Devant une situation qui ne fait qu�empirer, on est en droit de se demander si la wilaya de Tlemcen est r�gie par des lois, si elle jouit d�un statut particulier qui fait d�elle une zone franche non d�clar�e livr�e � des trabendistes de tous bords. Depuis plus d�un mois, la capitale des Zianides est abandonn�e � elle-m�me. Aucune r�action des pouvoirs publics pour mettre fin au trafic de carburant vers le Maroc et on se demande si certains ne poussent pas au pourrissement et dans quel but. Comme il fallait s�y attendre, les transporteurs publics ont r�agi par une gr�ve qui a paralys� toute la wilaya de Tlemcen pour protester contre la p�nurie de gasoil qui les oblige � r�duire leurs activit�s. Mais comment peut-on expliquer l�indiff�rence des autorit�s devant ce fl�au qui menace tous les secteurs de production ? Nul ne peut �valuer le manque � gagner engendr� durant une seule journ�e de gr�ve. Tous les bus qui desservent les localit�s du Grand Tlemcen ont suivi le mot d�ordre et ce sont des milliers de travailleurs qui n�ont pu rejoindre leur travail. Si cette crise de carburant perdure, il faudra s�attendre au pire car le diktat des hallaba peut susciter de graves r�actions chez la population qui se sent vraiment abandonn�e. Au niveau des stations approvisionn�es par Naftal, c�est l�anarchie totale et les interminables files d�attente de v�hicules bloquent carr�ment la circulation, sans que personne r�agisse. Le pire a �t� �vit� de justesse � Riat-El-Hamar o� sont implant�es deux stations-services. A cet endroit, la route est tout le temps bloqu�e. Un automobiliste coinc� dans la circulation est sorti de son v�hicule avec un gourdin � la main pour passer et sa col�re �tait justifi�e car devant accompagner un malade aux urgences. Dans une autre station, on �tait � quelques doigts d�un drame, o� deux personnes ont failli s'entretuer � l�arme blanche. De l�autre c�t� de la fronti�re, on doit bien rire de ce qui se passe dans cette ville de l�extr�me ouest d�Alg�rie. Rappelons tout simplement qu�au d�but des ann�es 1980, le trafic de carburant ne d�passait pas les fronti�res de la da�ra de Maghnia, cependant, ce cr�neau s�est av�r� par la suite le plus rentable et a donn� naissance � ce que tout le monde appelle aujourd�hui les �hallaba�, un r�seau tr�s bien organis� des deux c�t�s de la fronti�re, v�ritable �industrie� mobilisant plus de 800 v�hicules. D�ailleurs, les barons du carburant ne se contentent plus de voitures l�g�res au double r�servoir. On fait appel aux poids lourds pour plus de rentabilit�. Un seul voyage peut g�n�rer un b�n�fice de 1 million de centimes par jour. Mais comment peut-on faire passer une telle quantit� de carburant par une fronti�re officiellement ferm�e ? Tout le monde aura compris que personne n�arr�tera ce trafic ; s�il y avait une r�elle volont� de combattre ce fl�au on commencerait par surveiller les �ternels v�hicules qui assi�gent les stations-services quotidiennement. Les hallaba ont gagn� leur pari, ils ont mis tout le monde devant le fait accompli. � Tlemcen, on doit r�fl�chir � un autre moyen de transport. Le terrorisme �conomique � de beaux jours devant lui. Un imam a d�clar� ce trafic illicite (h�ram) par le biais d�une fatwa mais que peut un d�cret religieux quand les lois de la R�publique sont ignor�es ? Aux derni�res nouvelles, les transporteurs priv�s ont d�cid� de poursuivre leur gr�ve.