De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed Les correspondants � l��tranger de la Radio Cha�ne III ne d�col�rent pas. Certains titres de la presse alg�rienne ont rendu compte de leur courroux et de leur indignation qu�ils ont exprim�e dans un communiqu�, suite aux pratiques honteuses de leur direction � leur �gard. Que s�est-il pass� et comment, ceux qui travaillent pour cette radio publique, vivent actuellement cette situation ? Pour le savoir, nous avons approch� deux journalistes alg�riens en France : Samia Baba-A�ssa, qui a exerc� pr�s de sept ans � la Cha�ne III, � Alger, et poursuivi, en tant que correspondante, pendant 3 ans, � partir de Paris. Arezki Belmokhtar est, quant � lui, l�actuel correspondant de la Cha�ne III, apr�s avoir assur� cette fonction aussi pour la Cha�ne II : deux journalistes professionnels qui connaissent parfaitement leur radio et qui nous �voquent cette situation ubuesque, incompr�hensible. Depuis le 3 septembre, rien ne va plus entre les correspondants de la Radio Cha�ne III � l��tranger et leur direction � Alger. C�est par un mail que ces derniers ont appris � cette date un changement dans le syst�me de r�mun�ration, nous apprend Arezki Belmokhtar, rompant ainsi, brusquement et unilat�ralement les dispositions contenues dans les conventions ant�rieures qui r�gissaient leur relation de travail. On leur apprenait par ce mail qu�ils ne seront plus r�mun�r�s forfaitairement mais seraient pay�s � la pige et seulement si le papier envoy� par le correspondant est effectivement diffus�. La diffusion � l�antenne rel�ve naturellement de la direction de la cha�ne et peut ob�ir � des contraintes d�espace, d�actualit�s plus imm�diates ou encore de choix de derni�re minute de la direction de la cha�ne et qu�elle n�a pas � justifier. C�est �scandaleux, m�prisant et irrespectueux�, s�indigne Arezki Belmokhtar. Mais avant ces nouvelles mesures, quelles �taient les conditions de r�mun�ration et de travail des correspondants de la radio ? C�est Samia Baba-A�ssa (connue aussi par la signature de Nadia Bey) qui nous r�pond : �Je ne suis plus la correspondante de la Cha�ne III (elle est salari�e � Radio Moyen-Orient sur laquelle elle r�alise et anime un rendez-vous quotidien), mais je me sens particuli�rement r�volt�e par ces nouvelles mesures. Comment peut-on, non seulement prolonger une situation et renforcer encore cette pr�carit� faite � des correspondants, � des journalistes qui ont toujours port� la couleur de l�Alg�rie et celle de la radio ?� Ainsi, nous apprend Samia, le correspondant de la Cha�ne III �tait pay� 25 000 DA par mois, autrement dit moins de 250 euros. �Nous n�avions droit, pr�cise-telle encore, � aucune fiche de paie, ni � aucun remboursement de frais : nos communications t�l�phoniques, nos abonnements presse et internet, notre transport et les frais g�n�r�s par les rencontres de personnalit�s que nous invitions pour interview, par exemple, nous les payions de notre poche, et n��taient pas du tout rembours�s par la direction. C�est dire toute la cr�dibilit� dont nous manquons aupr�s de nos interlocuteurs.� Arezki Belmokhtar confirme cela et va plus loin encore : �N�ayant pas de bureau, nous devions utiliser les bureaux des jobs que nous faisions pour raison alimentaire ou pour beaucoup travailler dans les cybercaf�s. Nous devions effacer les mails que nous �changions avec la radio�, sinon on risquait de perdre ce job pour utilisation frauduleuse de moyens. L�un comme l�autre des deux journalistes nous apprennent qu�ils n�avaient m�me pas acc�s au fil de l�APS et encore moins � un autre fil d�agence �trang�re. Pendant ce temps, les confr�res et cons�urs de l�Agence de presse alg�rienne ou ceux de la t�l�vision b�n�ficient de moyens de travail tout ce qu�il y a de plus normal et c�est tant mieux : des bureaux, un bon salaire, un appartement en partie pay� par l�entreprise, du mat�riel, en fait de tout ce qui est indispensable au bon fonctionnement et bon traitement de l�information par les correspondants. �Un correspondant radio revient quatre fois moins cher que le correspondant TV.� Comment, s�indignent ces journalistes, peut-on permettre ce traitement deux poids, deux mesures ? Pourtant, soulignent-ils, la radio, comme l�APS et la t�l�vision rel�vent toutes du secteur public. Cela est d�autant plus incompr�hensible, pour Samia, que �nous sommes dans un pays o� l�importance num�rique de la communaut� alg�rienne ; celle des relations historiques, diplomatiques, �conomiques et politiques entre les deux pays, g�n�rent un flux d�informations tr�s grand qu�il faut traiter journellement�. Parfois, plusieurs envois par jour. Les deux journalistes ne peuvent s�emp�cher d��voquer les moyens d�ploy�s par d�autres cha�nes �trang�res � telles que la Tunisie 7, Medi 1, Al Arabiya, El Jazeera� pour ne citer que les cha�nes arabes dont les journalistes, nombreux pour chaque cha�ne, disposent, par ailleurs, de moyens identiques � ceux des confr�res des pays europ�ens et am�ricains. Il s�agit �d�une v�ritable discrimination � des correspondants par leur direction, nous dit encore Samia qui s�offusque de ce traitement et du fait que la d�cision de septembre dernier, non seulement ne r�gle pas le probl�me du statut du correspondant revendiqu� depuis longtemps, mais maintient et renforce encore sa pr�carit�. Pour Samia Baba-A�ssa, cette situation d�absence de statut, d�acceptation de salaire minable et d�absence totale de moyens, elle l�a accept�e et beaucoup d�autres confr�res avec elle, � une p�riode dure que vivait l�Alg�rie � la d�cennie noire. Il nous fallait d�fendre co�te que co�te le pays, rendre compte de ce qu�on en disait ici et informer quelles que soient les conditions. C��tait notre contribution, mais aujourd�hui, qu�est-ce qui justifie cette pr�carit� ? S�rement pas la situation financi�re du pays d�autant que des confr�res de m�dias publics tout comme l�ENRS ne sont pas log�s � la m�me enseigne : �On ne comprend plus.� Arezki comme Samia nous apprennent que la direction de leur radio conna�t la situation depuis longtemps. Pour Samia Baba-A�ssa, l�ancienne direction de la radio, � qui elle avait personnellement �voqu� le probl�me de pr�carit� et de manque de statut, s��tait engag�e � le r�gler, malheureusement, dit-elle, au moment o� l�ancien directeur devait tenter d�apporter une solution, l�on a chang� de direction. Pour Arezki, apr�s la derni�re d�cision de septembre, il aurait �crit au patron � Toufik Khelladi � avec copie � Chedli Bouferoua, mais, � ce jour, aucune r�ponse, c�est �insultant pour nous�. Mais comment explique-t-on cette situation ? Samia la r�sume ainsi : �On a l�impression que l�on n�a pas saisi l�importance que rev�t la radio, un m�dia chaud, de proximit� et de tr�s forte audience partout dans le monde�, sinon comment peut-on encore traiter ses acteurs ainsi ? Arezki pense, quant � lui, que cela rel�ve du m�pris mais surtout de l�absence totale de politique d�information et surtout de strat�gie, ce qui explique le bricolage actuel.