De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Un rassemblement ou un congr�s, le terme ne semble pas avoir �t� d�finitivement arr�t�, des musulmans de France mais aussi de toute l�Europe sera organis� en juin prochain sous l��gide de la Grande Mosqu�e de Paris et des associations cultuelles alg�riennes : c�est l� l��v�nement annonc� par Abdelhalim Benattallah, secr�taire d�Etat charg� de la Communaut� nationale � l��tranger � l�issue de sa tourn�e en France. Quant � la deuxi�me information donn�e par le secr�taire d�Etat, elle concerne les discussions en cours � Alger sur la r�vision des accords alg�ro-fran�ais de 1968 qui sont dans une �tape qu�il qualifie de �pr�liminaire� mais qui se d�roulent, selon les informations qui lui sont parvenues d�Alger, �dans les conditions et l�atmosph�re que nous souhaitons�, m�me si les n�gociations n�ont pas r�ellement d�marr�. C�est � la Grande Mosqu�e de Paris que rendez-vous a �t� donn� aux journalistes pour un point de presse concluant la visite qu�a effectu�e tout au long de la semaine Abdelhalim Benattallah, secr�taire d�Etat charg� de la Communaut� nationale � l��tranger et qui l�a conduit dans plusieurs villes fran�aises � la rencontre de repr�sentants d�associations de la communaut�. En pr�sence de Dalil Boubekeur, recteur de la Mosqu�e de Paris, le secr�taire d�Etat a tenu � affirmer, d�entr�e de jeu, que dans le contexte actuel, il y a une relation de confiance avec �la Grande Mosqu�e de Paris, � sa t�te Dalil Boubekeur. Son r�le, son rayonnement en France et en Europe sont un atout important � mettre au service de notre communaut�. C�est pourquoi, nous explique le ministre, des discussions (les deuxi�mes du genre) avec la Mosqu�e de Paris et des consultations avec les diff�rents responsables du tissu associatif, il en est ressorti qu�il fallait absolument que notre communaut� donne une image de rassemblement d�unit� et de pr�sence et c�est sur cette base que �l�id�e est venue de penser � un congr�s ou un rassemblement sous l��gide de l�autorit� de la Grande Mosqu�e de Paris et des associations cultuelles alg�riennes�. Le consensus s�est �galement fait, poursuit le ministre, sur l�id�e d��largir ce rassemblement � l�ensemble des repr�sentants d�associations cultuelles �tablies en Europe de mani�re � donner une dimension europ�enne, de f�d�rer les efforts et de resserrer les rangs de notre communaut� � l��chelle europ�enne. Ce rassemblement se tiendra d�but juin et, dit le ministre, �nous allons continuer les discussions sur les modalit�s de rassemblement de notre communaut� dont la Mosqu�e de Paris a eu la bonne id�e et qui va �tre pilot� de bout en bout par Dalil Boubekeur�. Ce dernier, justement, explique le pourquoi de ce rassemblement et ce qu�il faut en attendre : �Il s�agit, bien entendu, de vivre avec son temps et de r�pondre aux exigences qui se manifestent ici ou l� et avec monsieur le ministre nous avons convenu d�un rassemblement qui puisse intervenir tr�s bient�t et qui permette aux expressions les plus vari�es, celles des musulmans d�origine alg�rienne de France mais aussi de toute l�Europe de se manifester. C�est cette expression qui facilitera une synth�se et permettra de comprendre que les vieilles querelles, les vieilles divisions, les vieilles visions assez discordantes et injustes nous concernant n��taient qu�une illusion et qu�en r�alit�, il y a un lien f�d�rateur, je dirai m�me un lien identitaire dans notre pr�sence qui est complexe, qui est ce qu�elle est mais elle existe. Avec la tourn�e du ministre, je pense que les autorit�s ont pris conscience qu�il y a quelque chose � faire ; qu�il y a une attente et nous sommes tout � fait heureux et honor�s de participer d�une mani�re comme toujours symbolique mais efficace, avec des moyens que nous pouvons pour �uvrer au b�n�fice de notre communaut�.