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L�ARC G�OPOLITIQUE DE L��NERGIE DU TRANSSAHARIEN � L�ORIENT
Le �croissant �nerg�tique�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 12 - 2010

J�essayerai de partager avec vous les r�sultats d�une recherche sur cette r�gion qui s��tend de l�Afrique � l�Orient. Une recherche qui a dur� presque 20 ans : une dizaine d�ann�es sur la Caspienne et une dizaine d�ann�es sur ce que j�appelle l�Afrique transsaharienne. Nous �voquerons en particulier les aspects g�opolitiques et �nerg�tiques du �contr�le global � dans cette r�gion.
Le Transsaharien est un espace g�opolitique en devenir, un enjeu d�int�r�t strat�gique mondial. Sa configuration g�ographique d�pend si l�on se place selon le m�ridien ou selon les parall�les pour repenser la g�opolitique de cette r�gion. Donc, la premi�re constatation que l�on peut annoncer est la configuration g�ographique de cet espace dans lequel s�op�rent les strat�gies de contr�le g�opolitique global de l��nergie. On peut qualifier cela, c�est-�-dire la forme g�ographique, en un �croissant �. Sans faire le lien avec d�autres consid�rations historiques ou civilisationnelles, c�est un �arc g�opolitique� : le premier point d�ancrage part de l�Atlantique, l�Afrique transsaharienne. L�autre extr�mit� arrive jusqu�� la limite de Xinjiang en Chine, donc la Caspienne. Le Golfe �tant la passerelle. La g�opolitique de l�Afrique transsaharienne rappelle celle de la Caspienne � la fin du si�cle dernier. Comme pour cette r�gion enclav�e au c�ur de l�Asie, la question du �contr�le global des r�verses et des voies d�acc�s� est la matrice des diff�rents conflits. La rivalit� prend la forme de conflits ouverts et complexes o� des puissances s�affrontent sur des zones p�trolif�res, par groupes ethniques ou cultuels interpos�s, au gr� de colossaux int�r�ts �conomiques et �nerg�tiques. La multiplication des conflits comme dans le Delta du Niger, le Darfour ou l�Azawak en est l�illustration. L�onde de choc de cette rivalit� menace au passage la paix r�gionale et la s�curit� de l�approvisionnement international. Le jeu d�acteurs autour du contr�le des ressources et des voies d�acc�s se d�roule globalement en deux s�quences. - La premi�re est celle des enjeux �conomiques li�s � la prospection et � la production des hydrocarbures sous-marine et sur terre dans le Sahara, le Sahel, le Delta du Niger, le golfe de Guin�e. L�octroi de nombreux titres miniers en est le premier enjeu.
- La seconde est celle des voies d�acc�s, port d�exp�dition et trac�s des tuyaux, qui achemineront les hydrocarbures, hors de cette r�gion, vers les march�s cibles d�Europe et d�Am�rique : golfe de Guin�e, golfe d�Aden, Terminaux m�diterran�ens d�exp�dition pour le Greenstream et le Transsaharien (Trans- Saharian Gas Pipeline). Comment s�op�re donc le contr�le global de l��nergie en termes de strat�gie de compagnie ou de strat�gie d�Etat ? Comment s�op�re, en particulier, le contr�le strat�gique des ressources fossiles ou des ressources �nerg�tiques, le long de cet arc g�opolitique ? Les compagnies et les Etats inscrivent leurs actions autour et le long des fractures g�opolitiques induites par des rivalit�s locales et des convoitises internationales. Le monde n�a pas tellement chang�, en termes de contr�le des ressources et des voies d�acc�s. Une sagesse touareg disait : �La rivalit� est toujours autour d�un puits d�eau. Dites o� il se trouve et je vous guiderai dans ce d�sert !� Premi�rement, le contr�le s�op�re le long des corridors ou des voies d�acc�s � ces ressources. Ce peut �tre par les mers en partant du contr�le des points d�entr�e � ces ressources (M�diterran�e, Atlantique, mer Rouge) et �ventuellement par les voies terrestres qui sont les gazoducs pour le gaz ou des ol�oducs pour le p�trole. Un ol�oduc ou un gazoduc co�te environ 2 � 5 milliards. Et le Transsaharien, qui va faire l�objet d�une pr�sentation, co�te quant � lui 10 milliards de dollars. Donc forc�ment, un op�rateur, une compagnie ou un Etat est tenu pour des raisons �conomiques et strat�giques d�assurer suffisamment le contr�le. On