Comme beaucoup de scotch�s, nous restons tr�s attentifs aux infos en provenance d�Egypte et de Tunisie. A ce propos, inutile d�esp�rer grand-chose sur les signaux sigl�s ENTV. Au boulevard des Martyrs, c�est encore le silence des cimeti�res et l�inertie des cam�ras qui auraient d� �tre au Caire et � Tunis, attend toujours le visa que ne d�livrera s�rement pas un r�gime momifi� par la peur de toute forme de libert� d�expression. Bient�t, m�me les BMS de la m�t�o seront d�crypt�s, avant diffusion, par le ministre de la Communication et aucun virus contagieux ne pourra perturber la douceur de nos vents violents, la candeur de nos orages d�vastateurs. L��il riv� au centre de la main de Fatma veille au grain... Ailleurs, par contre, sans humour ni d�rision aucune, les infos se foutent de la m�t�o et sortent plut�t de la d�bandade annonciatrice de chaos. En Tunisie, c�est Al Jazeera avec ses Mhamed Krichen et Le�la Cha�eb (journalistes d�origine tunisienne rentr�s dare-dare du Qatar) qui dame le pion aux Nessma TV, Hannibal et autres signaux locaux encore coinc�s par les non-dits, les a priori et les a posteriori de l��re Ben Ali. De son bureau install� momentan�ment � l�H�tel Africa (avenue Bourguiba et non loin de la M�dina), la cha�ne qatarie gagne de jour en jour en cr�dibilit� et laisse, par exemple, loin derri�re une Nessma TV plus prompte � caresser dans le sens du poil (la police, l�arm�e, l�actuel gouvernement de transition) que rendre compte objectivement du brouillard �pais qui p�se sur le devenir socio�conomique des petites gens, des sans-grade. Idem pour l�Egypte o� Al Jazeera, pourtant officiellement interdite (bureau ferm� et accr�ditations retir�es), fait ses choux gras et tire profit du constat dramatique et sid�rant de Oum Eddounia. Familles disloqu�es, �cole sinistr�e, �lites intellectuelles corrompues (ah, Adel Imam et son retournement de veste...), politiques sociales perverties ont �t� tout au long de la semaine les ingr�dients d�une info que suivait, para�t-il, le Moubarak accroch� aux basques de son arm�e. Non content d�avoir verrouill� internet (il a fait plus fort que les Chinois � la veille des JO de Pekin), le Ra�s s�en est pris � la t�l�phonie mobile mais �le t�l�phone arabe� et Al Jazeera ont �t� plus forts, n�en d�plaise aux censeurs encore en activit�. Ceci dit, chapeau bas au �C dans l�air� de Yves Calvi (France 5) du lundi. Au septi�me jour de la r�volte, le plateau aura r�ussi � nous dresser un tableau tr�s exhaustif de la situation tr�s justement intitul�e �Egypte, tout d�pend de l�arm�e�. Cl� de vo�te du r�gime, cette arm�e, ses colonnes de chars d�ploy�es, les passages en rase-motte d�avions de chasse au-dessus du Caire et le d�part r�clam� de Moubarak ont �t� savamment crois�s (images � l�appui) avec le soutien de l�ami de trente ans, les Etats-Unis... Le double-jeu, des uns et des autres, le rejet de la symbolique de Moubarak, l�arm�e �g�t�e, pourrie� depuis Nasser, la docilit�, la servilit� d�une grande partie du peuple, la souffrance sociale, le taux de pauvret� et les relations avec Isra�l ont �t� l� pour que l�on sache, que l�on comprenne la cocotte �gyptienne. Quant � la figure de proue de l�opposition, Mohamed Al Baradei (dont on a dit la chose et son contraire sur bon nombre de cha�nes fran�aises), on a su enfin d�o� il vient et on a appris autre chose que ce mandat de patron � l�AIEA. Le prix Nobel de la paix (2005), Ph. D en droit international (Universit� de New York) est, � 68 ans, le la�c d�sign� pour n�gocier avec le pouvoir en place, et