Par Arezki Metref [email protected] Dimanche 15 mai : DSK � NY ! R�veil au son du clairon. Une nouvelle vient de tomber d�Am�rique. Elle est d�j� sur toutes les l�vres, celles des journalistes de France Info, de toutes les t�l�s du c�ble et d�ailleurs. Elle est port�e, relay�e, �tendue, �tal�e, surdimensionn�e, agrandie � l�envi, amplifi�e par tout le monde. C�est une information qui est port�e par la rumeur. Une dr�le de chose, en somme, en ces temps o� l�instantan�it� de l�information � image et son, ou presque ! � instille une part des faits laissant les autres parts dans le flou propice � la sp�culation. Mais de quoi tu parles ? De DSK, pardi ! Oui, tu sais, le directeur g�n�ral fran�ais du FMI que beaucoup prennent pour une institution � but caritatif qui vient en aide aux pays en difficult� ! Mon �il, c�est tout le contraire, c�est un bocal de requins qui d�chiquettent les �conomies fragiles pour mieux les jeter dans l�escarcelle des gros ! �a ne peut que faire marrer d�entendre une responsable socialiste fran�aise proche de DSK dire que les Tunisiens attendaient avec impatience qu�il vienne au nom du FMI leur filer un coup de main ! Bon, bref, c�est pas de �a qu�on cause ! De quoi ? DSK ! Oui, il aurait tent� de violer une femme de m�nage au Sofitel de Square Times � New York puis a pris la poudre d�escampette. Comme dans un film, les flics l�ont rattrap� dans l�avion pour Paris� Monsieur DSK ? - Oui, c�est moi, de quoi s�agit-il ? � Veuillez nous suivre ! Direction : un commissariat de Harlem ! Puis la d�gringolade commence. Mais on ne sait toujours rien de ce qui s�est pass� dans l�intimit� de cette suite � 3 000 dollars la nuit�e. Une femme de m�nage ? Oui, elle aurait la trentaine, �l�verait seule sa fille dans un logement du Bronx. Elle s�appellerait Oph�lie et serait tr�s belle ! Voil� ce qu�on sait ce dimanche matin. Ou ce qu�on croit savoir, en fait. Toujours est-il, qu�en France en tout cas, cette affaire domine la vie sociale et m�diatique. Bref, on ne parle que de �a. Bien entendu, les conspirationnistes � et pas seulement eux, mais plus de 53% des Fran�ais � crient au complot. A moins d�un accident, et c�en est un, et pas la moiti� d�un, car DSK devait gravir les marches de l�Elys�e et saluer sur le perron le monde en mai 2012. C��tait couru d�avance, qu�ils disaient ! Eh bien, voil�, des forces obscures difficilement identifiables ont �vol� par l�usage d�un complot abracadabrant leur favori aux Fran�ais. Mais qui ? Devant l��normit� des enjeux, le qui peut �tre n�importe qui. Ses adversaires politiques ? Voil� quelque temps, DSK se serait plaint d�encourir des coups bas de la part de � Gu�ant ! DSK rep�rait � la louche trois points sensibles qui sont aussi ses points faibles : argent, sexe, jud�it� Il a d� ob�ir � l�injonction du vieux Socrate qui disait : �Connais-toi toi-m�me ! � Il se conna�t, c�est s�r !... Mais il n�y a pas que ses adversaires de droite qui ont int�r�t � le voir d�barrasser le plancher. Il y aussi les Russes dont, en tant que candidat atlantiste, il a supplant� le champion, Josef Tosovsky, � la t�te du FMI le 28 septembre 2007. Dans les divers sc�narii possibles du thriller politique, existe aussi la variante suivante : DSK, enjeu de politique interne am�ricaine. Les forces r�trogrades am�ricaines le brisent-elles, comme l�avance Charles Kouassi dans L�intelligent d�Abidjan, pour �r�gler des comptes avec le FMI, l�ONU, la France, Obama, avec tous ceux qui viennent d�ailleurs pour saper les valeurs morales de l�Am�rique�. Va savoir ! S�il n�y aucune explication rationnelle de complot, on pourrait se voir oblig� de reconna�tre la th�se d�Abdoulaye Tao qui se demande, dans Le Pays de Ouagadougou, si DSK n�est pas �wack�, c�est-� dire �travaill� par les marabouts de ses adversaires�. Quel que soit le cas de figure, les �l�ments du complot sont trop bien ordonn�s pour qu�il n�y ait pas quelque part quelqu�un qui a agi peut-�tre impulsivement pour descendre DSK. Dans le pire � ou le meilleur des cas �, c�est la faute � �Lui�, ce personnage trouble et autodestructeur qui fait le malheur du narrateur de �Moi et lui� de Moravia. Un certain M. Priape, d�mon int�rieur de son �tat� Lundi 16 mai : L�image Et voil� le ch�ur des pleureuses qui se met en branle ! La sortie de DSK du tribunal, menott� dans le dos, la veste tombant d�un c�t�, le visage h�ve, alors que quelques heures auparavant, il �tait le symbole m�me de la puissance mondialis�e, a plong� dans un �tat de sid�ration les