Je l'écoute parler et j'oublie les clivages et les haines qui opposent les humains les uns aux autres. Peu importe que l'évasion ne dure que le temps d'une courte rencontre. La diversité que Zahia Ziouani a choisie pour monter son orchestre lui aura permis d'apprivoiser d'autres cultures. De s'ouvrir à d'autres émotions et d'approcher des musiques aux sons intensément jouissifs ! Le jazz, l'opéra, l'andalou, le classique universel... Elle parle de la musique classique comme d'un art d'excellence et elle offre aux autres, sans faire de distinction entre l'origine ou l'extraction sociale des talents en herbe qu'elle approche, le privilège de côtoyer cette excellence. Pour avoir la certitude de ne devoir de reconnaissance qu'à son talent, Zahia Ziouani a monté son propre orchestre. Avec des musiciens qui lui ressemblent, qui portent en eux le noble sentiment de s'ouvrir à autrui sans exiger de lui ou d'elle de montrer patte blanche. Autant d'hommes que de femmes pour un ensemble issu de la diversité et qui va vers cette dernière pour s'enrichir à son contact. Une formation qui se produit partout. Dans les grandes et petites salles, dans les grandes capitales et les petites villes, et même dans les prisons. Parce que le monde carcéral compte, lui aussi, entre ses murs des artistes en herbe ou qui s'ignorent. Avoir l'occasion de partager le même oxygène que respirent autant ceux qui trônent en haut de l'échelle sociale que ceux qui n'y ont pas accès, mais apprécient, tout autant, sinon plus, les moments que leur offrent des musiciens qui ne regardent pas à l'origine, au sexe ou au quartier dans lequel ils se produisent. La diversité aide à évoluer autrement que dans un prisme aseptisé. De l'autre côté de la réussite, on réussit aussi ! Comme partout ailleurs, il y a les quartiers réservés à la promotion sociale et ceux où s'entassent les échecs en tous genres. Mais de ceux-là, aussi, émergent des pépites qui contredisent les vérités établies par ceux que la concurrence indispose, quand elle est portée par la différence. En temps de déprime absolue, n'écouter que les voix positives et amicales relève de la thérapie. M. B.