Dans les quatre coins du globe, le pouvoir politique est disputé à coups de batailles rangées, de meurtres, de coups fourrés ; la fin justifiant les moyens. Le pouvoir militaire est vécu diversement d'un peuple à un autre, accepté ou viscéralement rejeté d'une civilisation à une autre. Au premier rang des pourfendeurs des militaires au pouvoir, l'Occident qui les habille du vêtement de dictateur, de fasciste. Parce qu'il se met en porte-à-faux de la démocratie, mère des libertés. Cependant, il faut bien admettre que la prise du pouvoir par un dictateur n'est pas le résultat d'un seul homme, quelles que soient ses ambitions. Les foules mises à mal par une situation économique catastrophique, mues par l'aspiration à une vie meilleure, sont en attente du «Sauveur». A l'évidence, c'est dans la nature de l'Homme. Pourtant, le système mis en place finit par confisquer tous les rêves, devient une machine incontrôlable, fait prisonnier y compris son principal créateur. Führer en Allemagne nazie, Duché dans l'Italie fasciste de Mussolini, Raïs en Egypte, Guide suprême des ayatollahs. Il en est de même en Libye, en Syrie, en Corée du Nord. C'est parfois un civil qui usurpe la tenue kaki comme c'est le cas pour Saddam Hussein, chef du parti Baath. Longtemps en Amérique latine, les militaires ont «régimenté» la vie des populations qui finissent par être modelées selon l'idéologie où se mêlent populisme, nationalisme mais qui occultent les réels enjeux politiques et économiques. Dans le sous-continent américain, ce sont les multinationales américaines qui font et défont les équipes en place. Fortes, car elles assurent protection jusqu'à une certaine limite (rappelons-nous Somoza au Nicaragua), Mobutu Sese Seko de l'ex-Zaïre, chassés par une explosion insurrectionnelle. Il reste toutefois, que ce serait un malheureux raccourci que de considérer la prise de pouvoir par les militaires seulement sous le prisme des démocraties occidentales, traumatisées par les Hitler et les Mussolini, voire Franco d'Espagne qui a noyé dans le sang les insurgés républicains. Souvent présenté par la propagande occidentale comme un personnage loufoque, le colonel Kadhafi n'en assurait pas moins le rôle de stabilisateur d'une société tribale. C'est sans commune mesure avec les rêves de grandeur de Hitler, Mussolini, Saddam Hussein... Ces aventuriers, prisonniers d'eux-mêmes, de leur idéologie, font ressortir toute la dimension destructrice de la dictature militaire. Ils partagent tous un trait commun : leur taille qui ne dépasse pas le 1,70m. Le général Franco : 1,63 m ; le Nord-Coréen Kim Jong-il : 1,60 m ; Staline et Napoléon : 1,68 m, etc. Mais toute simplification de l'exercice du pouvoir militaire peut fausser sa compréhension et pousser à l'amalgame. Pour certains historiens et sociologues, c'est un mal pour un bien. Ajoutons, néanmoins, à condition d'en sortir ! Chez nous, exaspérés par moult dysfonctionnements dans la vie sociale, civique, certains pensent nécessaire, au moins dans une période transitoire, une dictature éclairée qui remettrait de l'ordre. Que dire alors de la situation catastrophique en vigueur dans les pays post-dictature. Proches de nous, la Tunisie, la Libye. La réalité des pouvoirs en kaki serait autre au Mali et peut-être en Guinée. Sauf que c'est là un autre cas d'espèce du fait du jeu de la France qui s'évertue – par les moyens diplomatiques et militaires, l'espionnage, la corruption – à installer aux commandes de ses ex-colonies des hommes à elle, en dépit de leur tendance à mettre au pas la société dans son ensemble. Comme quoi, ce qui n'est pas bon là, l'est ici ! Brahim Taouchichet