Dans le jargon journalistique, il s�agit l� d�un �marronnier �. C�est-�-dire un th�me �cul� et sans grande originalit� par le fait m�me dont l��v�nement se reproduit � date fixe. Commenter par cons�quent une rentr�e scolaire fait, en principe, partie de ce lieu commun. Un exercice impos� saisonni�rement � la presse et qui n�aurait qu�un int�r�t relatif, � moins que� � moins que derri�re une tradition �tablie, certains signaux indiquent que tout n�est pas paisible. Celle qui eut lieu en Alg�rie lundi dernier porte justement en elle les m�mes inqui�tudes que les pr�c�dentes ; comme en t�moigne la manifestation pr�coce des intendants de lyc�es et coll�ges. C�est que l��cole alg�rienne a, depuis deux d�cennies, cess� d��tre l�oasis pr�serv�e que l�on connaissait. Aux ravages doctrinaux, dont elle souffre toujours d�ailleurs, se sont greff�es les revendications corporatistes. Et c�est la persistance de cette double menace qui inqui�te d�sormais les parents d��l�ves. Car, d�une ann�e � l�autre et de reconduction en reconduction de la m�me th�rapie, la crise de l��cole s�amplifie au lieu de se r�sorber. Au fil des r�formes, officiellement engag�es en 2003, tout se d�fait tant au plan p�dagogique que dans la relation de l�administration avec le corps enseignant. Des �checs qui ont culmin� en 2009-2010 avec 14 semaines de gr�ve et un baccalaur�at au rabais. Le sinistre, pourtant diagnostiqu� 20 ans auparavant, va donc continuer � faire des victimes ailleurs dans le palier sup�rieur. L�universit�, destinataire de t�tes mal d�grossies, devra encore se contenter de reconduire le m�me corpus p�dagogique sans souci de l�excellence et avec pour seule pr�occupation d�accompagner vers la sortie des promotions de vrais-faux dipl�m�s. Le syst�me �ducatif en est, h�las, toujours l� en septembre 2010. La grande r�forme, dont les parents d��l�ves appellent de leurs v�ux depuis longtemps, reste � faire. Contrairement � ce qu�affirmait le ministre Benbouzid avec un aplomb d�concertant et une mauvaise foi �vidente �les fruits� de son bidouillage sont rabougris. Et les dipl�mes alg�riens ne sont que des �peaux d��ne� d�cot�es dans la bourse internationale des comp�tences. Autant la somme des demi-mesures inflig�es � l��cole cr�a de l�incoh�rence, autant le recours aux demi-v�rit�s, en mati�re de gestion, alimenta la contestation syndicale. Or, c�est de cette partie visible de l�iceberg scolaire que l�on peut appr�cier � sa juste valeur l�action publique. Incapable de s�parer les probl�mes et de s�appuyer sur des �tudes d�impact pour chacun d�eux, l�administration en charge de l��ducation nationale est de toutes parts d�sign�e du doigt. Un ministre-griot qui s�auto-d�cerne des satisfecit apr�s qu�il eut rat� toutes ses m�diations lors de la crise scolaire 2009/2010, est-il encore cr�dible ? Certes il n��tait pas le seul � en �tre responsable sauf qu�en qualit� d�interlocuteur qualifi� du pouvoir dans ce domaine, c�est � lui que s�adressent toutes les critiques. Ministre, dont la long�vit� � ce poste demeure une �nigme, il serait, pour cette raison, l�un des rares parmi ses pairs � toujours obtemp�rer scrupuleusement aux directives du sommet et ex�cuter les feuilles de route. En somme son action, ou plut�t ses pesanteurs refl�tent fid�lement les d�sirs et la volont� du pouvoir s�agissant de l��cole alg�rienne. C�est, dit-on dans les cercles du pouvoir, qu�il poss�de le profil id�al de l�emploi, celui, justement, de suivre les humeurs et pas les dossiers. Originale vocation et rarissime comp�tence, n�est ce pas ? Avant lui, peu de ministres ont exerc� une aussi longue tutelle sur l��cole. Taleb El Ibrahimi, �litiste � contre-courant de l�id�ologie de l��poque, ou bien Kharroubi, et sa d�sastreuse �cole fondamentale, constituaient des r�f�rences avant que ne v�nt Benbouzid. Entre ces rep�res l��ph�m�re passage de Lacheraf, d�fenseur du bilinguisme que l�on sacrifia sur l�autel de l�int�grisme linguistique, est peut-�tre le seul � susciter des regrets dans le souvenir des marchands d�alphabet. C�est dire qu�� l�exception de ces personnalit�s, les autres ministres ne furent que des m�t�ores. Ternes commis d�Etat, aucun de ceux-l� n�a remodel� l��cole car, la volont� politique s�y est chaque fois oppos�e afin de conforter des a priori doctrinaux. Le syst�me �ducatif, tributaire des enjeux et des rapports de force plus fortement aujourd�hui qu�� l��poque de la pens�e unique, d�cline qualitativement � mesure que la pression d�mographique augmente en termes de demande. En passe de devenir une �cole qui forme des analphab�tes, elle est d�sormais per�ue comme une poudri�re. Une situation pr�occupante qui, pour le pouvoir, justifie son refus d�aller � sa refondation radicale. Les compromis p�dagogiques (� l�exemple de la cohabitation entre instructions religieuse et civique), en se multipliant dans le corpus de l�enseignement, illustrent parfaitement l�ind�termination politique. Ainsi, un acte de gestion courante d�un ministre, d�s l�instant o� il concerne l��cole, remonte imp�rativement jusqu�au sommet de l�ex�cutif pour arbitrage � la suite de pressions des lobbies int�ress�s. Otage perp�tuelle des ob�diences id�ologiques (courant conservateurs et religieux), elle est un observatoire efficace de la gouvernance de l�Etat. Or, celle-ci est non seulement en panne d�id�es et en d�ficit de volont�, mais de plus, elle cultive une surdit� dangereuse � l��gard de la demande sociale. D�ici � ce que l��cole devienne le laboratoire de toutes les col�res et de tous les soul�vements, il n�y a d�sormais qu�un couac de trop et quelques allumettes � port�e des indignations pour que l�incendie ait lieu. C�est que l�on ne veut pas reconna�tre que la cohorte des d�class�s et des adolescents, en rade, ne cesse de grandir dans ce pays !