Les prix du pétrole ont poursuivi, hier, leur hausse toujours soutenue par une demande solide et une offre de pétrole brut restreinte, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes en Ukraine et au Moyen-Orient. Le prix du baril de brent a dépassé le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis octobre 2014. Plusieurs grandes banques, dont Morgan Stanley et Goldman Sachs s'attendent désormais à ce que le brut dépasse 100 dollars le baril ou plus (120 dollars le baril pour Bank of America d'ici l'été), indique l'IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans son dernier "tableau de bord" sur les marchés pétroliers. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 21 janvier 2022 prévoit un prix moyen de 74,0 dollars le baril pour cette année. L'Ifpen rappelle que les rapports mensuels de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et de l'OPEP ont confirmé que malgré l'explosion des cas de Covid-19 dans le monde, la demande de pétrole restait forte. Globalement sur l'année, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 3,3 mb/j pour atteindre 99,7 millions de barils, proche des niveaux d'avant-crise en 2019. Du côté de l'offre, l'AIE indique, qu'en décembre, la production mondiale de pétrole n'a augmenté que de 130 000 barils par jour pour atteindre 98,6 millions de barils par jour, compte tenu, notamment d'une augmentation plus faible que prévu de la production des pays de l'Opep, qui a augmenté de 190 000 barils jour, bien en deçà des 400 000 barils par jour annoncés. "Les difficultés de l'Opep à rétablir sa production reflètent en partie une baisse importante de sa capacité de production de réserve", estime l'Ifpen. L'une des raisons de cette baisse de la capacité de réserve est le déclin des investissements dans l'exploration et la production pétrolières ces dernières années. "Si la relation entre les prix du brut et la capacité de réserve de l'Opep n'est pas directe, les périodes de faible capacité de réserve sont souvent corrélées à des prix plus élevés, et vice versa, car les opérateurs sont soit confiants, soit inquiets quant à la quantité d'offre disponible en cas de crise", explique l'Institut de recherche français. Ce dernier rappelle, que "le pétrole brut a atteint un niveau record de près de 140 dollars le baril en 2008, à un moment où les capacités de réserve de l'Opep étaient particulièrement basses". Cette remontée des prix du pétrole constitue une bouffée d'oxygène pour l'Algérie, la balance commerciale et le solde budgétaire de l'Etat étant très dépendants du niveau du prix du pétrole et vulnérable à ses fluctuations. Le cadrage macroéconomique et financier de la loi de finances 2022 a retenu un prix fiscal du baril de pétrole autour de 45 dollars le baril sur la période 2022-2024. Le prix du marché du baril de pétrole brut a été retenu à 50 dollars le baril pour la même période. Faute de pouvoir réduire substantiellement la dépense publique ou de renforcer les prélèvements au titre de la fiscalité ordinaire, le seul indicateur susceptible d'influer réellement sur le déficit du budget est le niveau des exportations d'hydrocarbures et, en conséquence, celui de la fiscalité pétrolière. L'Algérie devrait tirer le meilleur parti de cette envolée des prix pour entreprendre des réformes graduelles et en profondeur. L'expérience ayant démontré que les réformes structurelles sont plus digestes socialement et moins coûteuses politiquement lorsque le pays dispose d'une marge de manœuvre budgétaire lui permettant de choisir le rythme qui convient aux besoins particuliers du pays.