Par Hassane Zerrouky Combien de cadavres faudra-t-il � Mouammar Kadhafi pour accepter que le temps des autocrates est fini ? Apr�s avoir envoy� son fils menacer les Libyens, on a vu mardi un homme aux abois, tenir des propos d�cousus, promettre un bain de sang � ceux qui contestent sa dictature et exigent des r�formes politiques. Un homme aux abois parce qu�� l�instar de Ben Ali, qui avait verrouill� le champ m�diatique, le dictateur libyen est � son tour victime de cette terrible arme de destruction massive que sont internet, Facebook et Twitter : il n�a pu imposer le huis clos, chaque jour des Libyens alertent et informent sur ce qui se passe dans leur pays. Bien plus, son r�gime se d�lite. Apr�s le ministre de la Justice, c�est au tour du ministre de l�Int�rieur de dire �basta� au massacre des civils. Des ambassadeurs et de nombreux diplomates en poste � l��tranger ont ralli� la contestation. Des d�fections ont �galement touch� l�arm�e et les appareils r�pressifs. Qui plus est, apr�s Benghazi, Tobrouk est tomb�e aux mains des insurg�s. Comme tous les potentats et autocrates arabes et maghr�bins, le guide libyen, tout � son arrogance, n�a pas vu venir le vent de la libert� qui souffle sur cette partie de la plan�te. Voil� un homme dirigeant un pays riche, tr�s riche. La Libye ne comptant que 7 millions d�habitants dont trois millions d�immigr�s, Mouammar Kadhafi aurait pu en faire un second Duba�. Il n�en a rien �t�. La Libye est un pays socialement d�labr�, avec un syst�me �ducatif pas m�me moyen, des infrastructures qui laissent � d�sirer compte tenu des moyens financiers colossaux dont dispose ce pays. Tout ce qui int�ressait l�autocrate libyen �tait de d�penser sans compter l�argent du p�trole dans l�achat d�armes afin de r�aliser son r�ve, celui de faire de la Libye une puissance militaire, finan�ant des mouvements rebelles africains aux objectifs douteux, se r�vant � la t�te d�un grand ensemble r�gional � le projet de Grand Sahara central allant de la Mauritanie � la Libye, englobant une partie du Sud alg�rien et les pays du Sahel � narguant l�Occident capitaliste, sans se rendre compte que ce dernier l�instrumentalisait et l�encourageait dans son entreprise de d�stabilisation r�gionale. C�est de cela et de bien plus encore que ne veulent plus les Libyens. Ils ne d�col�rent pas contre les extravagances, les frasques et la vie de pacha en Europe de ses enfants. L�un d�eux, Hannibal, se fait arr�ter en Suisse pour avoir violemment tabass� son valet de chambre marocain ? Le guide r�pond par l�arrestation d�hommes d�affaires suisses et contraint les autorit�s helv�tiques � laisser son voyou de fils quitter Gen�ve. Un autre se fait arr�ter � Paris, remontant les Champs- Elys�es � plus de 100 km/heure, en �tat d�ivresse, avant d��tre lib�r� ! Outre l�oppression au quotidien, dans un pays caract�ris� par �z�ro d�mocratie� o� des milices font r�gner la terreur, les Libyens en ont assez du c�t� fantasque, burlesque et provocateur de Kadhafi. Comme par exemple, le fait d�imposer aux pays qu�il visite de planter sa tente, accompagn� de ses amazones � au fait que vont-elles devenir ? � et de son infirmi�re ukrainienne ! Ou de faire ces d�clarations tonitruantes sur l�immigration africaine qui menacerait l�Europe ou d�appeler les Italiens � se convertir � l�Islam ! La dynamique de la contestation populaire est telle en Libye qu�il est � se demander si la Djamahiriya, cet �Etat des masses populaires�, n�est pas en train de vivre ses derniers instants. Terminons en accordant la palme � l�ENTV. Alors que toutes les t�l�s de la plan�te ouvrent sur ce qui se passe en Libye, il faut attendre 30 minutes avant que l�Unique daigne informer (moins d�une minute) sur la situation libyenne. De crainte que �a donne des id�es aux Alg�riens ? Ou par solidarit� avec un r�gime �fr�re� ? Sans doute les deux. Mais � l�heure d�internet et de la t�l�vision satellitaire, rien ne sert de cacher le soleil avec un �gherbal � (tamis) !