Episodiquement, reviennent au-devant de l'actualité nationale d'étonnantes inquiétudes et de troublantes colères sur l'avenir scolaire et éducatif de nos enfants. Régulièrement, un débrayage des enseignants de quelques jours suffit à soulever le tollé. Parents soucieux que le «programme» de l'année ne soit pas terminé, «associations» qui agitent l'année blanche comme la fin des haricots et justice déclarant la grève illégale parce qu'elle menace la scolarité des enfants... Depuis quelque temps, la crise sanitaire y a ajouté une couche. Perturbations dues aux réaménagements des cours, fermetures périodiques et inquiétudes sur la santé des personnels et des enfants suscitent çà et là des réactions pas toujours lisibles. Le kit des fausses indignations suscitées par de faux problèmes ne manquait déjà pas de consistance, le voilà qui prend du volume. Qu'on ne s'y méprenne pas pour autant. En l'occurrence, il ne s'agit pas de soutenir que la contestation corporatiste est de la plus haute vertu et souvent, l'impopularité des grèves scolaires n'est pas volée. Il est plutôt question de revenir sur les questions ou plutôt «la» question de fond de l'école algérienne. Bien sûr, il ne s'agit pas d'évacuer la discussion sur les problèmes ordinaires qui rythment son existence physique et son fonctionnement formel. Ce n'est jamais lucide de reporter les questions de fait sous prétexte que c'est dans les ambitieux - et lointains - projets que tout se réglera. Le pays en a souvent souffert. Il est plutôt question d'éviter que ces problèmes liés au quotidien de l'école ne viennent polluer - en le retardant ou pire, en le déviant - le seul débat et la seule revendication qui vaillent l'attention : il faut que l'école algérienne soit restituée à sa véritable vocation d'espace d'acquisition des connaissances et de formation à la citoyenneté. Non seulement ce n'est pas acquis mais l'institution éducative est plutôt dans la trajectoire inverse. Ce sera difficile de redresser la tendance mais le jeu en vaut la chandelle. Une année scolaire difficile à rattraper ? Voyons, le retard est ailleurs et il est beaucoup plus préoccupant que ça. S. L.