Travaillant au statut de «collaborateurs» depuis plusieurs années et soumis aux mêmes conditions de travail que leurs collègues permanents, des journalistes et réalisateurs des Radio El Bahdja, Radio Coran, Radio Net et Radio Takafa ont décidé d'observer un mouvement de grève pour attirer l'attention sur leur situation précaire. Un rassemblement a eu lieu hier matin à 11h devant le siège de la radio où des journalistes, syndicalistes et des militants associatifs sont venus exprimer leur solidarité avec les grévistes. Payés au cachet, pour un salaire variant entre 20.000 et 25.000 DA, ces cachetiers devraient dorénavant être payés à pige, ont-ils appris récemment. Cette décision est, en quelque sorte, la goutte qui a fait déborder le vase. Déjà qu'ils sont soumis aux mêmes conditions de travail que les permanents, notamment en terme de charge de travail et de présence aux réunions et autres briefings, ces centaines de journalistes et réalisateurs de la radio nationale (et pas seulement à El Bahdja, Radio Mitidja et autres) sont payés au cachet. Pire encore, certains ne bénéficient d'aucune couverture sociale, comme l'explique Samir Larabi, journaliste et présentateur du journal de 18h à El Bahdja, et un des grévistes. Cela peut en étonner plus d'un, puisque c'est pour la première fois que ce genre de pratiques est recensé dans le secteur public, réputé « rassurant» pour les carrières de ses employés. Pour avoir exprimé leur désapprobation pour cette précarité qui dure depuis des années (10 ans pour certains) et réclamé des contrats à durée indéterminée (CDI), un groupe de 7 journalistes et réalisateurs, initiateurs du mouvement de grève, ont été évacués de leur lieu de travail par la police. Cela s'est passé dimanche soir, sous réquisition du wali d'Alger, selon Samir Larabi. Dans un communiqué rendu public dimanche, le directeur de la Radio nationale, accuse les grévistes d'avoir occupé « illégalement» la salle de rédaction de Radio El Bahdja et d'avoir « perturbé» le service public». «Nos sujets ont été diffusés pendant que nous étions en grève, et sans citer nos noms», rétorque Samir Larabi, pour expliquer que le « service public n'a à aucun moment été interrompu, comme le prétend la direction de la radio». Ils ont voulu cibler ce qu'ils pensent êtres les meneurs. Nos noms ont été affichés pour qu'on nous interdise l'accès à notre lieu de travail. On nous a même demandé de remettre nos badges, ce que nous avons formellement refusé», a-t-il également expliqué lors du rassemblement qui s'est déroulé hier matin devant le siège de la radio. Prenant la parole lors de ce rassemblement, le secrétaire général de la Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA), Abdenour Boukhemkhem, a appelé à une plus grande mobilisation en solidarité avec ces employés de la radio nationale qui évoluent, depuis plusieurs années, dans des conditions précaires. Le nombre des journalistes et réalisateurs payés au cachet est estimé à environ 950 pour l'ensemble des radios (nationales et régionales). Rendez-vous a été pris pour le samedi prochain (même heure, même endroit) pour un rassemblement plus large avec les grévistes de Radio El Bahdja.