t�l�spectateurs fran�ais. �J�en ai pleur�, avoua Martine Aubry. Les images, repass�es en boucle ad nauseum, ne sont pas piqu�es d�un film de s�rie B am�ricaine. Non, c�est la r�alit�. L�histoire d�un mec, sauf que cette fois, le mec c�est lui. DSK. Et c�est l� que �a devient impensable ! Le choc n�est pas intrins�que � l�image. Il est relatif, bien entendu. �a fait m�diter sur la vanit� de la puissance. Le cerveau n�est pas format� pour accepter une telle image. Un probable futur pr�sident de la R�publique encadr� par des flics, les mains entrav�es. ǒaurait �t� un dealer du Bronx, une petite frappe de Sarcelles ou un proxo de Hambourg, il y aurait eu les pixels ad�quats dans la t�te pour rendre l�image recevable en bonne d�finition. Mais un type comme lui ? C�est forc�ment un cauchemar et pas seulement pour lui. D�ailleurs, au-del� de l�image elle-m�me, Richard Herzinger du Die Welt (Berlin) observe que la fascination pour l�affaire DSK s�explique par le fait que ce dernier �attise nos fantasmes �. Nous ne pouvons lui pardonner, dit-il, de r�veiller �les fantasmes salaces et bizarres que nous dissimulons derri�re notre suffisance vertueuse �. Mardi 17 mai : Les menottes Le fait que la sortie de DSK menott� ait �t� �clair�e pour permettre aux cam�ras et aux photographes d�immortaliser l�image et de la porter au bout du monde a �t� per�u par les conspirationnistes comme un �l�ment indiscutable du complot am�ricain contre le Fran�ais DSK. Il est vrai qu�en France, ce type d�image est interdit. Aux USA, il est l�gal mais pas obligatoire, sauf dans ce tribunal de New York o� c�est la coutume. Aussi bien le petit voleur � la tire que Bob Maldoff sont livr�s en p�ture ainsi aux t�l�spectateurs du monde entier, � leur corps d�fendant. Pas de raison pour que DSK y coupe ! Du reste, les choses n�ayant pas toujours la simplicit� qu�on leur pr�te, l�affaire DSK n�intervient pas de fa�on pr�coce mais d�cisive que dans l��lection pr�sidentielle fran�aise dont elle change totalement la donne. Mais elle intervient aussi dans l��lection du district attorney (procureur) du comt� de New York. Le tenant actuel du si�ge, Cyrus Vance Jr, a tout int�r�t � prouver la culpabilit� du puissant DSK. Visant un second mandat de procureur, cette affaire m�diatique au plus haut point lui permet de confirmer son argument de campagne, la d�fense des plus d�munis. Mercredi 18 mai : Le parfum du pays ! Pris de nostalgie pour rihat la blad, je suis all� au consulat d�Alg�rie � Vitry. T�es en plein bled, l� ! Et de quoi parlent les gens qui se bousculent pour avoir un papier ou un refus de papier ? Eh bien de DSK ! Cheh falass ! me dit ce vieux Kabyle qui a un avis sur tout. Mais ce n�est pas de �a qu�on parle ! J�t�dis, cheh falass, un point c�est t�t ! OK chef et pourquoi donc ? Pour quoi pourquoi ou inversement me dit-il ? Puis il r�fl�chit et revenant de la gravit� et de la vanit� du monde, il me dit, inspir� : II aurait pu payer et passer inaper�u ! Imparable ! Y en a bezaf qui le font ! D�une culture insondable, il se met � d�velopper. Tu vois qui c�est Tiger Woods ? Non, c�est un golfeur adult�rin r�cidiviste. Il aime les jeunes femmes, que veux-tu ! Pris la main dans la corbeille, il a avou� qu�il �tait malade et on lui a tout pardonn�. Et Al Gore ? Candidat � la pr�sidentielle aux States, on l�a soup�onn� en 2006 d�avoir voulu masser la masseuse d�un h�tel. Peut-�tre a-t-il eu du pot qu�aucune plainte n�ait �t� d�pos�e � son encontre, faute de quoi il aurait �t� en train d�essayer de se r�chauffer dans une cellule plut�t que de d�noncer la responsabilit� des hommes dans le r�chauffement de la plan�te ! Jeudi 19 mai : Assez ! Quelles sont les infos qui se tiennent derri�re le rideau DSK ! On ne parle que de �a, le reste venant en second plan. Suzanne Moubarak, la moiti� de l�exra�s, a �t� incarc�r�e en Egypte et rel�ch�e, semble-t-il, en ayant rendu la moiti� de la fortune ind�ment acquise. Tiens, tiens ! Vendredi 20 mai : Encore DSK ! Un million de dollars de caution auxquels s�additionnent les salaires des gardes ! Cash ! Une broutille ! S�rieux, il faut vraiment �tre plein aux as pour se tirer d�affaire et petitement ! S�il ne les avait pas eus, qu�aurait fait DSK ? Peut-�tre qu�on ne les lui aurait pas demand�s ! �a me fait rire d�entendre parler de l��galit� dans la justice am�ricaine. C�est le pays au monde o� il y a le plus d�erreurs judiciaires. Combien de Noirs ont �t� abattus quand leurs assassins blancs ne courraient aucun risque !