Les prévisions des spécialistes, sont en train de se confirmer. Le retour d'un baril à 100 dollars est plus que jamais d'actualité. Les institutions financières parmi les plus crédibles l'évoquent avec insistance. Goldman Sachs s'attend à ce qu'il affiche 100 dollars à partir du 2e trimestre de 2022. Les prix du pétrole brut pourraient s'envoler à 125 dollars le baril en 2022 et à 150 dollars en 2023, estime pour sa part la banque d'investissement, JP Morgan dans son rapport des perspectives 2022, intitulé Preparing for a vibrant cycle. Morgan Stanley s'attend à ce qu'il atteigne les 100 dollars au second semestre de 2022. Les cours de l'or noir pourraient cependant les franchir plus tôt que prévu. L'hypothèse est plausible au vu de la hausse remarquable dont ils ont fait preuve. À titre d'exemple, le prix du Brent a bondi de plus de 17%, depuis le début de l'année, alors que sa progression annuelle a atteint près de 60%. Ce qui l'a propulsé à son plus haut niveau depuis plus de 7 ans. Vers 13h15, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, référence du pétrole algérien, affichait 92,90 dollars soit 1,79 de plus que la séance de jeudi. À New York, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en mars, gagnait 1,88 dollar à 92,15 dollars. Les deux références du Brut dont l'écart s'est sensiblement réduit sont galvanisés par des géopolitiques qui font planer des perturbations sur l'offre, alors que la demande s'annonce plus robuste que jamais. «Le soutien est venu des tensions géopolitiques persistantes autour de la crise ukrainienne», assure Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy. La situation s'est exacerbée depuis que les Etats- Unis ont affirmé détenir des preuves montrant que la Russie envisage d'attaquer l'Ukraine. «La Russie projette bel et bien une action agressive envers l'Ukraine. Nous ne savons pas si le président Poutine a pris la décision sur l'invasion. Nous savons qu'il est en train de mettre en place la capacité de le faire», a déclaré le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. À ces bruits de bottes s'ajoute une vague de froid au Texas qui «alimente les craintes de pannes de production dans le bassin permien, la plus grande zone de schiste des Etats-Unis», indique Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. Il faut rappeler que l'an dernier, des tempêtes hivernales avaient paralysé les puits de pétrole. Des cyberattaques qui ont pris pour cibles des installations portuaires en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique, sont un autre fait marquant qui ont participé à l'emballement des prix de l'or noir. Cette série de piratages informatiques, qui a commencé, il y a plusieurs jours, concerne en premier lieu des terminaux pétroliers, ce qui perturbe les livraisons dans plusieurs grands ports, a indiqué un courtier spécialisé établi à Rotterdam (Pays-Bas). La baisse globale des investissements dans l'industrie pétrolière est estimée à environ 1000 milliards de dollars au niveau mondial, depuis 2013, a affirmé de son côté l'expert pétrolier, Mourad Preure, qui n'a pas écarté des risques d'approvisionnements du marché et un choc «haussier» des prix du brut. «la hausse des prix du pétrole, ces derniers jours, est due notamment à la reprise vigoureuse de la demande mondiale, mais aussi au désinvestissement dans le secteur des hydrocarbures, depuis 2013 qui a reculé de plus de 1000 milliards de dollars au niveau international», a-t-il déclaré, jeudi dernier, sur les ondes de la Chaîne 3. Comment interpréter la décision de l'Opep+ d'augmenter sa production de 400000 b/j et de maintenir inchangée la stratégie de son offre? Les pays de l'alliance ont envoyé un signal fort au marché par le respect de la discipline issue du consensus d'Alger en 2016, a affirmé l'auteur de France Algérie. Le grand malentendu qui a recommandé une nouvelle stratégie qui fera de l'Algérie un acteur actif de transformation des ressources et non uniquement comme exportateur. «La puissance pétrolière des pays producteurs ne réside plus dans les niveaux des réserves et de production. Elle réside dans la compétitivité et le pouvoir innovant de leurs compagnies pétrolières et énergétiques nationales», a souligné Mourad Preure, qui a appelé à donner au groupe Sonatrach les moyens pour qu'elle puisse se déployer hors du territoire national.