[email protected] Au moment o� les efforts se conjuguent pour monter les barricades de la contestation, le fameux Parti des �travailleurs �, lui, vient de choisir son camp. Celui de l�ordre immuable que repr�sente le r�gime. En soi, pareille orientation de la part de sa porte-parole, Louisa Hanoune, ne surprend gu�re. Depuis le temps (d�j� en 2004 !) que cette dame s�exerce au grand �cart entre la vulgate d�origine et la compromission politicienne qui doit encore s��tonner, � part �videmment le d�put� A�t-Hamouda(1), qu�elle ne fasse pas, une fois encore, la jonction avec la galaxie appelant au changement ? Comme en r�ponse, justement, � la vol�e de bois vert du parlementaire RCD, elle a d�cid� de prendre les devants et de partir en campagne pour le compte du palais. Ce jeudi, elle �tait en meeting � A�n-Defla afin d�allumer le premier contre-feu dans l�unique but de discr�diter ceux et celles qui pourtant ne souhaitent rien d�autre qu�� ce que la rue s�exprime. Reconnaissable dor�navant comme la suppl�ante (oserons-nous �crire suppl�tive ?) d�une alliance pr�sidentielle au profil bas, elle vient d�acc�der au meilleur traitement de faveur de la t�l�vision officielle. Une promotion de l�image qui, dans la circonstance actuelle, vaut un strip-tease. Pudiquement formul�es, les r�compenses accept�es ont indiscutablement quelques d�shonorantes contreparties dont les plus essentielles sont les reniements publics. Clairement int�gr�e dans le dispositif du pouvoir apr�s avoir fait croire qu�elle n�en sera jamais, l�exprima donna du prol�tariat est, � elle seule, un sujet d�ex�g�se. Son passage de la p�riph�rie vers le premier cercle n�est pas conjoncturel en v�rit�. Il s�est, au fil du temps, impos� sur la base d�une convergence de vues anciennes devenue connivence subtile. Il suffit, pour cela, de rappeler que le chef de l�Etat et la porte-parole de ce parti partageaient en commun, d�s 1999, la m�me approche de l�islamisme politique tout autant qu�ils demeurent en parfait accord sur l�intangibilit� de la nature de l�Etat. Du dogmatisme jacobin � l�amnistie sans condition, ils produisirent � distance les m�mes analyses. Les passerelles entre Bouteflika et Hanoune n�ont d�ailleurs jamais manqu� comme le d�montre l�analyse qui en a �t� faite jadis par Hachemi Cherif au lendemain de la pr�sidentielle de 2004. �Louisa Hanoune, �crivait- il, est apparue dans son vrai r�le de soutien � Bouteflika. Par son discours d�opposante � la ligne dite ��radicatrice�, elle ne pouvait que se reconna�tre dans la d�marche bouteflikienne �. Ce diagnostic sans nuance, elle-m�me ne l�a pas r�cus� en son temps. Car, estimait-elle, avec raison d�ailleurs, que ce n��tait pas son parti qui a chang� d�approche et de perspective depuis Sant� Egidio notamment, mais le pouvoir en Alg�rie qui est pass� d�un zeroualisme obnubil� par la solution militaire au bouteflikisme recadrant la crise dans les m�mes termes que ceux du contrat de Rome de 1994. A l�avant-garde d�une paix n�goci�e dans la guerre civile, son parti �tait, selon elle, une force de proposition que l�on a ignor�e avant que le pays change de pr�sident. Mieux encore, elle a toujours laiss� entendre que le processus de la concorde �tait ant�rieurement inscrit dans la r�flexion de son parti et cela afin de mettre un peu plus de lumi�re sur sa rectitude doctrinale. Mais alors, pourquoi s��tait-elle priv�e depuis une d�cennie des all�es gratifiantes du pouvoir ? La r�ponse est simple car celle-ci tourne, chez elle, autour du hiatus qui existe entre la philosophie du pr�sident et les approches techniques de l�intendance du gouvernement. En fine dialecticienne, elle a toujours entretenu ce genre de distinguo qui � la fois �pargne Bouteflika tout en faisant le proc�s de l�ex�cutif. Son �quation est la suivante : convergence d�clar�e sur les principes fondamentaux �nonc�s par Bouteflika mais d�saccord soulign� ponctuellement avec l�action des Premiers ministres et de leurs attelages. L�ambigu�t�, seulement apparente, de cette mise en �quidistance ne l�a, paradoxalement, pas d�sar�onn�e. Elle lui a m�me permis d�exercer avec intelligence le magist�re du �soutien critique� dont beaucoup de courants politiques n�en sont jamais revenus. C�est pr�cis�ment pour cette raison qu�El Mouradia s�est souvenu de son talent et d�cid� de l�envoyer en mission command�e au c�ur des incertitudes. Provisoirement ou durablement disqualifi�s, les Ouyahia et Belkhadem sont hors d�usage pour animer une contre-riposte � la pression de l�environnement politique. Voil� comment Hanoune, ce joker que l�on a r�guli�rement gard� dans la manche pour les mises en sc�ne des pr�sidentielles, est recycl�e dans le jeu officiel. H�las, loin de bonifier les 20 ann�es d�existence l�gale de ce parti, sa porte-parole a choisi de plaider une cause douteuse � laquelle m�me ses sympathisants les plus lucides n�y comprennent rien. Elle qui, dix ann�es auparavant, brandissait comme un troph�e, l�ind�pendance de toute tutelle occulte de son parti peut-elle en dire autant aujourd�hui ? Ainsi pour de sordides calculs politiciens, la dame Louisa vient de mettre sous curatelle une chapelle de combat imitant de la sorte la faillite de l�UGTA commise par un certain Sidi Sa�d qu�elle n�a cess� d�encenser. D�sormais, le monde des travailleurs n�a plus de porte-voix ni de porte-parole. Et ce n�est pas plus mal pour les combats futurs. C�est m�me un affranchissement ! B. H. (1) Lire les d�clarations du d�put� RCD publi�es dans Le Soir d�Alg�rie de jeudi 17 f�vrier.