entend souvent que c�est une histoire de s�curit� des approvisionnements, c�est plut�t une n�cessit� pour tout le monde, pour les compagnies, pour les producteurs, pour les consommateurs, pour les Etats. C�est une n�cessit� absolue de s�curiser ces corridors. La question pertinente est par qui et comment on doit s�curiser ces voies. Deuxi�mement, il n�y a pas simplement le contr�le des voies d�acc�s ou des corridors de transport, il y a �galement le contr�le des sites de production, les gisements. Par exemple, un gisement dans la Caspienne, dans le Golfe ou dans cette r�gion transsaharienne, repr�sente des milliards de dollars qui sont investis ou des productions d�hydrocarbures � valoriser, et donc forc�ment ce sont des milliers d�hommes qui travaillent et qu�il faut s�curiser. A la fois une s�curisation technique, car un gisement comme celui de Hassi-Messaoud, de South Pars ou de Kachagan n�cessite une s�curisation technique et une s�curisation humaine, et donc forc�ment une strat�gie d�Etat, une strat�gie de compagnie. Cependant, ma contribution sera centr�e sur la r�gion transsaharienne. Pour la Caspienne et le Moyen-Orient, je crois qu�il y a suffisamment de r�f�rences dont certaines contributions exceptionnelles du g�n�ral Gallois et une s�rie de mes publications portant sur la Caspienne. D�abord, qu�est-ce-que l�Afrique du Nord ? C�est une notion g�opolitique tr�s �triqu�e. Pour quelqu�un qui veut �tudier avec pertinence cette r�gion-l�, cela n�a aucun sens. Est-ce que l�Afrique du Nord s�arr�te uniquement au niveau des pays du Maghreb ou du Grand- Maghreb, sachant que l�Egypte fait partie �galement de l�Afrique du Nord ? Est-ce que l�Afrique du Nord ne comprend pas, par exemple, les pays du Sahel ou ceux de la ligne du golfe de Guin�e jusqu�� la Somalie ou le golfe d�Aden ? Donc, c�est une perception g�opolitique � g�om�trie variable, c�est m�me une notion controvers�e, c�est une repr�sentation confuse qui ne porte sur aucune unit� g�opolitique, ni une unit� culturelle ou historique. L��tat du savoir sur la r�gion transsaharienne semble encore �ph�m�re ! Pourtant, c�est un espace g�opolitique en devenir, qui m�rite recherche critique et m�thode. Ensuite, si nous prenons par exemple des approches ethniques ou linguistiques, en particulier la toponymie locale, celle des noms et des lieux. Pourquoi par exemple dans la presse g�n�rale ou sp�cialis�e en Europe, parle-t-on du Sahel, sans savoir exactement o� il commence et o� il finit, ce qu�il englobe, quel type de population il comprend� ? L�approche g�ographique ne propose qu�une interpr�tation partielle et imparfaite. Simplement, ce qui m�int�resse dans cette contribution, c�est une approche globale et critique permettant de restituer la r�gion transsaharienne et l�Azawak. L�Azawak (latinis� Azawad) est le �c�ur du Transsaharien�, une �mer de sable�, un espace enclav� mais riche en ressources. Il est consid�r� comme l�espace des Touareg, �l�homme Bleu�. Azawak signifie azur, une r�gion qui s��tend sur l�essentiel du Sahara et du Sahel. La majorit� des bassins producteurs de p�trole et de gaz des pays du Sahara et du Sahel est localis�e dans l�Azawak. Enfin, les Touareg vivent nombreux en Alg�rie, mais leur pr�sence couvre � peu pr�s une r�alit� de 4 millions d�habitants, des �nomades� paisibles dans tous les pays du Sahara et du Sahel, exception faite des anciens mouvements de r�bellion au Niger et au Mali. Cet espace transsaharien n�a rien � voir avec le Moyen-Orient ou la Caspienne. Moins diversifi� sur le plan ethnique et cultuel que le Mashrek, plus tribal que la Caspienne, l�Azawak est surtout un espace homog�ne sur le plan g�ographique, ethnique et linguistique. Une forte identit� g�opolitique. Donc on peut et on doit, pour comprendre la g�opolitique de cette r�gion, se concentrer plut�t sur cet espace que de le comparer avec d�autres, en �vitant surtout de transposer des mod�les abstraits inop�rants. Les trois grandes r�gions qui forment � mon avis cet arc g�opolitique de l��nergie, le �croissant �nerg�tique�, sont : l�Afrique du Nord, le Moyen-Orient et la Caspienne.