m�me les Fr�res musulmans le soutiennent ! �Le manifestant pas comme les autres� souffrirait d�un d�ficit de notori�t� en Egypte mais sa carrure internationale donnerait un s�rieux coup de pouce au fils d�un ancien avocat, petit bourgeois... Sur le plan priv�, l��mission d�Yves Calvi nous aura montr� un Baradei plus �occidental � qu��oriental�, avec le mariage de sa fille (d�abord en maillot de bain) et une table �agr�ment�e� de vin. D�o� le hic qu�essayeront, tour � tour, d�expliquer les invit�s de plateau, les Gilbert Sinou� (�crivain franco-�gyptien) Barah Mikail (directeur de recherches), Tewfik Aclimandos (chercheur au Coll�ge de France) et Denis Bauchard (ancien diplomate). En fait, Mohamed Al Baradei n�est pas que le fantasme occidental que l�on devine chez TF1, F2, etc. C�est avant tout un wafdiste (le WAFD est le parti ind�pendantiste la�c qui a men� le mouvement de lib�ration de 1919 � 1952), sans carte de parti, issu d�une famille provinciale, extr�mement connu mais sans troupes populaires et politiques. R�ussira-t-il � f�d�rer toutes les oppositions et dans le m�me temps faire rev�tir l�arm�e de son uniforme de c�r�monie ? La question reste pos�e mais France 5 avec ce �C dans l�air� aura justifi� ses galons de cha�ne du savoir et de la connaissance. Avec �C dans l�air�, �C � vous�, �C politique�, �C � dire�, �C l�info�, �Empreintes�, �Caf� Picouly�, etc., c�est parti pour durer ! Retour aux sources Et c�est en restant sur le m�me signal, que la plong�e du samedi en apr�s-midi nous aura passionn�s avec un certain Serge Moati (le Franco-tunisien qui est fier de son embonpoint �couscoussier�), recevant un autre m�tiss� de culture, le fils de Berb�re, le Dany Boon du cin�ma. L�amuseur public devenu superstar ( Bienvenue chez les Ch�tis, a fait plus de 20 millions d�entr�es en salles obscures) de son vrai nom, Daniel Hamidou, aura bouscul� l�agencement de l��mission �Cin�mas� et le c�t� promotionnel de son dernier film Rien � d�clarer, n�a �t� qu�alibi � une longue confession pas piqu�e des hannetons. Commenc�e par un curieux �bienvenue au club� relatif au fait que Dany Boon s�est converti au juda�sme qui colle � la peau de Serge Moati, la confession en question aura polaris� sur le p�re ath�e, le Kabyle ex-boxeur devenu chauffeur routier �pousant une Fran�aise, catholique flamande. De sa vie modeste dans le nord, il ne garde qu�un vague souvenir d�enfance o� ni le berb�risme et encore moins le catholicisme ne lui sont d�un grand secours. D�o� sa conversion au juda�sme initi�e par sa seconde femme (il avait divorc� de Judith Godr�che en 2002), le mannequin Ya�l Harris avec qui il a une fille nomm�e Sarah. Les raisons de sa conversion ? �Dans le juda�sme, j�ai d�couvert qu�on se posait des questions, qu�on est plus humain. J�avais l�impression de revenir aux sources et j�y ai trouv� un rapport � l�humain proche de ma fa�on d�appr�hender ma vie, mon m�tier, la famille�, d�clare l�humoriste acteur, producteur et d�sormais r�alisateur de cin�ma. Il serait �videmment de tr�s mauvais ton de remarquer que cette conversion au juda�sme lui aura ouvert de grandes portes et que ce n�est qu�apr�s 2005, soit deux ans apr�s son mariage, que l�un de ses films d�passe enfin la barre du million de spectateurs. Mais bon, le petit Hamidou, devenu grand, ne perd pas le nord et c�est avec le dernier Rien � d�clarer qu�il compte bien r�gler ses comptes au racisme ordinaire, selon lui. La confrontation de deux douaniers, l�un Belge, l�autre Fran�ais, oblig�s de travailler ensemble (passage � l�Europe en janvier 1993), c�est du pain b�nit pour les blagues, les vannes et les propos racistes entre deux agit�s du bocal (Beno�t Pulvoorde et Dany Boon), ulc�r�s par la proche abolition des fronti�res et donc la fin de leur nationalisme en �tendard... Le film est d�abord sorti en Belgique et les critiques ne sont pas bonnes ! L�histoire est, para�t-il, simplette, vide et le cabotinage du tandem (compar� un temps au duo Bourvil - de Fun�s) est aussi plat que le pays des moules aux frites. Qu�importe, nous d�ici, on reste attentifs aux ennuis, aux querelles, aux zizanies d�un ailleurs auquel on ne cesse de se comparer sans oser passer � l�acte, sauter le Rubicon. M. N. S�LECTION TV HEBDOMADAIRE Libero ARTE jeudi 3 f�vrier 2011, 20h40 R�alis� par Kim Rossi Stuart Acteurs : Alessandro Morace, Barbora Bobulova, Kim Rossi Stuart, Marta Nibili Auteurs : Federico Starnone, Francesco Giammusso, Kim Rossi Stuart, Linda Ferri. Les blessures, les �mois et les t�tonnements quotidiens d'une famille bris�e par l'instabilit� pathologique de la m�re. Un premier film bouleversant de justesse et de pudeur. Depuis que leur m�re, Stefania, les a abandonn�s, Tommi et sa grande s�ur Viola sont sous la seule responsabilit� de leur p�re, Renato, un cameraman fauch� et caract�riel. Tous trois sont parvenus � se reconstruire et � trouver un �quilibre, soud�s malgr� leurs in�vitables d�saccords. Jusqu'au jour o� Stefania revient frapper � leur porte... Situ� dans l'Italie en crise du milieu des ann�es 2000, ce film grave et poignant �voque, � travers les yeux d'un gar�on de 11 ans, le quotidien d'une famille en proie � la pr�carit� et malmen�e par les oscillations d'une m�re immature. Les personnages, dont les contours psychologiques sont dessin�s avec une sensibilit� inou�e, laissent entrevoir leur fragilit� dans les moments de tension et dans l'intensit� des r�conciliations qui leur succ�dent. Viola, l'excessive, un brin na�ve, Tommi, le pr�adolescent introverti, doux et r�fl�chi, et Renato, leur p�re parfois path�tique mais toujours touchant, forment un trio bancal, �corch� par la terrifiante cruaut� de la vie, survivant uniquement gr�ce � l'amour qui les lie. Un amour souvent maladroit, empreint de violence et pourtant ind�niable. Majestueux dans l'interpr�tation comme dans la r�alisation, Kim Rossi Stuart signe un premier film �blouissant sur la famille, la solitude et la profondeur des �motions enfantines. LES AUTRES FILMS Post Coitum, animal triste Chronique parisienne d�une passion commune ARTE lundi 7 f�vrier 2011 � 20h40 Une femme de 40 ans s'�prend � la folie d'un homme plus jeune. Une �tude de m�urs directe et grin�ante par la r�alisatrice d' Outremeret de Sa m�re, la pute. Diane travaille dans une maison d'�dition. Alors qu'elle harc�le un jeune auteur pour qu'il finisse son roman, elle est s�duite par son colocataire, Emilio. D�bute bient�t, malgr� leur diff�rence d'�ge, une passion d�vorante qui l'accapare enti�rement, jusqu'� lui faire oublier son mari. Il faut dire que Philippe, avocat, est tr�s investi dans la d�fense de Mme Lepluche, la boulang�re qui a tu� son mari... L'amour fait mal Elle pleure en �treignant son oreiller, �coute mille fois �Ti amo�, d�laisse son travail et sa famille... Chacun se reconna�tra dans ce tableau lucide des douleurs de l'amour. Mais Brigitte Ro�an a l'intelligence de densifier cette histoire somme toute banale gr�ce aux intrigues parall�les. D'abord, bien s�r, le crime passionnel de Mme Lapluche (Fran�oise Arnoul), d�fendue par Philippe, formidable