L'Algérie tient bien le rôle qui lui est dévolu sur le marché mondial des céréales, du blé notamment. C'est ce qui s'est vérifié, encore une fois, ces derniers jours, lorsqu'il a été fait état de plusieurs contrats passés par l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC), sur les marchés européens, le français plus singulièrement, pour faire honneur à son rang de client majeur, en compagnie de la Chine. La tendance de certains pays producteurs de ne pas mettre tout leur blé sur le marché, de crainte de lendemains incertains par ces temps où la pandémie de Covid-19 s'est remise à causer des ravages, la «fièvre acheteuse» des Chinois, et les stocks mondiaux en baisse, sont trois principales parmi toutes les causes qui font grimper le cours du blé sur l'ensemble des marchés majeurs des matières premières alimentaires, les grains principalement, depuis le début de l'année 2021. Un constat partagé par pratiquement l'ensemble des spécialistes des marchés qui établissent des perspectives largement à la hausse des prix, une hausse qui atteint des niveaux record depuis l'été dernier pratiquement. Depuis près de huit ans que le blé européen n'avait pas atteint la barre des 230 euros/tonne, et l'année qui vient de commencer n'augure en rien une tendance inverse, les indicateurs étant favorables à une envolée comme lorsque la Russie, un des principaux producteurs mondiaux, a décidé d'instaurer une taxe à l'exportation de blé, d'abord à 25 euros la tonne du 15 au 28 février, puis du début mars à la fin juin la taxe sera de 50 euros la tonne. Ceci afin de préserver le marché local et juguler autant que possible l'inflation. Une conjoncture qui ne rebute pas pour autant les habituels pays importateurs, la Chine en tout premier lieu donc, pour le maïs principalement, mais également l'Algérie pour le blé. La tendance haussière du prix du blé a toutefois connu un bémol le week-end dernier, au moment où plusieurs sources, des observateurs spécialistes du marché, ont fait état de l'achat par l'Algérie de 600 000 tonnes de blé pour livraison en mars à un prix de 313 dollars la tonne. «Les origines retenues devraient être européennes, dont la majorité française et peut-être une partie argentine», a affirmé le cabinet Agritel, jeudi dernier. C'est, en fait, sur les derniers jours du mois de janvier, lorsque les prix ont commencé à se tasser quelque peu, que l'Algérie a refait incursion sur le marché du blé, notamment français et argentin, blé devenu très compétitif par rapport au russe notamment. «En deux semaines, l'OAIC a ainsi contractualisé un peu plus d'un million de tonnes !» a confié un expert sur un site d'information spécialisé de l'Hexagone, qui s'extasiait du fait que l'essentiel des volumes de blé acquis par l'Algérie vient d'Europe, de France notamment. Ainsi, l'Algérie reste sur sa lancée de l'année dernière et surtout celle d'avant, en 2019, lorsqu'en septembre de cette année-là, notre pays est devenu le premier importateur de blé à partir des pays de l'Union européenne, selon les statistiques du cabinet S&P Global Platts, le spécialiste dans l'information et l'analyse des marchés des produits de base et des hydrocarbures. Selon cette source, l'Algérie a dépassé l'Arabie Saoudite au rang de premier importateur de l'Union européenne, donc, après avoir acheté entre le 1er juillet 2019 et le 8 septembre de la même année, un total de 671 671 tonnes contre 568 452 importées par les Saoudiens. L'Algérie, malgré tous les programmes mis au point depuis plusieurs années pour booster les cultures céréalières, demeure un importateur majeur de blé, avec des pays comme l'Egypte et l'Indonésie. Selon les statistiques les plus récentes, nous consommons annuellement plus de 10 millions de tonnes de céréales, alors que la production locale ne serait en mesure de satisfaire qu'aux alentours de 30% de la demande. Azedine Maktour