Un moment fort et tr�s �mouvant que fut la rencontre organis�e en hommage � Mohamed Dorbhan ce samedi 21 mai. C��tait � l�occasion de la parution de son roman posthume Les neuf jours de l�inspecteur Salaheddine, sorti aux �ditions Arak. La librairie Chihab internationale (Bab El-Oued, Alger) a eu l�honneur d�abriter cette rencontre qui a permis de r�unir la famille du disparu, ses enfants et ses fr�res, ses amis, des camarades d�universit�, son �diteur, des journalistes qui l�ont connu� Tous ont tenu � souligner qu�ils �taient venus rendre le plus bel hommage � Mohamed Dorbhan, � ses qualit�s humaines et son talent. Cet homme tr�s cr�atif, tr�s intelligent, pluridisciplinaire est, certes, l�auteur d�un unique ouvrage, mais quel livre ! Les neufs jours de l�inspecteur Salaheddine a �t� ainsi pr�sent� au public dans une atmosph�re particuli�rement �mouvante o� l�image de Mohamed Dorbhan �tait omnipr�sente. Apr�s une minute de silence observ�e � la m�moire du disparu, les t�moignages se sont succ�d� pour rappeler que ce magnifique roman permet de garder p�renne la m�moire de son auteur, comme s�il �tait toujours pr�sent parmi nous. Abdallah Dahou, son �diteur, fait d'ailleurs observer que le livre, achev� le 14 juillet 1989, �est un texte toujours aussi frais et actuel�. Il n�oublie pas, � cette occasion, de poser quelques rep�res et d'apporter certaines pr�cisions sur la sortie du roman : �Ce livre-l� a accouch� d�une maison d��dition si on peut dire, car c�est bien la premi�re exp�rience du genre d�Arak �ditions. Le manuscrit m�a �t� remis par le fr�re de Mohamed Dorbhan, il �tait plein de ratures, de scories� Je me suis alors attel� de mon mieux � restituer le texte sans trahir son auteur et le mettre � la port�e du lecteur.� Mais pourquoi avoir mis tant d�ann�es � publier enfin le roman ? �Parce que je n'�tais pas un �diteur professionnel, explique Abdallah Dahou. Nous �tions dans la survie� J�avais aussi des moments de doute, je me disais que ce livre-l� n�est plus d�actualit�. C�est maintenant que je me rends compte de son effet boomerang, et qu�il est d�une actualit� br�lante.� L��diteur apporte une autre pr�cision : �Le manuscrit n�avait pas de titre, sauf pour chaque chapitre. Le titre du roman est donc de moi-m�me.� Mohamed Balhi, qui a longtemps c�toy� Mohamed Dorbhan quand tous deux �taient journalistes � l�hebdomadaire Alg�rie-Actualit�, apporte � son tour un t�moignage pr�cieux. �Ce roman est un vrai tr�sor. Avec ce livre, