Par Hassane Zerrouky L�attentat contre une �glise copte d�Alexandrie a raviv� les tensions entre musulmans et chr�tiens coptes. Le nombre de ces derniers tourne entre neuf et dix millions de personnes. Ce qui n�est pas rien. Beaucoup d�Alg�riens l�ignorent car le discours officiel et les m�dias �gyptiens occultent carr�ment cette r�alit�. Et puis, pour des raisons de leadership islamique que lui dispute le wahhabisme, El Azhar soutenu par le r�gime de Moubarak veille � ce que l�Egypte soit consid�r�e comme le phare de l�islam sunnite mondial ! Aussi les coptes sont-ils vus par cette frange de l�islamisme politique et radical comme quelque chose d�anormal dans cette Egypte en voie d�islamisation rapide ! Pour les besoins de la cause, les m�dias proches de la mouvance islamiste les montrent du doigt. Ainsi un banal fait divers, voire une fugue amoureuse, peut-il vite se transformer en affaire politico-religieuse. L�histoire de Wafa Constantine et de Camilla Shehata, toutes deux �pouses de pr�tres coptes, est de ce point de vue illustrative. En ce qui concerne la premi�re, c��tait en d�cembre 2004, les islamistes et les m�dias qui en sont proches affirmaient mordicus que Wafa avait quitt� son �poux apr�s s��tre convertie � l�islam, avant de regagner son domicile sur pressions polici�res, puis d��tre finalement enferm�e, dixit encore les islamistes, dans un couvent. Le cas de Wafa avait alors provoqu� de vives tensions entre les musulmans et les coptes. La seconde affaire, celle de Camilla Shehata, 25 ans, remonte au 28 juillet dernier, jour de sa pr�tendue disparition, avant qu�elle aussi ne regagne son domicile, et ce, gr�ce �galement aux bons soins de la police de Moubarak. Pour les coptes, elle aurait �t� enlev�e par des fondamentalistes pour la convertir � l�islam, pour les islamistes, qui ont organis� des rassemblements de protestation au Caire pour d�noncer sa s�questration, Cam�lia est aujourd�hui enferm�e contre son gr� dans un couvent quelque part en Egypte ! Ces vraies-fausses conversions des deux femmes et leur non moins vraies-fausses s�questrations dans des couvents ont suffi pour que l�islamisme radical s�en empare. D�abord par le biais du num�ro deux d�Al-Qa�da, Aymen Zawahiri. �Avons-nous oubli� les pressions am�ricaines pour envoyer Wafa Constantine et ses s�urs dans les salles de torture souterraines des couvents, sous protection du pouvoir am�ricano- crois� ?� s�interrogeait-il dans une vid�o dat�e du 3 mars 2006, complaisamment diffus�e par Al Jazeera. Ensuite, par l�Etat islamique d�Irak (ISI) branche irakienne d�Al-Qa�da. L�ISI a justifi� l�attentat commis le 31 octobre dernier contre l��glise syriaque catholique de Bagdad (58 morts dont beaucoup d�enfants) en invoquant le sort de Camilla Shehata et Wafa Constantine et d�autres filles musulmanes, chr�tiennes � l�origine qui, selon l�ISI, sont �emprisonn�es dans des monast�res� en Egypte ! Et de menacer de �faire exploser� les lieux de culte copte au moment �o� ils seront remplis� ! C�est ce qu�ils ont fait vendredi dernier � Alexandrie, provoquant la mort de 21 personnes. Dans cette histoire compl�tement dingue, le r�gime �gyptien s�est born� � �luder la menace islamiste. Pour rappel, bien avant l�Alg�rie, le pr�sident Moubarak, � la suite de son pr�d�cesseur Anouar Sadate, a mis en selle les islamistes. Au fil du temps, le r�gime �gyptien n�a cess� de leur c�der des espaces. Il continue de fermer les yeux sur certains agissements d�El Azhar qui, de crainte de se voir d�pass� sur sa droite, multiplie les anath�mes et autres appels � la censure d��uvres et d��crits jug�s non islamiques. De plus, c�est ce m�me r�gime qui a d�cid� d�interrompre les �missions de t�l� et de radio cinq fois par jour pour la pri�re, avant que l�Alg�rie ne lui embo�te le pas ! De concession en concession, la greffe islamiste radicale a fini par prendre et contaminer une grande partie de la soci�t� �gyptienne au point qu�aujourd�hui les actes d�intol�rance commis contre des non-musulmans sont devenus monnaie courante et que le pays court le risque d�une confrontation interconfessionnelle.