L�Etat est-il pas en mesure de faire respecter l�ordre et d�appliquer la loi � S�tif ? Tout porte � croire que non et pour cause, des commer�ants sans aucun scrupule imposent leur diktat et d�fient l�autorit�. L�affaire peut para�tre des plus banales mais elle d�montre la d�liquescence de l�Etat. L�affaire de la cit� K�rouani ou cit� des Abattoirs n�a cess� de faire couler de l�encre depuis des ann�es et a largement contribu� � entacher la cr�dibilit� de l�Etat et � faire dispara�tre la crainte r�v�rencielle due � son �gard. En voulant mettre de l�ordre et r�glementer le commerce de gros des produits alimentaires, les autorit�s de la wilaya de S�tif se sont retrouv�es enchev�tr�es dans une situation inextricable. Ainsi, en voulant d�localiser le march� de produits alimentaires sis � la cit� K�rouani dans le but de mettre fin au calvaire quotidien des centaines de familles, les autorit�s de la ville de S�tif ont c�d� aux commer�ants, et � un prix symbolique, une immense parcelle de terrain pour y construire des locaux commerciaux et cr�er un v�ritable march� de gros des produits alimentaires. Mais � la place des fonds de commerce, les commer�ants y construisent d�immenses et somptueuses b�tisses. En effet, des R+1 jusqu�� des R+3 ont vu le jour avec de grands garages que les commer�ants utilisent en tant que d�p�t de stockage de leurs marchandises sans toutefois d�m�nager de leurs anciens commerces. Mises devant le fait accompli, les autorit�s locales ne font que constater les d�g�ts sans r�agir. Les habitants de la cit�, pour leur part, ne savent plus � quel saint se vouer, eux qui ne comprennent pas l�inertie et le silence des autorit�s locales devant le diktat des commer�ants. Pour mieux comprendre cette affaire rocambolesque, revenons un peu en arri�re. La cit� K�rouani (du nom du promoteur immobilier) appel�e actuellement cit� des Abattoirs, situ�e en plein centre-ville de S�tif sur le c�t� sud, �tait jadis une cit� promotionnelle o� il faisait bon vivre. Les S�tifiens �taient, � l��poque, pr�ts � d�bourser des sommes importantes pour pouvoir pr�tendre � un logement qui offrait toutes les commodit�s. Calme, s�r�nit�, haut standing� tels �taient les privil�ges des centaines de familles propri�taires. Mais un jour, tout bascula au grand dam de ces habitants. Et pour cause, les locaux commerciaux situ�s au bas des immeubles ont �t� tous c�d�s � des commer�ants sp�cialis�s dans la vente en gros des produits alimentaires. La belle cit� s�est donc transform�e en un laps de temps tr�s court en un v�ritable souk o� toutes les transactions sont permises. D�s lors, chaque jour, � l�aube, les habitants vont assister � un d�ferlement sans pr�c�dent de gros camions venus charger ou d�charger leurs marchandises. Le vaet-vient de ces v�hicules de gros tonnage avec leur bruit assourdissant ne cessera qu�� la nuit tomb�e. Une situation qui donne l�impression d��tre dans un port en milieu urbain. Les habitants vivent un v�ritable calvaire. Leur cit� sera envahie par la boue en hiver, et la poussi�re en �t�. A chaque fin de journ�e, les ordures laiss�es par les commer�ants constitueront le d�cor de cette cit�. �Ce calvaire dure toute la semaine et particuli�rement le vendredi. L�espace entre les b�timents est devenu la propri�t� du souk : on d�pose de tout. Notre tranquillit� est bafou�e. Imaginez que nous ne pouvons ni ouvrir nos fen�tres � cause de la poussi�re ni recevoir quelqu�un pendant la journ�e. Si une personne doit �tre �vacu�e en urgence, on doit attendre l�apr�s-midi. Souvent, nous ne trouvons aucun endroit o� garer nos voitures, surtout la matin�e. L�association de notre cit� a saisi toutes les autorit�s comp�tentes (wali, chef de da�ra, pr�sident de l�APC) mais h�las le probl�me perdure toujours. Une seule initiative a �t� prise par un ex-pr�sident de l�APC de S�tif en interdisant l�acc�s aux v�hicules de plus de 2,5 t ; malheureusement, son application n�a dur� qu�une quinzaine de jours�, ont affirm� les habitants de la cit�. Devant cet �tat de fait, les autorit�s locales de la wilaya de S�tif ont d�cid� de r�agir, il y a quelques ann�es, afin de mettre fin au calvaire v�cu par les centaines de familles en optant pour la d�localisation de ce march� de gros. A cet effet, les services de la wilaya ont d�gag� une assiette fonci�re, situ�e � une centaine de m�tres de leurs lieux d�activit�, qu�ils ont vendue aux commer�ants � un prix symbolique en vue d�y construire des fonds de commerce et d�m�nager. Mais la r�alit� fut tout autre. En l�absence d�un contr�le rigoureux et strict, l�assiette destin�e � contenir les commerces des grossistes en produits alimentaires a �t� tout simplement d�tourn�e de sa vocation initiale par ces m�mes commer�ants. �Qu�allons-nous faire maintenant ? La situation dans notre cit� devient de plus en plus critique. Alors que les commer�ants s�adonnent librement � leurs activit�s, c�est nous les propri�taires qui payons les pots cass�s. La valeur de nos logements a chut� de moiti� sur le march� immobilier, et d�ailleurs personne ne songe � venir s�installer dans une cit� pareille. Alors que les grossistes, eux, se la coulent douce en vivant dans un endroit calme et serein offert par l�administration locale. La question qui se pose actuellement est comment l�administration a-t-elle d�livr� des permis de construire de villas alors que le terrain �tait destin� � accueillir uniquement des fonds de commerce ? Pourquoi les autorit�s locales ne r�agissent pas alors qu�il y va de la cr�dibilit� de l�Etat ?� s�interrogent les habitants d�pit�s.