03 Avril 2010 La cohorte tente, en vain, de forcer les rideaux des magasins et balance des injures, vulgaires et provocatrices, à l'endroit des résidants, résignés à entendre, en famille, des insanités qui feraient rougir les moins scrupuleux. Des dizaines de jeunes ont semé la panique, dans la nuit d'avant-hier, dans plusieurs quartiers de la wilaya d'Alger. Aux environs de minuit, une masse humaine a traversé les routes de La Casbah criant, invectivant et défiant tout sur leur passage. La peur était telle que les habitants de plusieurs cités populaires sont tirées de leur sommeil, effrayées, par des voyous en furie que rien ne pouvait arrêter. A des centaines de mètres, on entendait déjà, les vociférations accompagnées d'altercations entre ces individus. Plusieurs automobilistes, de crainte que leurs voitures soient saccagées, se sont précipités, en pyjama, à l'extérieur pour déplacer leurs véhicules dans des lieux sûrs. Des mamans se sont mises à pleurer craignant que leurs enfants, retardataires, ne soient lynchés. Arrivés à la rue Amar Ali, à La Casbah, la cohorte tente, en vain, de forcer les rideaux des magasins et balance des injures, vulgaires et provocatrices, à l'endroit des résidants, résignés à entendre, en famille, des insanités qui feraient rougir les moins scrupuleux. Au bout de dix minutes, la troupe de petites frappes et de roitelets, rois dans leur royaume, s'estimant en terrain conquis, poursuit sa marche vers d'autres quartiers. «Mais appelez la police !» demandait une femme. «Les voilà, ils les observent mais n'interviennent pas» lui répondait un homme d'un certain âge. En fait, les services de l'ordre suivaient la progression du groupe, ils échangeaient des informations par talkie-walkie mais sans bouger le petit doigt. A 10h30 min, un autre groupe a été signalé au niveau du boulevard Victor Hugo, à Alger- Centre. Il s'agissait d'une vingtaine de jeunes, «munis d'armes blanches et de gourdins qui voulaient se venger suite à l'agression d'un des leurs dans une autre cité» croit-on savoir. A Réghaïa, vers 21 heures, toujours dans la nuit de jeudi à vendredi, le quartier Segna a été le théâtre d'une confrontation entre jeunes de cette cité populaire et ceux de la cité DNC. Les deux bandes étaient munies aussi de sabres, couteaux et barres de fer. Personne ne s'est interposé et les habitants se sont réfugiés dans leurs maisons de crainte de représailles. Il s'agit «de voyous» et «ils ne sont pas à leur première bataille livrée à l'intérieur des quartiers» apprend-on auprès d'un habitant. La loi de la jungle ! L'insécurité au niveau de la wilaya d'Alger ne cesse de s'accentuer, malgré le dispositif sécuritaire déployé. La petite criminalité a atteint son point de non-retour. Mais le plus alarmant, est le phénomène «des bandes de quartiers» qui connaît une recrudescence inquiétante. Le pire vient d'être évité de justesse à La Casbah. «Si les jeunes des quartiers étaient intervenus pour arrêter ce groupe de gangsters, la confrontation aurait tourné au drame» nous dira un habitant. Le mois d'octobre dernier, une bataille a opposé les jeunes des quartiers des Trois horloges à ceux de la cité Carrière Jobert, dans la commune de Bab El Oued. Des blessés ont été enregistrés parmi les deux groupes, des véhicules et des locaux commerciaux saccagés. La confrontation s'est reproduite une autre fois, à Bab El Oued, plongeant les habitants dans l'horreur. Et pour cause, certains évoquaient des règlements de compte entre vendeurs de kif, alors que d'autres parlaient de tension dans la répartition des espaces commerciaux sur les trottoirs et espaces publics. Interrogé à ce sujet, le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, a indiqué, il y a quelques mois, en marge d'une session de l'APW, qu'il s'agit de «quelques jeunes animés d'un sentiment de vengeance». Il a néanmoins préféré ne pas évoquer les raisons de ces confrontations entre bandes de quartiers. Et il n'a proposé aucune solution pour délivrer les simples citoyens du diktat de ces gangs qui, décidément, défient l'Etat et imposent leur loi au sein des quartiers populaires. Aomar F