- Vous avez par exemple en Afrique du Nord toutes les rivalit�s modernes, qui sont notamment des rivalit�s internes (terrorisme, r�bellion, conflit politique, crise �conomique). Et par moment, elles ont une coloration tribale au sens strict du terme, car la structure d�mographique et sociologique en Afrique du Nord est encore tribale. Mais le caract�re qui peut pour certains repr�senter un risque g�opolitique, mais qui n�en repr�sente pas r�ellement un, est le caract�re r�current ou durable de ces conflits qui sont souvent arbitr�s par des formes d�interm�diation tribale.
- Par contre, si l�on regarde le Moyen-Orient, il y a tr�s peu de conflits internes ou de rivalit�s tribales ou locales. Le cas du Y�men �tant l�exception, un concentr� de rivalit�s. Pour le reste de la r�gion, c�est plut�t r�gional, international et avec une dimension nouvelle, le retour ou l��mergence de la Perse et �ventuellement de la Turquie, notamment apr�s l�effacement durable de l�Egypte. Le retour de la Perse, ce n�est pas simplement l�aspect nucl�aire qui constitue une pr�occupation internationale, c�est le r�le g�opolitique de l�Iran : une volont� de positionnement strat�gique en tant que puissance r�gionale. C�est la m�me chose pour la Turquie qui, dans l�espace alta�que ou le Turkestan, qui va de la Turquie au Xinjiang en Chine, en passant par la Caspienne, comprend une unit� de langue, une identit� g�opolitique et une volont� �n�o-ottomane � d�un positionnement strat�gique. Le risque g�opolitique est par contre �lev� et tout conflit ne serait qu�entre puissances fortement arm�es, y compris par recours probable � des moyens balistiques et nucl�aires.
- Pour la Caspienne, c�est � peu pr�s la m�me situation que l�Afrique du Nord, si on exclut le cas de l�Afghanistan. La rivalit� est locale et tribale. J�ai pu s�journer dans cette r�gion-l� et on y constate les m�mes caract�ristiques ethniques et cultuelles. Bien s�r, les rivalit�s locales sont plus exasp�r�es par une ing�rence internationale, facilit�e plut�t par l�effondrement de l�Union sovi�tique et le confinement du r�le de la Russie, que par des consid�rations cultuelles ou politiques. Pour tout op�rateur qui cherche � investir, il doit �valuer le risque notamment dans une approche g�opolitique et prospective. Je pense personnellement que le risque est mod�r� en Afrique du Nord car on n�y retrouve pas d�arm�es puissantes, ni de rivalit�s entre puissances. Il en va de m�me pour la Caspienne, m�me avec l�Afghanistan o� nous pouvons faire la comptabilit� macabre, le risque g�opolitique reste mod�r� et la preuve est que plusieurs compagnies ou puissances cherchent � investir dans la Caspienne d�une mani�re durable. Par contre, au Moyen-Orient, le risque est fort car s�il y a un conflit, il est s�rement entre puissances. Mais cela ne veut pas dire que les compagnies ou les Etats ne cherchent pas � investir. Au contraire, ils investissent pour la seule raison que c�est une r�gion sous contr�le. Donc le Moyen-Orient est un espace sous contr�le, domin� par les Etats- Unis. La Caspienne est une r�gion sous influence. Le r�le des Etats-Unis est important, mais la Russie nous a montr� durant le conflit de la G�orgie qu�elle a son mot � dire et surtout les moyens pour imposer son influence dans cette r�gion du monde. Nous pouvons ainsi pr�ciser les diff�rents points d�acc�s, des �check points� dans la r�gion transsaharienne. Nous constatons les voies d��vacuation du