La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a pr�sent� hier devant l�Assembl�e populaire nationale (APN), son projet de loi sur la cin�matographie. Avec sa verve et son franc dire habituels, le d�put� RCD Nordine A�t Hamouda, intervenant dans le d�bat g�n�ral, a d�nonc� une �criminalisation de la culture�. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Comme lors du d�bat autour de la politique g�n�rale du gouvernement, ce sont, une nouvelle fois, les voix des parlementaires du RCD qui porteront haut. La ministre de la Culture Khalida Toumi, qui a ralli� le pouvoir en place apr�s avoir fr�quent� le RCD et l�opposition, se serait quelque peu attendue � ce que sa matin�e parlementaire soit marqu�e par des vol�es de fl�chettes, non seulement de la part des d�put�s du RCD mais aussi d�autres formations politiques. En effet, on ne devrait esp�rer pas des couronnes de lauriers lorsque l�on se propose d��tendre la censure, d�j� pesante sur la presse, au cin�ma. Le projet de loi sur la cin�matographie propos� par la ministre de la Culture postule � instaurer une autorisation pr�alable pour toute r�alisation et commercialisation de films. Une autorisation que d�livrera la ministre en personne, apr�s avis d�une commission de lecture dont la d�signation rel�ve aussi de sa comp�tence exclusive. Le projet de loi pr�voit aussi des sanctions � l�encontre de ceux, r�alisateurs et distributeurs, qui auraient enfreint aux dispositions du texte de loi. C�est cette censure que le gouvernement entend �tendre au domaine du cin�ma que le d�put� du RCD Nordine A�t Hamouda a d�nonc� avec v�h�mence, n�h�sitant pas � y �tablir un parall�le avec la dictature nazie. �En 1940, G�bbels (ministre de la Propagande sous Hitler, (ndlr) a dit : �D�s que j�entends le mot culture, je sors mon r�volver�, a rappel� le d�put� du RCD en guise de liminaire � son intervention fort remarqu�e. Pour lui, le gouvernement veut criminaliser la culture, ni plus ni moins. �Un gouvernement qui a tout au plus 15 salles de cin�ma �labore un projet de loi pour exercer sa censure�, a-t-il l�ch� sur un ton plein d�ironie. Et ce n�est pas tout. Nordine A�t Hamouda, qui ne m�che pas ses mots mais l�che des v�rit�s crues, n�a pas laiss� s��couler le temps d�intervention qui lui �tait imparti sans r�agir � l�appel de la ministre de la Culture aux pr�sidents d�APC afin qu�ils lui affectent les salles de cin�ma pour r�habilitation et r�fection. �La r�novation du th��tre Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou a co�t� 38 milliards de centimes. Si la r�fection et la r�habilitation de chaque salle de cin�ma devront co�ter autant, bonjour les d�bats. S�il advient, cette affaire sera plus grave que l�affaire Sonatrach.� La ministre de la Culture a fait remarquer que son d�partement n�a r�cup�r� jusque-l� que 48 salles de cin�ma et que les 300 autres ne le sont pas encore. Le d�put� RCD n�a, par ailleurs, pas manqu� de rappeler � la ministre de la Culture que pendant qu�elle travaillait � statuer sur la censure du fait cin�matographique, le ballet national a fugu� au Canada. Ceci avant de conclure sur une remarque qui vaut tout son poids d�illustration du marasme du cin�ma national. �Vous avez fait un film sur Djamila Bouhired et vous avez fait appel � une danseuse de cabaret �gyptienne. Vous avez fait un film sur Benboula�d et que personne n�a vu. Je ne parle pas du film Hors-la-loi, on ne sait s�il est alg�rien ou fran�ais�, a-t-il fait remarquer, ajoutant �ramenez d�abord le lait pour les Alg�riens, avant de penser � censurer le cin�ma �. Pour sa part, le chef du groupe parlementaire RCD, Atman Mazouz, a estim� intol�rable le conditionnement de la production de films sur la guerre de Lib�ration � l�accord pr�alable du gouvernement. �De quel droit et par quelle l�gitimit�, les pouvoirs publics seraient-ils habilit�s � autoriser ou non un film sur la guerre d�ind�pendance ?�, s�est-il interrog�.