La protestation des �tudiants se radicalise. D�autres instituts ainsi que les universit�s d�Alger, Oran, Constantine, Blida, Tizi-Ouzou, Annaba et M�sila ont rejoint hier le mouvement. La r�pression n�a fait qu�exacerber leur col�re. �Nous ne partirons pas d�ici tant que nos revendications ne sont pas satisfaites�, affirme-t-on. Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) -Une foule d��tudiants �tait rassembl�e hier, devant le si�ge du minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique. Les brigades anti�meutes ont quitt� les lieux, des policiers �taient post�s � l��cart, mais sans intervenir. Sur le portail du b�timent, les �tudiants ont accroch� banderoles, pancartes et affiches. �Harraoubia d�gage !�, �Ula� smah ula�, �Pouvoir assassin�, �Quelle honte ! Un minist�re sans d�cision !�, �On ne veut pas d�incomp�tents dans la tutelle �, �A quoi bon �tudier 5 ans pour un dipl�me de trois ans�, autant de slogans scand�s sous l�effet de la col�re et la d�ception. A deux reprises, des protestataires d�cha�n�s ont tent� de forcer le portail du b�timent officiel. Fonctionnaires et policiers ont �t� subitement pris de panique. Des �non, non�, fusaient de partout. �Nous sommes des �tudiants pas des voyous. Nous sommes civilis�s�, a hurl� la masse des �tudiants. Bien organis�s, les universitaires n�ont pas voulu envenimer la situation, d�j� tr�s tendue. �Ce sont des �tudiants de l��cole nationale v�t�rinaire d'Alger, militants de l�Union g�n�rale des �tudiants libres (UGEL), qui ont voulu r�cup�rer ce mouvement. Ce sont eux qui ont voulu forcer le portail. Nous les connaissons�, r�v�le un d�l�gu� des �tudiants. Durant la matin�e, des universitaires, repr�sentant diff�rents �tablissements du sup�rieur du pays ont continu� d�affluer sur les lieux sous les applaudissements de leurs camarades des �coles et instituts implant�s � travers le pays : �cole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU), �cole sup�rieure d�informatique (ESI), l�Institut des technologies de l�information et de la communication (ITFC), l��cole nationale sup�rieure des sciences de la mer et de l�am�nagement du littoral (ENSSML), Institut national du commerce (INC), �cole nationale sup�rieure des travaux publics (ENSTP), l�Universit� des sciences et de la technologie d'Oran (USTO), Institut national de commerce d'Alger (EHEC), �cole nationale sup�rieure d�agronomie (ENSA), etc. La liste est longue. En l�absence d�une structure officielle, il est difficile de d�nombrer les �tablissements concern�s. D�une mani�re g�n�rale, ce sont tous les �tablissements universitaires qui suivent le syst�me d��tudes classique. �Pour emp�cher les autres de rallier le minist�re, les trains et les transports estudiantins ont �t� arr�t�s. Beaucoup de nos amis n�ont pas pu venir jusqu�� nous�, raconte Mohamed, �tudiant � l��cole sup�rieure du commerce. Lundi, les d�l�gu�s de huit �coles et instituts de formation sup�rieur, en gr�ve depuis deux semaines ont d�pos� une demande d�audience au niveau du minist�re de l�Enseignement sup�rieur. �Nous n�avons obtenu aucune r�ponse. On nous a envoy� le petit personnel pour nous faire comprendre que nous serons re�us mercredi. C�est quoi ce jeu ? Nous voulons une r�ponse officielle pas informelle�, indique C�lia. Des r�unions ont d�j� �t� tenues avec le conseiller du ministre et le directeur g�n�ral de l�enseignement, sans aboutir � des r�sultats concrets, d�clare-t-on. �Ils nous ont dit qu�ils ne peuvent rien pour nous�, dira Mehdi. �Ils disaient que nous �tions leurs enfants, mais cela ne les a pas emp�ch�s de nous tabasser. Nous ne voulons plus dialoguer avec eux, ils nous ont malmen�s et m�pris�s�, s��crie Mohamed. Les �tudiants affirment tenir leur rassemblement quotidiennement jusqu�� la satisfaction de leur revendication : l�annulation du d�cret pr�sidentiel 10-135. L�ENA rejoint le mouvement Les �tudiants de l��cole nationale d�administration sont en gr�ve depuis dimanche dernier. Tous les matins, les 99 �tudiants rejoignent l�amphith��tre et y restent de 8h � 17h15, sans assister aux cours. Comme tous les autres, ils protestent contre la promulgation du d�cret pr�sidentiel 10-135 qui red�finit le classement des dipl�mes. Un classement qui d�valorise les �tudiants des �coles et instituts sup�rieurs. �Nous voulons que notre formation de bac+7 ou 8 pour les ing�nieurs soit transf�r�e de la cat�gorie 14 vers une cat�gorie sup�rieure�. Il n�est pas normal, disent-ils, de nous mettre avec les autres alors que la formation de leur �cole est l�une des plus exigeantes et des plus difficiles. Les gr�vistes demandent �galement l�obtention de l��quivalence acad�mique de leur dipl�me puisque leur formation est simultan�ment pratique et acad�mique. �L�affectation des �l�ves vers des fonctions qui leur permettent de contribuer � consolider les fondements d�une administration moderne et dynamique reste floue. On ne sait pas comment cela se passe�. Des �crits ont �t� adress�s aux minist�res de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales, de l�Environnement sup�rieur et � la Fonction publique mais qui sont rest�s lettre morte. I. B. Les enseignants d�noncent la r�pression contre leurs �l�ves Le Collectif des enseignants de l�Universit� des sciences et technologie Houari- Boumedi�ne d�nonce la bastonnade des �tudiants par les forces de l�ordre. �Nous d�non�ons la r�pression sauvage qui s�est abattue sur les �tudiants en sit-in pacifique devant le minist�re. Nous d�non�ons l�absence totale de n�gociations avec les repr�sentants r�els et l�gitimes des �tudiants �, note le collectif dans un communiqu�. En demandant l�abrogation du d�cret mis en cause, le collectif ajoute qu�il est mobilis� pour la d�fense d�une �universit� alg�rienne, d�mocratique, publique et performante�. L�association Nedjma de la Facult� des sciences humaines et sociales de Bouzar�ah d�nonce �galement la r�pression dont ont �t� victimes les �tudiants. �La tutelle semble indiff�rente � tout ce qui pr�occupe ces �tudiants et n�affiche aucune volont� en vue du r�glement de leurs probl�mes. Par ailleurs, on mobilise un dispositif aussi important de forces anti�meutes pour r�primer toute libre expression de la part de ces m�mes �tudiants. � De m�me, des enseignants de l�Ecole nationale sup�rieure de journalisme et des sciences de l�information ont publi� une d�claration dans laquelle ils d�noncent �l�usage de la violence � l�encontre des �tudiants qui demandent, depuis d�j� plusieurs semaines, l�annulation des dispositions r�glementaires d�valuant leurs dipl�mes�. �Nous apportons toute notre solidarit� � leurs revendications que nous estimons l�gitimes�, concluent-ils. I. B. Le minist�re ferme ses portes m�me � la presse Avec des confr�res, nous avons demand� hier � rencontrer le charg� de la communication du minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la recherche scientifique pour s�enqu�rir de la situation. L�agent de s�curit�, post� � l�entr�e du b�timent, nous a pri� d�attendre. L�attente devenant longue, nous avons insist� pour rencontrer un responsable. En fin de compte, le m�me agent a fini par nous r�pondre que les concern�s �taient absents.