p�trole et du gaz vers l�Atlantique et la M�diterran�e : les tankers de la r�gion, les m�thaniers d�Alg�rie ou les m�thaniers du Nigeria qui vont dans les deux sens : vers le Nord pour l�approvisionnement de l�Europe et vers la c�te Est pour l�approvisionnement des Etats-Unis. D�autres check points sont en formation. Un nouveau point d�acc�s ou de contr�le est en train de se constituer : via la mer Rouge en raison de la mont�e en puissance des r�serves d�Egypte et du Soudan. Une bataille s�annonce autour des r�serves du Tchad et du Niger. Parce que les op�rateurs d�Europe, des Etats-Unis ou de Chine sont suffisamment implant�s dans la r�gion. Ceux de Chine ont fortement investi au Soudan et cherchent un acc�s � la mer Rouge, d�o� cette rivalit� autour de la pacifi- cation de la Somalie et le contr�le du golfe d�Aden. La Somalie vient d��tre class�e comme la �premi�re zone de risque dans le monde�, en raison surtout de sa proximit� du golfe d�Aden et de l�importance de cette voie d�acc�s pour l�approvisionnement international. Un autre point d�acc�s aussi strat�gique que le premier, est celui du golfe de Guin�e. Les Etats- Unis en contr�lent d�j� l�acc�s. Une forte tendance � contr�ler les ressources �nerg�tiques dans l�espace transsaharien, localis�es entre les deux golfes : le golfe d�Aden et le golfe de Guin�e. Une strat�gie de contr�le initi�e par les Etats-Unis et qui a commenc� � s�affirmer depuis 1995, avec la mont�e en puissance des r�verses d�hydrocarbures de cette r�gion. Sa traduction est l�Africom, United States Africa Command, un commandement militaire pour l�Afrique. C�est � mon sens l�aboutissement d�une s�rie d�accords �conomiques et militaires entre les Etats-Unis et les pays de la r�gion, y compris bien s�r les programmes militaires d��quipement, d'entra�nement et de formation. A la fois au Maroc, en Mauritanie, en Tunisie, en Alg�rie, en Egypte, au Mali ou au Nigeria, la question de l�h�bergement de ce commandement qui peut �ventuellement, sous couvert pour le moment de lutte contre le terrorisme, assurer le contr�le global de cette r�gion. Certains �c�bles diplomatiques am�ricains � diffus�s par Wikileaks confirment l�int�r�t strat�gique des Etats-Unis et surtout l�implication technique et op�rationnelle des puissances locales dans cette nouvelle architecture g�opolitique. Une confi- guration que nous avons d�j� annonc�e en 2005. Th�oriquement, le candidat le plus �ligible � l�h�bergement de l�Africom, compte tenu du positionnement strat�gique des Etats-Unis, est le Maroc ou l�Egypte. M�me avec l�agr�ment de ces deux �alli�s� cr�dibles, les Etats-Unis ont refus�. Ils veulent associer l�Alg�rie comme un partenaire et surtout comme une �plateforme d�action globale� dans ce dispositif strat�gique. Par analogie avec l�espace alta�que, l�Alg�rie c�est � peu pr�s l��quivalent de la Turquie. G�ographiquement, c�est un vaste pays et l�histoire de l�arm�e se confond avec celle de l�Etat, comme la Turquie. A la diff�rence de ce pays qui n�a pas de ressources �nerg�tiques, l�Alg�rie poss�de un fort potentiel, une arm�e consid�r�e �efficace� et elle coop�re avec l�Otan. Si l�Alg�rie adh�re � ce dispositif g�opolitique, elle peut s�curiser, soit comme �acteur�, soit comme �relais�, le contr�le global de la r�gion. Et l�Alg�rie dispose d�un avantage que le Maroc et l�Egypte n�ont pas : sur les 4 millions de Touareg, plus d�un million sont des ressortissants alg�riens, malgr� leur mobilit� g�ographique. Dans cette mutation g�opolitique, un �l�ment important est � signaler : on peut parler de terrorisme, de r�bellion, de conflit politique ou crise �conomique, mais ce qui est strat�gique, c�est que depuis 1995, si l�on regarde les budgets d��quipements militaires de l�ensemble des pays de la r�gion, du Maroc � l�Egypte, et de l�Alg�rie au Nigeria, on observe un accroissement de 2 � 5% du produit int�rieur brut. C�est l��quivalent de 30 milliards de dollars par an, soit presque le montant des IDE qui sont inject�s dans le secteur �nergie (p�trole et gaz) dans ces pays. Sachant que par exemple au Niger, au Tchad ou au Mali, la majorit� de la population est menac�e de famine. Dans le reste des pays de la r�gion, la paup�risation de la population est g�n�rale et dans certains cas, structurelle. C�est donc un espace g�opolitique potentiellement en puissance mais porteur de conflits et de convoitises internationales. L�espace transsaharien chevauche pratiquement tous les pays : le Maroc, l�Alg�rie, la Tunisie, la Libye, l�Egypte, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan et l�on peut quasiment circuler d�un pays � l�autre sans �tre contr�l�. Le terrorisme s�en sert lors des prises d�otage comme dans le cas des ressortissants allemands : captur�s en Tunisie et lib�r�s au Mali, en transitant par la Libye et l�Alg�rie ! �Dites donc o� se trouve le puits et je vous guiderai dans ce d�sert !� La g�ographie des bassins d�hydrocarbures (potentiels ou producteurs) se confond avec celle de cet espace transsaharien et en particulier avec celle de l�Azawak. La structure p�trolif�re de certains de ces bassins chevauche �galement. Si l�on prend par exemple le bassin de Ghadam�s, partag� par la Tunisie, la Libye et l�Alg�rie, un bassin potentiellement producteur, dont sa structure g�ologique risque de poser probl�me. De nombreuses �tudes g�opolitiques et prospectives montrent que l�Afrique du Nord et le golfe de Guin�e sont des r�servoirs p�trolif�res compl�mentaires du Moyen-Orient pour l�approvisionnement international. En plus, la r�gion transsaharienne a cet avantage d'�tre une fa�ade d'exportation atlantique et m�diterran�enne. Un avantage-co�t par rapport au Golfe pour l�approvisionnement des Etats-Unis et de l�Europe. La r�gion transsaharienne dispose de 8-10% des r�serves mondiales prouv�es en p�trole et en gaz. Les r�serves prouv�es de la r�gion se sont fortement accrues comme l�illustre le cas de la Libye et du Nigeria pour le p�trole ou celui de l�Alg�rie et du Nigeria pour le gaz, � la suite d�un effort d�exploration sans cesse croissant. En effet, 300 titres d�exploration ont �t� conclus depuis 2005, dont plusieurs ont permis des d�couvertes commerciales. Si la r�gion maintient ce rythme d�exploration, le potentiel des r�serves en p�trole et gaz est appel� � s�accro�tre. En effet, les compagnies locales, en particulier Sonatrach, NNPC et NOC, mettent r�guli�rement des dizaines de nouveaux permis d�exploration aux ench�res. L�enjeu est l��valuation du potentiel des r�serves r�cup�rables. Les r�serves prouv�es de gaz dans les pays de la r�gion (Alg�rie, l�Egypte, la Libye, le Nigeria) s'�l�vent � 13 400 milliards de m3 en 2008, ce qui �quivaut � 20 ann�es de consommation pour l�Europe. La dur�e de vie de ces r�serves est de 75 ans. Elle est bien sup�rieure dans le cas de la Libye et du Nigeria et inf�rieure pour l�Egypte et l�Alg�rie. La Libye et le Nigeria disposent de