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CE MONDE QUI BOUGE
Sahel, l�Alg�rie et les vis�es occidentales
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 10 - 2010


Par Hassane Zerrouky
La France �n�o-conservatrice� veut �isoler l�Alg�rie et lui �viter de jouer un r�le de leader ou de principale force� contre le terrorisme dans le Sahel. �L�isolement de l�Alg�rie permet de lever un obstacle majeur � la reconqu�te de la r�gion�, a assur� Lyes Boukra�, directeur par int�rim du Centre africain d��tudes et de recherche sur le terrorisme.
Isoler l�Alg�rie, mais c�est d�j� fait ! Ainsi, quand, tour � tour, Herv� Morin, ministre fran�ais de la D�fense, puis le chef d��tat-major de l�arm�e fran�aise, l�amiral Edouard Guillaud, assurent que Paris est �pr�t � engager des contacts avec Al-Qa�da�, n�est-ce pas une mani�re d��lever les chefs de l�Aqmi, qui sont apr�s tout des ressortissants alg�riens, au rang d�interlocuteurs de la France officielle en leur octroyant un statut de bellig�rant ! Au-del�, qu�a fait l�Alg�rie pour assumer ce r�le leader r�gional en mati�re de lutte contre l�Aqmi et pour s�curiser sa fronti�re sud ? Or, en ce qui concerne l��tat des lieux des pays sah�liens et de leurs r�gimes, nos diplomates, nos services en ont une parfaite connaissance. Le pouvoir politique en est parfaitement inform�. Reste que pour �tre entendu, et respect�, par nos voisins du Sahel, il ne faut pas se cantonner � invoquer l�unit� africaine, la coop�ration et le bon voisinage, encore faut-il que l�Alg�rie officielle n�entretienne pas le flou � l��gard du terrorisme islamiste, et fasse mine de croire qu�on peut en venir � bout � coups d�appels � la reddition et d�amnisties, tout en c�dant des espaces aux islamistes de tout poil ! Parce que quoi qu�on en pense, les pays du Sahel qu�on accuse de ne pas jouer le jeu voient bien que l�Alg�rie officielle n�est pas tout � fait claire sur ce sujet. Quant � l�Aqmi, que des chercheurs et sp�cialistes occidentaux pr�sentent comme une sorte d�arme de destruction massive mena�ant la stabilit� du Maghreb et l�ensemble sah�lo-saharien, c�est quoi au juste ? Ce n�est pas le GIA, responsable de dizaines de milliers de morts civils et militaires, d�assassinats de ressortissants occidentaux, du d�tournement de l�Airbus d�Air France, de la vague d�attentats � Paris en 1995. La strat�gie d�internationalisation du terrorisme �tait d�j� pr�sente dans la pratique de l�ex-GIA, avant que l�ex-GSPC ne la prolonge d�s l�ann�e 2000 en portant le djihad vers le Sahel. L�Aqmi, ce sont quelques centaines d�hommes, dont les chefs vivent reclus dans le nord du pays, et dont les actions terroristes sont loin d��galer en ampleur celles de l�ex-GIA, voire de l�AIS ! De mon point de vue, l�Aqmi est surtout l�expression du repositionnement d�un islamisme djihadiste � la recherche d�un second souffle dans un contexte de d�clin de la violence terroriste, compar�e � ce qu�elle �tait dans les ann�es 90 ! Encore faut-il une volont� politique pour la neutraliser. Cela dit, le Niger, o� a eu lieu le rapt des sept employ�s d�Areva, poss�de le deuxi�me gisement mondial d�uranium. Le fran�ais Areva, qui exploite les sites d�Arlit et d�Imouranem, est le premier producteur mondial. Et entend conserver cette place. Plus g�n�ralement, la r�gion sah�lo-saharienne, qui regorge de richesses mini�res (phosphate, or, uranium, fer, mangan�se, zinc, cuivre, diamant, charbon, p�trole), attise la convoitise des grands groupes internationaux : outre Areva, Anglo American Corporation, BHP, Gencor, Ashanti Goldfields, Barrick Gold, Rand Gold sont d�j� � pied d��uvre au S�n�gal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Mauritanie. Le Sud alg�rien, proche du Sahel, est �galement dans leur viseur. Ce qui fait que le contr�le de cet ensemble sah�lo-saharien est au c�ur des pr�occupations de Paris et de ses alli�s depuis d�j� quelques ann�es. Et de ce point de vue, l�activisme de l�Aqmi tombe � point nomm� pour l�gitimer le discours s�curitaire occidental et la strat�gie qui va avec. Ainsi, depuis l�av�nement de l�Aqmi en 2007, l�UE et les �tats-Unis consid�rent que les enjeux de s�curit� dans cette r�gion ne doivent pas �tre consid�r�s comme un facteur interne � chaque Etat, mais appr�hend�s dans un environnement plus large allant du sud au nord de la M�diterran�e. C�est le sens du texte adopt� par le sommet de l�UE de f�vrier 2010 dit de strat�gie de s�curit� internationale, de la d�claration du sommet UEMaroc de Grenade de mars 2010, et du projet Africom am�ricain (sorte d�Otan pour l�Afrique) pr�n� par Washington. En r�sum�, si le terrorisme au Sahel constitue bien une menace, il n�en reste pas moins qu�en lui conf�rant une dimension qu�il n�a pas, l�Occident l�instrumentalise � des fins de domination g�ostrat�gique.


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