La c�r�monie de la comm�moration du 40e jour du d�c�s du penseur et chercheur Mohammed Arkoun a �t� organis�e, samedi dernier, par sa famille � Beni Yenni, plus exactement au village Taourirt-Mimoun qui l�a vu na�tre le 1er f�vrier 1928. Et comme les jeunes des Ath Yanni ont toujours �t� les porte-flambeaux de l�h�ritage culturel, intellectuel et artistique de leurs a�n�s, ils ont fait de cette c�r�monie une occasion pour rendre hommage � l�un des meilleurs fils de Beni Yenni qui, � l�instar de Mouloud Mammeri et de beaucoup d�autres noms, ont, par leurs travaux de recherches, leurs productions et leurs �uvres, perp�tu� notre histoire et notre patrimoine culturel et ont contribu� � l�enrichissement de la pens�e humaine universelle, et gr�ce � eux aussi, le village Taourirt- Mimoun ne sera jamais La colline oubli�e. Ainsi, pour rendre hommage � ce professeur �m�rite et penseur qu�est Mohammed Arkoun, les jeunes d�Ath Yanni ont �lu domicile � l�espace culturel Mouloud-Mammeri o� un programme de pr�sentation et de vulgarisation de l�humaniste et de son �uvre a �t� organis�. M�me avec la d�fection de Rachid Bellil et Youcef Nacib, pr�vus dans le programme pour donner des communications sur l��uvre de Mohammed Arkoun, l�assistance, venue nombreuse dans la salle, n�est pas rest�e sur sa faim puisque d�autres conf�renciers, et pas des moindres, ont r�pondu au �devoir d�hommage et de t�moignage�. MM. Slimane Hachi, le chercheur anthropologue et directeur du mus�e du Bardo, Gana Mammeri, animateur de l��mission �Adrar nnegh� (notre montagne) sur la cha�ne de t�l�vision berb�re BRTV et Abdeslam Cheddadi, un universitaire chercheur du Maroc, celui-l� m�me qui a lu l�oraison fun�bre l�ors de l�enterrement de Mohammed Arkoun, � Casablanca (Maroc), le 17 septembre dernier. Avant l�intervention des conf�renciers, une projection vid�o a �t� diffus�e � l�assistance sur les diff�rentes interventions et conf�rences du professeur Arkoun dans les h�micycles et les universit�s � travers le monde (France, Canada, Berlin, Liban�). Cette projection a permis aux pr�sents de d�couvrir, pour la plus part, la valeur intellectuelle et morale d�un humaniste et de comprendre aussi, � travers son discours, ses id�es et ses analyses critiques et constructives pour la pens�e sociale et humaine, pourquoi des hommes de cette stature sont ignor�s dans leur pays par un syst�me politique bas� sur le clanisme, le sectarisme et les dogmes archa�ques et r�trogrades. Un pouvoir qui convoquent les faiseurs de fetwas � la demande, au d�triment des gens de lumi�re et de la pens�e moderniste et ouverte sur le monde universelle, faisant de la compr�hension et de la tol�rance un hymne d�espoir pour un monde plus humanis�. C�est ce qu�ont essay� d�ailleurs d�expliquer les conf�renciers � travers leurs interventions qui ont toutes port� sur l�ouverture d�esprit de Mohammed Arkoun et son �uvre qui traite de la philosophie, de l�Islam de tol�rance, de la politique et de l��panouissement des soci�t�s. Un homme qui, en 1952 et � peine �g� de 26 ans et une licence en langue et litt�rature arabes en poche, s�est distingu� �dans l�assembl�e du village par une position en faveur de la condition des femmes�, avait d�clar� M. Gana Mammeri, qui soulignera la pertinence de l�homme d�j� en avance � l��poque sur sa soci�t�, �o� il �tait interdit de prendre la parole sans l�aval du chef de la tribu�, dira-t-il. Cet aspect particulier chez Mohammed Arkoun, M. Slimane Hachi le r�sume par cette qualit� qu�ont �les grands hommes de projeter leurs id�es vers le lointain�. En faisant le parall�le avec la disparition de cheikh Mohand Oulhocine et l�Amusnaw Mouloud Mammeri, alors qu�ils sont toujours pr�sents parmi nous gr�ce � leur h�ritage, Slimane Hachi dira que Mohammed Arkoun, 40 jours apr�s son d�c�s, �c�est l�histoire qui se r�p�te�, �Matchi dhelmuth iguemouth, dhaghabi ig-ghab sithmurth-a (Ce n�est pas qu�il est mort, il s�est juste absent� de ce pays)�, pour inviter son auditoire � mieux conna�tre l��uvre du savant qui, elle, restera �ternelle et avec elle son auteur, concluant par : �Il est parti de ce village, il a conquis le monde et il est revenu � sa terre maghr�bine avec un parcours fait d�humanisme.� M. Abdeslam Chaddadi a abond� dans le m�me sens en mettant en valeur la port�e de l��uvre de Arkoun sur la soci�t� et l�importance de la faire savoir aux g�n�rations pr�sentes et � venir, soulignant le grand attachement du penseur et �son r�ve d�un grand Maghreb des peuples, uni avec ses valeurs ancestrales, sa culture, son identit� et son Islam de tol�rance et de paix�. Et, comment mieux r�sumer le r�ve maghr�bin de Mohammed Arkoun, que son enterrement en terre marocaine : �Ici aussi, c�est chez lui�, a d�clar�, avec �motion et les larmes aux yeux, M. Chaddadi. Avant de quitter les Ath Yenni, les pr�sents ont �t� invit�s � un d�jeuner traditionnel offert par la famille Arkoun dans la maison qui a vu na�tre celui qui, par sa pens�e et son �uvre, aura marqu� son temps d�une empreinte d�humanisme et laiss� � la post�rit� une �uvre riche de plus de 15 publications sur la philosophie, la pens�e islamique, l�humanisme arabe et tant d�autres travaux traduits dans plusieurs langues. Il a re�u plusieurs titres et distinctions honorifiques par les grandes universit�s du monde.