l�essentiel des r�serves p�troli�res : 41,5 milliards de barils pour la premi�re et 36,5 milliards pour le second. Pour le gaz naturel, le Nigeria d�tient un tiers des r�serves prouv�es de la r�gion. Une partie de ces r�serves est actuellement consacr�e � des projets de gaz naturel liqu�fi� (GNL). Ces projets ne cessent de se d�velopper du fait d�une demande am�ricaine. Le projet de gazoduc transsaharien s�ajoute � ce programme d�exportation de GNL. Le Nigeria a certes les plus importantes r�serves de gaz en Afrique mais sa capacit� de production reste encore faible. Une production brute estim�e � 70 milliards de m3. La g�ographie de ses r�serves pr�sente une forte dispersion des champs et gisements gaziers d�o� la n�cessit� d�un important r�seau de collecte et de traitement. Le Nigeria dispose en effet de 250 champs p�troliers et gaziers de faible taille en comparaison par exemple avec l�Alg�rie, o� le seul gisement de Hassi R�mel contenait 3 600 milliards de m3. Par contre, le Tchad n��tait pas m�me un producteur en 1990, et le Soudan l��tait faiblement. Pour le gaz, c�est plut�t l�Egypte. En 1990, c��tait un pays qui avait de faibles ressources gazi�res, et en 2009, il a la moiti� des ressources d�Alg�rie, et cela d�passe celle de la Libye. Le projet
transsaharien, appel� Transalia, part du Nigeria vers l�Alg�rie, en passant par certains gisements du Niger. Il doit relier l�Europe, soit vers l�Italie, via le Galsi, soit vers l�Espagne, via Medgaz. Face � cette perspective soutenue par l�Union europ�enne et des compagnies europ�ennes, la Libye cherche � d�velopper le Greenstream 2, avec le soutien implicite des Etats-Unis et explicite de l�Italie. Le projet libyen devrait acheminer le gaz du Tchad et le gaz du Soudan vers l�Europe. Le Transalia est d�abord 10 milliards de dollars pour son investissement, et 30 milliards de m3 de gaz pour sa capacit�. La majorit� des experts s�accordent pour 2020 sur une offre de 230 � 240 milliards de m3, destin�s principalement � l�Europe. Cela r�v�le � notre avis que l�Europe n�est qu�un �march� de consommation� dans la perception g�opolitique et strat�gique des Etats- Unis, c�est comme dans le cas de la Caspienne. Toujours, une logique de poumon d�hydrocarbures destin� � approvisionner l�Europe. Pour conclure, on compte depuis 2005, 300 titres d�exploration, destin�s principalement aux compagnies des Etats- Unis et de Chine. Cette r�gion repr�sente 8-10% des r�serves prouv�es du monde, avec pr�dominance des bassins gaziers, et les Etats-Unis projettent de r�cup�rer 25% de leur approvisionnement de cette r�gion et y mettent les moyens. Dans ce jeu transsaharien, les puissances n�agissent pas d�une mani�re homog�ne ou collusoire. Toutefois, la strat�gie d�Etat la plus pertinente est celle des Etats-Unis, parce qu�elle combine toutes les s�quences de jeu. La mont�e en puissance de son r�le �conomique et militaire dans la r�gion co�ncide avec le rythme d�accroissement des r�serves prouv�es. La d�pendance �nerg�tique incite de plus en plus ces puissances � peaufiner des strat�gies offensives en mati�re de diversification des routes et des sources d�approvisionnement. De ce fait, la r�gion transsaharienne est devenue un enjeu d�int�r�t strat�gique. Le projet de gazoduc transsaharien s�inscrit dans ce contexte de forte rivalit� g�opolitique et �nerg�tique.
L. C.
* Chercheur en �nergie et strat�gie Paris


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