Patrick Chesnais. De m�me, c'est l'�nergie cr�atrice de l'�crivain, Fran�ois, ranim�e par Diane, qui va in extremis sauver celle-ci de sa d�pression mortif�re. C'est dans cette circulation vitale des d�sirs, dans ses points de vue discr�tement ironiques que Post Coitum �chappe � son programme attendu. Chronique parisienne d'une passion commune, il refuse l'hyst�rie pour mieux enregistrer les vertiges du quotidien. Les autres films Il y a longtemps que je t'aime France 3 jeudi 3 f�vrier 2011, 20h35 R�alis� par Philippe Claudel Acteurs : Kristin Scott Thomas (Juliette Fontaine), Elsa Zylberstein (L�a), Serge Hazanavicius (Luc), Laurent Gr�vill (Michel), Fr�d�ric Pierrot (le capitaine Faur�). Juliette est une femme raffin�e mais qui porte en elle une profonde m�lancolie. En effet, elle souffre sans vraiment se l'avouer de n'avoir plus aucun contact avec le reste de sa famille depuis plus de quinze ans. Comme si le destin voulait soigner les cicatrices du pass�, Juliette a l'occasion de renouer avec L�a, sa jeune s�ur. Toutes deux r�alisent alors � quel point elles ont �t� violemment s�par�es. Sans r�fl�chir, L�a propose � Juliette de venir chez elle. L�, elle fait la connaissance de Luc, le mari de sa s�ur, mais aussi de leurs fillettes. Pourtant, la m�lancolie demeure pr�sente en Juliette. Tant de sujets doivent maintenant �tre abord�s. La ranc�ur l'emportera-t-elle ?... Prim� � Berlin en 2008 et nomm� aux Golden Globes en 2009, ce drame familial est d'une grande subtilit�. Kristin Scott Thomas y excelle. De l'autre c�t� du lit TF1 dimanche 6 f�vrier 2011, 20h35 R�alis� par Pascale Pouzadoux Acteurs : Sophie Marceau (Ariane Marciac), Dany Boon (Hugo Marciac), Antoine Dul�ry (Maurice), Roland Giraud (Adolphe Nicart), Anny Duperey (Lise). Mari�s depuis dix ans, Ariane et Hugo m�nent une vie agit�e dans leur maison en travaux. Il dirige une soci�t� de location de mat�riel de chantier avec Adolphe tandis qu'elle vend les bijoux de Charlotte � domicile, mais ne parvient plus � assumer les t�ches m�nag�res ni � motiver leur entrepreneur afin qu'il poursuive les travaux. Ne supportant plus les remontrances de son mari, Ariane lui propose d'�changer leurs r�les. Pour r�ussir cette exp�rience, ils font appel � un coach, Maurice, au grand dam de Lise, la m�re d'Ariane, et de leurs enfants. Ariane et Hugo troquent travail, voiture et m�me leur c�t� du lit... Une com�die peu originale qui repose essentiellement sur le charisme du duo d'acteurs form� par Sophie Marceau et Dany Boon. Fauteuils d'orchestre France 2 dimanche 6 f�vrier 2011, 20h35 R�alis� par Dani�le Thompson Acteurs : C�cile de France (Jessica), Val�rie Lemercier (Catherine Versen), Albert Dupontel (Jean-Fran�ois Lefort), Laura Morante (Valentine Lefort), Suzanne Flon (madame Roux). Jessica a �t� �lev�e � M�con par sa grand-m�re, la douce madame Roux. Quand celle-ci se retire dans une maison de repos, Jessica quitte la province pour vivre � Paris et marcher sur les traces de son a�eule. En effet, madame Roux a �t� femme de chambre dans un h�tel de l'avenue Montaigne, et c'est tout naturellement dans cette art�re prestigieuse que Jessica commence � chercher du travail. Apr�s quelques tentatives d�sastreuses, elle est engag�e au �Bar des th��tres�, face � la Com�die et au Th��tre des Champs- Elys�es. Dans la premi�re salle, Catherine Versen, vedette de la t�l�vision, r�p�te, bien malgr� elle, une pi�ce de Feydeau... Un film choral qui �voque avec d�lices un monde nombriliste. C'est ici la derni�re apparition de Suzanne Flon � l'�cran.
