La période de doute induite par l'apparition du variant Omicron n'est plus qu'un mauvais souvenir pour les pays producteurs de pétrole et les investisseurs. Pour la quatrième semaine de suite, les prix des deux barils de référence mondiale atteignent des niveaux inattendus il y a deux mois. Serions-nous devant un prélude à une flambée des prix du pétrole ? Des analystes le croient, le craignent même, en mettant en avant, d'une part, le fait que le variant Omicron ne soit pas de taille à enrayer la machine économique, donc la demande de pétrole, et d'autre part, les difficultés qu'éprouvent des pays producteurs membres de l'Opep+ à atteindre leur quota imparti dans les accords entérinant depuis plusieurs mois maintenant des augmentations de production jugées «modestes». Ainsi, vendredi, sur les trois principaux marchés mondiaux, les cours du pétrole ont grimpé à leurs plus hauts niveaux depuis deux mois et demi. Le baril de Brent a clôturé à 86,06 dollars alors que celui du WTI affichait 83,82 dollars, soit des gains respectifs sur la semaine de plus de 5% et 8%. Des niveaux de prix que les grands consommateurs ne soupçonnaient pas, eux qui escomptaient influer sur l'offre et la demande, comme c'est le cas de la Chine qui a annoncé récemment la libération de pétrole de ses réserves pour «noyer» le marché d'or noir. Il faudrait comprendre qu'en temps normal, comme s'évertuait à l'expliquer un spécialiste américain vendredi, une annonce de la Chine selon laquelle elle libérerait du brut de ses réserves stratégiques ferait baisser les prix du pétrole, mais ce ne sont pas des temps normaux et le rebond pétrolier s'est poursuivi. Une menace, donc, ignorée par les investisseurs dont les intérêts ont été raffermis par les confirmations au jour le jour d'une production de l'Opep+ plus faible que prévu, de problèmes d'approvisionnement en Libye et des faibles stocks mondiaux, américains notamment. Et puis, il y a cette donne qui fait les affaires des investisseurs sur le marché pétrolier, mise en exergue par une rédactrice d'un site américain spécialisé. «Le dollar connaît sa pire baisse hebdomadaire depuis plus d'un an, faisant du pétrole brut libellé en dollar un actif plus attrayant pour les détenteurs de devises étrangères. Cela pourrait entraîner une baisse encore plus prononcée des stocks de pétrole brut aux Etats-Unis», estime-t-elle. En tous les cas, le sentiment de nombreux analystes est qu'il y a suffisamment de demande mondiale croissante pour absorber toute augmentation de l'offre de pétrole, malgré les menaces de la Chine qui a planifié de libérer ses réserves stratégiques entre la fin du mois de janvier et la première semaine de février. Une menace «coordonnée» avec les Etats-Unis et d'autres grands consommateurs pour faire baisser les prix mondiaux. Azedine Maktour