Tomber de rideau sur les assises de la santé. Les recommandations issues de la rencontre sont désormais entre les mains du président de la République, en attendant leur mise en pratique. Le chantier est immense, au regard du nombre de réformes qu'il faudra mener pour garantir un système de santé où la gratuité des soins n'est pas accompagnée de médiocrité des services. Pour y arriver, les participants aux assises recommandent de changer radicalement le système de gouvernance, de réfléchir à d'autres sources de financement, et de mettre le facteur humain au cœur du changement. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le constat était établi depuis longtemps, il l'a été fait une fois de plus à l'occasion des assises régionales : le système de santé ne peut plus continuer à fonctionner avec le même mode de gestion. À l'unanimité, les participants s'accordent à dire que la bonne gouvernance sera la clé de réussite de la réforme promise. La centralisation à outrance, l'actuel mode de financement du système, la gestion de la ressource humaine sont à revoir. Comment ? Maintenant que les recommandations devant servir de base à la réforme sont prêtes, il faudra attendre la feuille de route du ministère de la Santé pour savoir lequel des chantiers sera jugé prioritaire. Les participants aux assises ont, quant à eux, déjà montré la voie en élaborant une série de recommandations dans laquelle ils demandent la création d'une fonction publique spécifique au secteur, mais surtout une décentralisation des décisions pour une plus grande souplesse. Ils estiment nécessaire d'élaborer un code des marchés publics qui prenne en compte les spécificités de la santé, mais également d'élaborer une carte sanitaire qui soit en adéquation avec les particularités de chaque région. Pas de clivage privé-public, recommandent les participants. Bien au contraire, les deux secteurs doivent rester complémentaires, alors que le financement tel qu'il est aujourd'hui est appelé à évoluer vers une plus grande diversification des ressources. Des pistes sont avancées, à l'image de la création des fonds dédiés à la prise en charge des conséquences des pandémies, des taxes sur la pollution, ainsi que le renforcement de la participation efficace des collectivités locales au financement du système de santé. Le parcours des malades étant souvent chaotique et sans traçabilité, les participants aux assises émettent des recommandations allant dans le sens de la réorganisation des soins, en apportant des modifications au niveau de la réglementation du parcours des soins du malade, en créant des centres d'accueil pour le tri et l'orientation des malades et le renforcement du rôle du médecin référent. L'amélioration de la prise en charge des malades passe, disent-ils, inévitablement par la numérisation du dossier administratif et médical du malade. Pas de réforme sans amélioration des conditions socioprofessionnelles des corps de la santé. C'est pour cette raison que les participants ont recommandé que l'ensemble des statuts particuliers des différents corps du secteur de la santé soient revus, ainsi que la publication des textes d'application prévus dans la loi sanitaire de 2018. La première doléance a été prise en charge, puisque le président de la République a annoncé la révision des statuts avant la fin de l'année en cours. Les participants à l'atelier sur la «Formation et valorisation des ressources» ont évoqué la question du service civil, de l'activité complémentaire, mais également de la formation, appelant à une révision des programmes de formation, au réajustement des programmes de formation et l'établissement des critères normalisé pour l'ouverture des places pédagogiques, mais également l'instauration de la formation continue. Autres points soulevés pour réformer le système de santé, la création d'un service de contrôle sanitaire au niveau des frontières, ainsi que l'intégration de l'éducation sanitaire dans les programmes scolaires, le renforcement du rôle des comités communaux de la prévention, mais également la numérisation du parcours des médicaments et des équipements médicaux pour éviter le gaspillage. N. I.