De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed Plan de r�organisation ou encore de restructuration : ces doux euph�mismes sont convoqu�s par tous les patrons qui s�appr�tent � remercier en douce une partie de leurs salari�s. Sur un effectif de 70 salari�s, les responsables de la station arabe priv�e de la famille Hariri, Radio Orient, s�appr�tent � en licencier plus de la moiti�. �C�est la mort programm�e de cette station� si des d�cisions ne sont pas prises, nous dit le journaliste alg�rien Djillali Benchikh (syndiqu� CFDT) qui travaille dans cette radio depuis 12 ans. Le journaliste nous explique le pourquoi de cette gr�ve qui se prolonge depuis mi-novembre, et qui avait �t� pr�c�d�e le 14 novembre dernier d�une manifestation des salari�s devant les portes de la propri�t� parisienne des Hariri � Paris. C�est bien la premi�re fois que cette radio se trouve face � un gr�ve et une contestation de cette ampleur. En fait, les propri�taires, nous explique Djillali Benchikh, ont d�cid� de rogner sur le budget de la station pour mettre fin � sa situation financi�re peu reluisante. Au lieu de s�attaquer aux raisons essentielles qui ont men� � cette situation, ils ont choisi �de se d�barrasser � de ceux qui ont fait cette station, qui lui ont donn� sa place dans le paysage radiophonique qui s�adresse � la population arabe install�e en France. En fait, explique notre interlocuteur, si Radio Orient conna�t aujourd�hui une situation financi�re d�plorable, ce n�est pas le fait des salari�s de la station mais de l�absence de management de la bo�te, le r�sultat d�une gestion pour le moins mauvaise des responsables mis � la t�te de cet organe d�information. Comment, s�interroge-t-il, peut-on d�cider de diviser par deux le nombre de journalistes alors que le gain en masse salariale n�est pas l� mais dans des postes de direction dont l�existence, pour certains, dans l�organigramme ne se justifie m�me pas. Ce sont les salaires de ces derniers qui ont amen� la cha�ne � cette situation catastrophique. Le bon sens et la logique �l�mentaire auraient voulu dit-il, que l�on commence d�abord � toucher les 18% de salari�s, essentiellement au niveau du staff, qui touchent 40% de la masse salariale de la station. De plus, alors qu�il s�agit d�un m�dia, les membres de ce staff ne se font pas particuli�rement remarquer par un engagement r�dactionnel (�ditoriaux par exemple) qui justifierait le montant tr�s �lev� de leurs salaires et les �carts incompr�hensibles entre leurs r�mun�rations et celles des journalistes qui sont quotidiennement sur le feu de l�actualit� ou sur la pr�paration et l�animation des dossiers culturels, politiques, sportifs ou autres. Notre interlocuteur, par exemple et il n�est pas le seul dans ce cas, assure tous les matins les informations et flashs en fran�ais et dans l�apr�s-midi, il pr�sente une chronique intitul�e �au fil des pages� qui a su trouver son public et qui pr�sente journellement les nouveaut�s dans le domaine litt�raire ou plus globalement culturel. Questionn� sur son niveau de salaire, Djillali Benchikh nous apprend qu�avec son anciennet� de 12 ans dans la bo�te, sa r�mun�ration est de 2 400 euros bruts pour sa fonction de journaliste et pour ses 30 chroniques du mois, il per�oit 1 000 euros brut, non pas d�ailleurs sous forme de salaire mais de �prime�, ce qui constitue une incongruit�. A cet effet, et pour nous souligner l�absence de r�mun�ration transparente et �quilibr�e dans la station, il nous �voque la disparit� flagrante dans certains salaires attribu�s sur les m�mes postes de travail et nous cite, par exemple, un journaliste recrut� r�cemment qui per�oit un peu plus que sa r�mun�ration � lui, alors qu�il compte 12 ann�es d�exp�rience et de pr�sence dans la bo�te. Mais alors que leur a dit la direction de la cha�ne � propos de ce plan de r�organisation ? Nous n�avons jamais �t� saisis officiellement. La direction de la cha�ne a remis un papier au Comit� d�entreprise (CE) dans lequel il est fait mention du d�part programm� de 36 salari�s sur 70. Aucun nom ne figure dans ce document, mais naturellement par �limination, nous savons qui reste et qui part. En tout cas et comme l�explique un communiqu� de la CFDT �les salari�s redoutent le plan de la direction qui garde en poste les six plus hauts salaires non productifs au sens propre du travail radiophonique au d�triment d�une trentaine de personnes dont le travail est essentiellement productif �. La direction, toute honte bue, d�clare que son projet �ne pr�voit aucun licenciement�. Elle informe en m�me temps que �les contrats de travail rompus le seront exclusivement sur la base du volontariat�. Mais l� o� le b�t blesse aussi, c�est le montant d�risoire des indemnit�s propos�es aux �volontaires�. Alors que les syndicats CFDT et FO (les autres, nous dit M. Benchikh sont des syndicats maison) ont propos� de moduler les montants en fonction de l�anciennet�, la direction semble sourde � cette demande. De plus, cette direction se refuse d�appliquer un rapport d�expertise externe qui pr�conise le maintien de 7 postes. Et la solution avons-nous demand� � notre interlocuteur ? Nous appelons � ce que la famille Hariri prenne ses responsabilit�s et qu�elle se d�marque des d�cisions de la direction de la cha�ne. Et dans le cas o� elle ne le fait pas ? Eh bien, annonce le journaliste gr�viste �nous passerons � une autre �tape : la phase judiciaire des prud�hommes�. Radio Orient, pour ceux qui ne la connaissent pas, a �t� cr��e par Raghid Chammah en 1982 et reprise par le groupe Hariri en 1992. Si � sa cr�ation, sa cible �tait essentiellement la communaut� arabe prise dans son ensemble et ses programmes �taient en cons�quence, au fil des ans, la composante de l�immigration en France, essentiellement maghr�bine, a d� faire r�orienter la cha�ne pour prendre �galement en compte cette population majoritaire et introduire de ce fait, d�s 2002, la langue fran�aise dans ses programmes. C�est ainsi que les journalistes qui la composent aujourd�hui viennent des pays du Moyen-Orient mais aussi du Maghreb. Mais, comme nous le dit Djillali Benchikh �comment peut-on constituer une radio efficace, professionnelle qui se veut un m�dia de proximit� avec cette population, mais avec la moiti� des effectifs actuels ?