De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Mohamed Benmeradi est en France pour une visite de travail du 19 au 22 avril, nous apprend l�ambassade d�Alg�rie en France. Cette visite intervient deux jours � peine apr�s que Paris eut, par la voix d�Alain Jupp�, ministre des Affaires �trang�res, salu� les r�formes annonc�es par Bouteflika la veille. Quelle lecture peut-on faire de cette position pour le moins tr�s rapide de la France quant aux annonces de r�formes du chef de l�Etat alg�rien et de ce d�placement du ministre alg�rien qui s�en est vite suivi ? Les faits remontent � samedi dernier, soit au lendemain de l�intervention t�l�visuelle du pr�sident Bouteflika. En marge d�un colloque sur �le printemps arabe� organis� par son minist�re � Paris, Alain Jupp� a d�clar� aux journalistes : �Le pr�sident Bouteflika a annonc� un certain nombre de r�formes de la Constitution, des partis politiques, de la loi �lectorale, de la d�centralisation, de l�audiovisuel. Tout ceci va dans la bonne direction�� La France venait par cette d�claration, tr�s largement reprise dans les m�dias de l�Hexagone, de d�livrer un certificat de bonne conduite au chef de l�Etat alg�rien. Ce dernier, m�me si dans son discours de la veille se disait contre toute ing�rence �trang�re dans ce qui se passait dans le monde arabe, ne peut bouder son plaisir de voir l�Etat fran�ais approuver ses d�clarations de r�formes, m�me si elles ne sont que d�intention, ce que la France s�est bien gard�e de relever au passage. Et coup sur coup, l�ambassade d�Alg�rie nous apprend, par un communiqu� �mis dimanche, la visite en France du ministre alg�rien. Textuellement, et c�est assez �difiant, le communiqu� annonce que �M. Mohamed Benmeradi, ministre de l�Industrie, de la PME et de la Promotion de l�investissement, effectuera une visite de travail en France du 19 au 22 avril courant. Il aura des entretiens, notamment avec l�ancien Premier ministre J. P. Raffarin. Le programme de la visite vous sera communiqu� d�s sa r�ception�. C�est pour le moins curieux que deux jours avant la visite, le programme de celle-ci ne soit pas ficel� et c�est dire la pr�cipitation de cette visite. Au passage aussi, mais l� il s�agit d�un probl�me de forme qu�il est toutefois n�cessaire de relever : ce n�est pas au titre d�ancien Premier ministre que J. P. Raffarin recevra M. Benmeradi mais en tant que charg� par Sarkozy �des affaires �conomiques avec l�Alg�rie� et ayant bien pour vis-�-vis alg�rien M. Benmeradi. La pr�cision aurait �t� int�ressante � rappeler. �a l�est d�autant plus que Raffarin a �t� charg� par Sarkozy de �sceller la r�conciliation� avec notre pays. Deux voyages faits � ce titre en Alg�rie, le dernier en f�vrier dernier, ont permis, selon Raffarin qui s�exprimait � l�issue de l�audience que lui avait accord�e le pr�sident Bouteflika, �de faire le tour des diff�rents dossiers et je suis tr�s heureux de voir le soutien du chef de l�Etat � ces dossiers �conomiques et sociaux tourn�s vers la premi�re des attentes de l�opinion publique qui est l�emploi��. Cet emploi miroit� en aval est �videmment la r�sultante de grands projets en amont que pourrait rafler la France en cette p�riode de vaches maigres. Toujours � propos de ces voyages de Raffarin et notamment celui de f�vrier dernier, l�on se rappelle que cet envoy� sp�cial de Sarkozy s��tait �rig�, par ses nombreuses d�clarations � la presse fran�aise, en attach� de presse de notre pr�sident nous donnant m�me des nouvelles sur sa sant� et sur l�appr�ciation du chef d�Etat alg�rien des r�volutions arabes en cours. En fait, et pour tenter de d�crypter la position officielle fran�aise sur le discours de vendredi dernier de Bouteflika, il y aurait comme un deal : la France soutient, et pas seulement du bout des l�vres, les r�formes de Bouteflika, m�me si elles apparaissent pour l�instant comme de simples vell�it�s ; elle montre ses bonnes intentions envers notre pays en pr�c�dant cette position officielle par le d�nouement de certains dossiers qui f�chent� affaire Hasseni et le non-lieu prononc� ; affaire de Tibehirine, m�me si celle-ci n�est pas r�gl�e d�finitivement, reprise des n�gociations sur les accords de 1968� puis enfin ce blanc-seing sur les r�formes accord� officiellement � Bouteflika. En contre-partie, la lev�e, en faveur de la France, des freins � l�acc�s � l�immense march� alg�rien et aux capacit�s financi�res sans pareil pourra permettre de donner un coup de pouce � une �conomie fran�aise en berne. Il faut aussi r�ussir co�te que co�te � par la concr�tisation des engagements de la partie alg�rienne � la grand-messe pr�vue fin mai entre les PME des deux pays. C�est aussi l�occasion pour la France, embourb�e en Libye et pas seulement, de se voir accorder une pause dans son soutien aux mouvements d�mocratiques qui se font jour dans un Maghreb tourment� et qu�elle a engag�, pensant en recueillir les retomb�es �conomiques qui ne viennent pas encore. Quoi de plus b�n�fique pour la France dans le domaine des affaires qu�un cadre institutionnel, politique et social stabilis� ?