Ali Brahimi, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Bouira, qui faisait une intervention autour des carences inhérentes au programme du gouvernement, s'est fait rabrouer par les députés FLN pour avoir “osé” prononcer quelques phrases dans la langue de Molière. Le troisième jour des débats autour du programme du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN) a été marqué, hier, par une séance plénière mouvementée. Et cela dès la matinée. En effet, Ali Brahimi, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Bouira, qui faisait une intervention autour des carences inhérentes au programme du gouvernement (code de la famille, les pouvoirs des walis au détriment des élus, la bonne gouvernance, l'impunité des gendarmes impliqués dans les évènements de la Kabylie, le harcèlement de l'administration contre les militants), a suscité une réaction dans le carré du FLN lorsqu'il a évoqué le problème de la décentralisation. Expliquant à ce propos, dans une intervention en arabe, l'aberration d'un Etat centralisé aux pouvoirs exorbitants, Brahimi a prononcé une phrase en français pour mieux se faire comprendre sur ce dossier : “Il faut déléguer certains pouvoirs aux régions pour qu'elles puissent se prendre en charge avec leurs particularités sociologiques propres.” La réaction des députés FLN a été de taper sur les tables pour chahuter la phrase en français et en revendiquant “intervenez en arabe”. Cette réaction n'a pas laissé indifférent le groupe parlementaire du parti de Saïd Sadi, plus particulièrement Nordine Aït Hamouda, vice-président de l'APN et élu sur la liste de Tizi Ouzou qui a interrompu les débats : “On vous a respectés, respectez-nous ! Vous allez devoir nous entendre parler encore pendant cinq ans, et la prochaine fois nous interviendrons en tamazight”, a-t-il martelé sur un ton grave. Entouré par les journalistes pour de plus amples explications, Aït Hamouda notera : “Notre souhait durant ce mandat est d'être dans la position la plus radicale à ce gouvernement car la politique qu'il mène est très néfaste pour notre pays.” “Ni leurs prisons ni leurs assassinats ne feront fléchir notre détermination parce que ce sont des gens qui vont encore rétrécir les libertés, et surtout parce qu'il y a beaucoup de choses à dire sur les scandales financiers, l'affaire Khalifa…” Ceci étant, la séance a repris son cours normal avec l'intervention de Abdelaziz Ziari, le président de l'APN qui a expliqué que “quand bien même les gens auraient le droit d'intervenir, il faut aussi tenir compte du règlement intérieur de l'APN”. D'autres interventions ont également marqué les débats d'hier. C'est le cas du député du FNA Ben Hamou qui a posé le problème des harragas (émigration clandestine) en Algérie. Ce député, président de la commission des transports, a interrogé le gouvernement sur les solutions à apporter à l'attitude des jeunes Algériens qui préfèrent l'émigration à leur pays. La prépondérance donnée “au wali et au chef de daïra” a été également mise à mal par ce député qui a souhaité que cette tendance lourde ne soit pas adoptée au détriment du pluralisme et de la démocratie. Aussi, et sur la démarche gouvernementale en matière d'emploi beaucoup de députés ont été critiques et ont revendiqué une meilleure politique en la matière. Un député MSP a appelé à ce propos le gouvernement à la revalorisation de l'allocation du chômage à 6 000 dinars, au lieu de 3 000 dinars, la révision de l'allocation de la femme au foyer ainsi que la revalorisation du SNMG à 20 000DA. Côté RND et FLN, les interventions de leurs députés ont essentiellement porté sur des préoccupations d'ordre local, sur le développement dans le Sud et les Hauts-Plateaux ainsi que sur l'après-pétrole. Les débats autour du programme du gouvernement seront par ailleurs clôturés aujourd'hui avec l'intervention des présidents de groupe parlementaire. Le Chef du gouvernement devra répondre aux interrogations et critiques des députés jeudi prochain. NADIA MELLAL