� Le deuxi�me point de conclusion que rel�ve M. Benattallah concerne ses rencontres avec �les comp�tences et les �lus d�origine alg�rienne�. Deux �l�ments sont ressortis de ces rencontres, nous dit le ministre : une tr�s forte volont� notamment au sein des �lus d�origine alg�rienne de se mettre au service de notre communaut� et ils le font notamment en faveur de ceux qui portent un projet dans leurs r�gions d�origine. C�est l� une tendance qu�il faut encourager. Ces �lus d�origine alg�rienne souhaitent aussi en particulier l�appui de la communaut� qui est dispos�e, pr�cise le ministre, � le leur accorder. Partant, �il y a un r�seau qui semble se constituer � cet �gard�, conclut M. Benattallah, qui a bien voulu r�pondre, en tant que recteur, aux questions du Soir d�Alg�rie. K. B.-A. Benattallah et Dalil Boubekeur r�pondent aux questions du Soir d�Alg�rie Le Soir d�Alg�rie : Ma question s�adresse aux deux : M. le Ministre et M. le Recteur : ce rassemblement des musulmans alg�riens d�Europe ne vient-il pas en r�ponse aux attaques qu�ont subies l�islam et les musulmans pas seulement d�ailleurs en France mais en Europe, attaques qui viennent, y compris maintenant, de la droite dite �r�publicaine � qui stigmatise en France en organisant une rencontre �la�cit� et islam� centr�e sur la seule religion musulmane et � laquelle vous, M. le Recteur, avez refus� de prendre part ? M. Halim Benattallah : Le facteur essentiel, le d�nominateur commun, c�est se f�d�rer, se rassembler. Retrouver son unit�, de la s�r�nit� dans un environnement qu�il nous appartient de g�rer de mani�re positive. C�est l� le message politique et ce n��tait pas �vident. Il �tait essentiel �galement qu�il y ait la conjugaison des efforts entre l�Etat alg�rien, sur mandat du pr�sident de la R�publique, de travailler de concert, de positiver la relation de l�Etat alg�rien avec sa communaut� et de pouvoir, en toutes circonstances, d�boucher sur un projet f�d�rateur. Ce projet nous y travaillons ensemble. Il aura une dimension europ�enne et sera un point de d�part et non une station d�arriv�e. Il sera le point de d�part d�autres initiatives avec les comp�tences, avec diff�rentes cat�gories socioprofessionnelles de mani�re � avoir une s�rie de r�seaux de solidarit� et d�entraide au sein de notre communaut�. M. Dalil Boubekeur : Je peux vous dire que ce travail, comme disait M. le Ministre, n�est pas une arriv�e, c�est un d�part et m�me un d�part tardif car il y a longtemps qu�on aurait d� nous compter, voir notre r�alit� non seulement en France mais dans toute l�Europe. Vous savez que nous sommes dans une Europe constitu�e de plusieurs nations et dans toutes ces nations nous sommes pr�sents par l�histoire, par le travail, par les intellectuels qui y vivent. Il est bon de voir comment les autres peuvent se joindre � nous. Et plus simplement encore, dans la vie spirituelle, nous accorder avec tous nos fr�res, toutes nos s�urs si divers et si vari�s, qui sont une v�ritable richesse un peu, h�las, dispers�s dans le monde et notamment en Europe. Il y a des d�bats actuels, vous l�avez signal�, sur la la�cit� mais qui n�avaient absolument rien pour nous y atteler. Comment voulez-vous que des gens comme nous ignorent quoi que ce soit de la la�cit� ? C�est tout de m�me nous qui l�enseignons. Je reviens de Washington, o�, dans le cadre de l�ambassade de France aux �tats- Unis, nous avons dit aux Am�ricains o� on en est, nous musulmans de France, dans la la�cit� � la fran�aise. Il n�y a rien de surprenant pour nous, il n�y a rien de nature � nous blesser ou � nous stigmatiser, simplement il y a lieu de discuter des �l�ments d�application, des