Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Dominique Strauss-Kahn, le directeur g�n�ral du FMI, �tait la semaine pass�e � Alger, �sur invitation du pr�sident Bouteflika�, a-t-il tenu � pr�ciser devant la presse nationale. Strauss- Kahn est un �conomiste, un brillant �conomiste. Il est aussi directeur g�n�ral d�une institution financi�re internationale lib�rale. Mais il est dans le m�me temps membre de la direction du Parti socialiste fran�ais. Tous ces traits du personnage font que ses d�clarations ne sont pas toujours faciles � lire tant s�y m�lent les convictions du DG du FMI, celles de l��conomiste chercheur ou encore celles du militant socialiste. L��valuation de l��conomie alg�rienne par le FMI Le directeur g�n�ral du FMI souligne que �l�Alg�rie a atteint de bonnes performances �conomiques se traduisant, notamment, par un niveau de croissance appr�ciable sur plusieurs ann�es et une solide position financi�re lui permettant de lancer des programmes de d�veloppement ambitieux, gr�ce � la politique de rigueur et de prudence qu�elle a suivie�. Pour sa part, la mission du FMI, qui a s�journ� une dizaine de jours � Alger, pr�voit que les �perspectives � moyen terme restent favorables, m�me si l�activit� hors hydrocarbures pourrait se ralentir quelque peu�. Par les chiffres, la situation �conomique de l�Alg�rie �voluerait comme suit : PIB (en milliards USD) 2009 2010 2011 139,8 159 171,6 Taux de croissance 2009 2010 2011 2,4 3,8 4 Dette ext�rieure (%PIB) 2009 2010 2011 2,4 2,9 2,2 Transactions courantes (en mds USD) 2009 2010 2011 + 0,4 + 5,2 + 6,2 Importations Biens et services (en mds USD) 2009 2010 2011 48 54 57,6 Exportations (hydrocarbures) 2009 2010 2011 44,1 61,8 67,1 Comme on le voit, et comme on le sait depuis d�j� ces trois ou quatre derni�res ann�es, les fondamentaux sont bons et la solvabilit� financi�re du pays est appr�ciable. Mais le directeur g�n�ral du FMI ne s�est pas content� de regarder seulement les fondamentaux de l��conomie alg�rienne. Il sait d�ailleurs qu�ils sont bons gr�ce aux hydrocarbures et aux ressources qu�ils ont permis d�accumuler. Il aurait pu s�en arr�ter l� en tant que directeur d�un organe r�gulateur de la finance mondiale. �Vos finances sont bonnes, vous n�avez pas de dette ext�rieure, vous avez des disponibilit�s financi�res importantes�, aurait-il pu se suffire de constater devant nos m�dias. D�passant son horizon de gendarme financier au monde, D.S.K. n�a pas pu se retenir d��tre le repr�sentant �conomiste qu�on conna�t : �Je dois dire que les r�sultats de l�Alg�rie depuis une dizaine d�ann�es en termes de croissance sont vraiment impressionnants avec une inflation ma�tris�e et des recettes budg�taires en abondance.� Mais il a ajout�... : �Gr�ce... aux hydrocarbures.� Comme pour rappeler aux Alg�riens que les performances de leur �conomie ne sont pas dues � la production mat�rielle ni � la productivit� des facteurs. A. B.). D.S.K. voulait ainsi att�nuer le satisfecit qu�il venait de d�livrer. Le directeur g�n�ral du FMI a salu� la �prudence de la politique financi�re suivie jusqu�� ce jour. Il a cependant, au cours de l��mission �L�invit� de la Cha�ne 3� de la Radio nationale (du 4 novembre) pr�cis� sa pens�e. �Au FMI, nous trouvons que l��conomie alg�rienne se porte bien mais le probl�me principal est que cette �conomie vit trop sur les ressources publiques.� Dominique Strauss-Kahn indique, par l�, la fragilit� de notre croissance �conomique qui d�pend de la d�pense publique rendue elle-m�me possible gr�ce aux recettes d�exportation des hydrocarbures. Lorsque ces recettes diminueront, les d�penses de l�Etat diminueront aussi et la croissance �conomique s�arr�tera. Et le directeur g�n�ral du FMI pr�cise : �Votre �conomie doit donner plus d�importance au secteur priv�. Il faut que toutes ces infrastructures que vous r�alisez profitent au secteur priv�.� Entendez : vous ne vous int�ressez qu�aux entreprises publiques. L�enjeu pour l�Alg�rie, �le pays le plus important de l�Afrique du Nord�, est d�avoir un secteur priv� dynamique. �Le climat des affaires et l�environnement juridique doivent �tre am�lior�s.� Dominique Strauss-Kahn ajoute : �Le gouvernement mesure bien tout ceci, mais c�est difficile de faire �voluer les pratiques�. Le DG du FMI nous signifie par l� que �vous parlez beaucoup de ces probl�mes mais vous ne faites rien concr�tement pour les r�soudre�. Le DG du FMI a insist� sur deux probl�mes que rencontre l��conomie alg�rienne : 1- Le probl�me du ch�mage : �Le taux de ch�mage parmi les jeunes Alg�riens �g�s entre 16 et 25 ans est sup�rieur � 20%� et il a ajout� : �La jeunesse est la b�n�diction de l�Alg�rie, c�est �galement son probl�me. Pour cr�er de l�emploi, il faut d�autres m�tiers, tels que les services et le commerce. Des activit�s qui peuvent se d�velopper dans le secteur priv�.� Dominique Strauss-Kahn a ainsi dit cette phrase pleine de sous-entendu : �Il y a peut-�tre en Alg�rie une mentalit� qui doit �voluer pour que la manne p�troli�re permette de diversifier l��conomie. � Vise-t-il ici la mentalit� de rentiers ? 2- Le second probl�me qui concerne l��conomie alg�rienne est, selon Strauss-Kahn, celui de la faible diversification de l��conomie. �L��conomie alg�rienne est trop d�s�quilibr�e entre secteur des hydrocarbures et hors hydrocarbures.� Et � l�ouverture du colloque tenu � Alger conjointement avec la Banque d�Alg�rie, le DG du FMI a rappel� : �Les ressources naturelles peuvent devenir une mal�diction lorsqu�on dort sur ses lauriers.� Pour notre part, nous savions que notre �conomie est fragile, qu�elle est vuln�rable et qu�elle a besoin d�un nouveau r�gime de croissance. Combien de fois ne l�avions-nous rappel�. Mais peut-�tre que lorsque c�est le DG du FMI qui le dit, nos polyci-makers y pr�teront une oreille plus attentive. C�est tout le mal qu�on souhaite � notre pays. En ce qui concerne l�achat �ventuel par l�Alg�rie de bons �mis par le FMI, D. S. K. a exclu cet achat. Il a d�clar� : �Pour l�instant, le probl�me ne se pose pas parce que les 500 milliards de dollars qui �taient pr�vus dans l�accord d�emprunt par le FMI ont �t� remplis.