Le Parlement libyen siégeant à Tobrouk (Est) s'apprête à choisir ce jeudi un nouveau chef du gouvernement en remplacement de Abdelhamid Debeibah, une démarche contestée par ce dernier et jugée «secondaire» par les partenaires étrangers de la Libye. Deux candidats ont été retenus pour cette séance de vote, à savoir l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha, 59 ans, et Khaled Al Bibass, 51 ans, un ancien haut fonctionnaire au même ministère. Le Parlement libyen, initiateur de cette démarche, a retenu les deux candidats qu'il a auditionnés lundi, sur une liste de 7 postulants. Selon le président de la Chambre des représentants du peuple, Aguila Salah, «la désignation d'un nouveau gouvernement est motivée par le fait que le mandat du gouvernement de Debeibah a expiré après l'échec de la tenue des élections du 24 décembre». Pour Abdelhamid Debeibah, qui a été désigné le 5 février 2021 par les membres du Forum du dialogue politique libyen (FDPL), sous l'égide de l'ONU, à la tête du gouvernement de transition devant céder le pouvoir après la tenue des élections, «la démarche du Parlement est illégale et est la résultante des tractations d'une classe politique rompue aux complots et qui ne cherche qu'à dominer». «Cette classe politique qui a dominé le pays pendant de longues années continue à émettre des décisions à la Chambre des représentants du peuple et à falsifier des décisions sans aucun contrôle», a déclaré Debeibah mardi, soulignant que «l'objectif de cette classe n'est autre que de semer la division politique, ainsi que le chaos dans le pays». Debeibah a affirmé, à cet égard, qu'il ne fera de passations qu'«avec un gouvernement élu et qu'il continuerait à diriger le gouvernement jusqu'à la tenue des élections», notant qu'«il n'y a qu'une seule phase de transition». «Nous n'autoriserons pas de nouvelles phases de transition et n'abandonnerons pas notre rôle au sein du gouvernement jusqu'à la tenue des élections. Le Gouvernement d'unité nationale continuera à travailler jusqu'à la passation de pouvoir à un gouvernement élu», a assuré M. Debeibah dans un discours télévisé. La Libye, qui devait organiser le 24 décembre dernier l'élection présidentielle conformément à la feuille de route arrêtée initialement par le FDPL, a dû reporter cette échéance à une date ultérieure en raison de la non-réunion des conditions de sa tenue. Réconciliation et consensus nationaux, la première priorité Pour le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Al-Manfi, la première priorité en ce moment en Libye, ce n'est pas la désignation d'un nouveau gouvernement, mais plutôt la réussite du chantier de la réconciliation nationale, soulignant qu'il reste «à équidistance» de toutes les parties et institutions libyennes. «Le problème actuel est juridique et constitutionnel, et il doit être résolu le plus tôt possible», a noté, en outre, M. Al Manfi, lundi, en marge de sa rencontre avec le chef de la mission de l'Union européenne (UE) à Tripoli, Jose Sabadell. S'exprimant dans le même sens, M. Sabadell a déclaré que «l'UE tient plutôt actuellement à prioriser une reconstruction globale dans le pays qui favorisera la réconciliation, l'unité et la stabilité en Libye». Pour sa part, la conseillère spéciale du SG de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, a déclaré lundi depuis Rome, où elle était en visite, que le plus importent actuellement en Libye est dœuvrer à atteindre un consensus national et international. «Le consensus national et international est très important pour l'aboutissement d'un processus politique global», a-t-elle insisté. De son côté, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a réitéré la semaine écoulée lors des entretiens avec son homologue libyenne Najla Al-Mangouch à Addis-Abeba, «le soutien indéfectible et permanent de l'Algérie aux Libyens», soulignant l'«importance d'œuvrer à booster le processus de réconciliation nationale libyenne, qui est à même de renforcer l'unité nationale et de préparer le terrain afin d'aboutir à un consensus sur les questions de désaccords entre les frères libyens». APS