possibilit�s d�ouverture des diff�rents cultes et nous ne sommes pas le seul culte en France concern� par la la�cit�. On sait, Monsieur Boubekeur, que les crit�res arr�t�s par le gouvernement fran�ais et qui ont pr�valu dans la repr�sentativit� au sein du CFCM ont tr�s largement d�favoris� la repr�sentation des Alg�riens musulmans dans cette institution. Allez-vous continuer � les accepter pour le renouvellement du Conseil fran�ais du culte musulman de France ou bien allez-vous agir pour sortir de ces crit�res et comment ? M. Dalil Boubekeur : Nous n�avons jamais accept� des crit�res dont nous savions que dans leur application, il y aurait une iniquit� absolument incroyable concernant l�ensemble de ce que nous repr�sentons, qui est tout de m�me suffisamment important pour que dans une structure comme le CFCM, nous ayons notre place, ni plus, ni moins, mais notre place normale, proportionnelle � ce que nous repr�sentons. Nous avons fait des propositions qui n�ont, � l�heure o� je vous parle, re�u aucune suite. Nous sommes en stand-by. Donc nous attendons et je souhaite que nos autorit�s et le ministre ici pr�sent, qui a indiqu� le dynamisme de notre ensemble en France, fassent que ces crit�res ne soient pas p�rennes et que l�on ne continue pas � �tre abus�s de la sorte. Vous �tes secr�taire d�Etat charg� de toute la Communaut� nationale � l��tranger. C�est votre deuxi�me grand passage en France. Le premier vous l�avez effectu� en ao�t-septembre 2010 et aux deux voyages effectu�s, vos rencontres semblent essentiellement domin�es par le cultuel. Est-ce � dire qu�aujourd�hui, la communaut� n�a de probl�mes que religieux ? Je vous avais pos� la m�me question en septembre dernier et voil� que l�on retrouve quasiment ce th�me unique. Par ailleurs, vous aviez promis lors de votre premier d�placement un �tat des lieux par vous-m�me avant le lancement du fameux Conseil consultatif des Alg�riens � l��tranger (cr�� par d�cret et non mis en place depuis presque deux ans) . O� en �tes-vous dans cet �tat des lieux et dans cette mise en place du Conseil ? M. Halim Benattallah : Je suis venu une premi�re fois en France le mois de Ramadan et c��tait un premier d�placement qui avait commenc� d�ailleurs par les pays voisins : Tunisie, Maroc, puis la France. Ce premier d�placement visait un t�moignage de proximit� de l�Etat � la communaut� pendant ce mois sacr�. En second lieu, je suis venu en France le mois d�octobre dernier pour c�l�brer le 17 Octobre, un anniversaire bien particulier et j�ai �t�, au nom du pr�sident et du gouvernement, pr�sent aupr�s de notre communaut� pour continuer � cultiver la m�moire sur laquelle l�Etat alg�rien travaillait de son c�t�. C�est en d�finitive la premi�re fois que j�entreprends, pas seulement des dialogues mais aussi des consultations avec le mouvement associatif cultuel, que j�ai �largi � ne l�occultez pas � � des comp�tences et �galement � des �lus d�origine alg�rienne. Cela t�moigne d�une d�marche qui prend progressivement la mesure d�une r�alit� qui est complexe et sur laquelle nous nous effor�ons de travailler. Je dois mentionner �galement � sans doute l�avez-vous perdu de vue � que je vais bient�t, le 16 de ce mois, rencontrer une partie de notre �lite en Angleterre et une s�rie de rencontres avec les comp�tences vont suivre. Cela dit, il y a un certain nombre de projets qui sont en cours, comme l�enseignement de l�arabe et de tamazight � distance et �galement l�op�ration de rapatriement des corps. Il y a donc une toile qui se tisse, des �l�ments qui se mettent en place au fur et � mesure et tous les �l�ments sont li�s. Nous ne privil�gions pas en particulier un domaine par rapport � un autre mais nous travaillons �galement sur la conjonction politique.