Avec ses 35 milliards de dollars de recettes sur l'année 2021, Sonatrach a su tirer son épingle du jeu bien que, pour beaucoup d'analystes, n'était la nature des contrats qui lient la compagnie nationale à ses partenaires, elle aurait pu tirer encore plus du très perturbé marché mondial du GNL. Mais pas de quoi faire la fine bouche sur ce qui a été accompli dans la commercialisation et la passation, ou le renouvellement, de contrats durant l'année 2021. «Sonatrach a signé de nouveaux contrats de partenariat et renouvelé ceux qui étaient sur le point d'arriver à leur terme avec ses partenaires traditionnels, en particulier l'Italie et l'Espagne», écrivait, hier, la compagnie nationale sur sa page Facebook au titre des réalisations de l'année 2021, qui a pris les contours d'une année charnière. Elles ne sont peut-être pas visibles à l'œil nu, mais elles se sont fait grandissantes les pressions afin que Sonatrach s'oriente un peu plus ouvertement vers les marchés spot des hydrocarbures, afin de profiter un peu plus des possibilités qu'offrait et offre encore jusque-là la commercialisation du très demandé GNL. Faisant fi des conseils en tous genres, Sonatrach s'est attelée à conclure des contrats qui sortaient de l'ordinaire dont les trois paraphés en octobre dernier avec un partenaire turc, après deux années de négociations, pour un projet d'usine de production de polypropylène en Turquie. Un projet d'une importance majeure telle que le Président turc a brillé par sa présence lors de la signature des trois contrats y afférents, le premier ayant trait à la réalisation du projet dans toutes ses étapes, de l'ingénierie à l'équipement en passant par la construction et la mise en service. Le second contrat traite des travaux de maintenance périodiques des matériels et équipements, alors que le troisième concerne le volet vente et commercialisation. Le projet en question, d'un coût de 1,7 milliard de dollars et dont la Sonatrach détient 34% sera financé à 70% par des banques internationales. Le second contrat rappelé par la publication de la compagnie nationale, hier, n'est sans doute pas moins important, d'autant que c'est sans doute le tout premier contrat majeur conclu sous la nouvelle loi sur les hydrocarbures. En effet, en décembre dernier, Sonatrach et son vieux partenaire italien Eni ont conclu leurs pourparlers par un contrat de partage de production dans les hydrocarbures, pour un projet de 1,4 milliard de dollars, en plus d'un accord stratégique pour la coopération dans le domaine de l'énergie renouvelable. Le contrat, écrivait la compagnie dans un communiqué diffusé à la fin de 2021, couvre une superficie totale de 7 880 km2 dans la partie sud du bassin de Berkine où les deux partenaires opèrent déjà depuis près d'une dizaine d'années. Quant au plan de développement du projet Berkine Sud, il prévoit la réalisation de travaux d'exploration et de développement en mode «fast track», afin de réduire les délais nécessaires pour la production et la commercialisation en synergie avec les installations existantes au niveau des champs de Menzel-Ledjmet et également par le recours aux filiales de Sonatrach pour la réalisation des travaux dans le cadre de la promotion du contenu local, expliquait Sonatrach. L'investissement permettra de produire 45 000 barils de pétrole par jour. Ceci en plus des contrats et memoranda passés avec Occidental Petroleum et Total pour le bassin de Berkine, avec Shell pour la commercialisation et l'environnement ainsi que les Norvégiens d'Equinor et les Chinois de Sinopec dans l'exploration et la production. Un florilège d'exemples de contrats qui, en définitive, renseigne sur le redéploiement de la compagnie nationale notamment dans l'amont après plusieurs années de «vaches maigres» qui ont valu à l'entreprise qui sert de locomotive pour l'économie du pays quoi que dise le discours prônant l'affranchissement vis-à-vis des hydrocarbures. Des contrats qui confortent la stratégie maintes fois rappelée de Sonatrach qui s'est engagée, pour les cinq prochaines années, dans un programme ambitieux de 40 milliards de dollars, dont 51% en dinars, qui concerne plusieurs gisements. Il s'agira, entre autres objectifs, de dynamiser la production nationale, notamment avec la mise en production de nouveaux gisements dans les régions sud-ouest et sud-est. Ces unités de production permettront, d'une part, de répondre aux besoins croissants du marché local – qui pourraient atteindre 70 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) à partir de 2024 – et, d'autre part, de maintenir un niveau d'exportation supérieur à 90 millions de TEP par an. Azedine Maktour