en argent frais, les banques qui restent le principal pourvoyeur en capitaux et répondent à 80% des besoins. Mais, la chute des prix du pétrole depuis 2014 a eu pour impact de faire baisser la liquidité bancaire, a rappelé le directeur général de la Bourse d'Alger pour appuyer la «revendication» de multiplier les sources de financement pour les entreprises et l'économie en général. Azedine Maktour