Quatre semaines plus tard, il donne encore froid dans le dos, le chiffre, parmi d'autres, livré par le gouverneur de la Banque d'Algérie. Avec 9.3%, le taux d'inflation sur une année enregistré jusqu'à la fin octobre 2021, il y a de quoi craindre que soient contrariés certains axes de la feuille de route établie par le gouvernement dans le cadre des réformes économiques. Le pouvoir d'achat de plusieurs millions d'Algériens dépend des revenus de l'Etat, garant du maintien d'une politique sociale héritée d'un temps où les problèmes économiques n'étaient d'aucune commune mesure avec ceux dans lesquels se débat le pays depuis plusieurs années maintenant. Par ces temps de déficits en tous genres des finances de l'Etat, elle devient quasi insupportable la politique sociale des subventions généralisées dont le coût, bon an mal an, tourne autour de 10% du PIB. Si, depuis plusieurs années, l'inflation a été plus ou moins bien maîtrisée, elle s'avère depuis quelque temps «étouffante», s'accélérant en pleine pandémie pour atteindre 4,1% en moyenne annuelle en juin de l'année dernière en raison de la combinaison de plusieurs facteurs jusqu'à atteindre, donc, l'inquiétant 9,3% sur une année au mois d'octobre dernier. Une accélération du rythme de l'inflation qui, il faut le souligner, ne touche pas que l'Algérie. En effet, il est désormais bien établi qu'il est réel le risque que l'inflation connaisse en 2022 une hausse qui a tout pour être historique, à commencer dans les pays dominants. Le ton est donné aux USA où les prix n'ont pas été aussi élevés depuis une quarantaine d'années. Selon les derniers chiffres les plus fiables, elle en était à 6,8% en novembre, alors qu'elle était à pratiquement 5% dans la zone euro. Ce sont surtout les pays du sud de l'Europe, c'est-à-dire parmi les principaux partenaires commerciaux de l'Algérie, qui inquiètent le plus. L'Algérie ne pouvant se permettre le luxe de se renfermer sur elle-même poursuivra dans ses relations commerciales, l'importation pour être plus juste, avec ses partenaires occidentaux, là où les prix sont en train d'être impactés par un tas de dérèglements dus aux bouleversements induits par la pandémie. «Les marchés ne sont pas entièrement convaincus par la thèse d'un ralentissement de l'inflation à très court terme», constatait un éditorialiste économique pour contredire les prédictions de la Banque centrale européenne qui table sur une baisse de l'inflation à 2 %. Il faut dire que pratiquement tous les analystes économiques sont «frappés» par le mouvement d'augmentation d'un tas de produits, dont ceux que l'Algérie importe, comme les céréales et les produits alimentaires divers, tel que le relève l'Organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans son bulletin d'information du 6 janvier dernier où il a été indiqué, entre autres, que les prix mondiaux des produits alimentaires ont connu une hausse de 28,1% en 2021 par rapport à l'année d'avant. Ainsi, les prix des céréales, sur l'année 2021, ont atteint des pics jamais vus depuis une dizaine d'années. Les prix du maïs et du blé ont respectivement progressé de 44,1 et 31,3% par rapport à leurs moyennes de 2020, principalement en raison d'une forte demande et d'un resserrement des disponibilités, en particulier chez les principaux exportateurs de blé. L'explication est évidemment toute trouvée : les dérèglements induits par la pandémie sur les chaînes de valeur mondiales, sur les coûts de production, de transport. Ce qui impacte directement à la hausse le prix des produits lorsqu'ils arrivent au consommateur, malgré le soutien de l'Etat, comme cela s'est vu pratiquement tout au long de l'année écoulée. Et le risque que cela perdure est évident du moment que la production locale pour une longue liste de produits ne suit pas la demande d'une part, et en raison de la hausse des prix des intrants à l'international, d'autre part. Ceci sans parler de la pente empruntée par le dinar qui fera que les produits autant que les matières premières importés coûteront encore plus cher. Il faut rappeler que le cadrage macroéconomique retenu par le gouvernement pour la loi de finances table sur un taux d'inflation de 3,7% pour cette année. Azedine Maktour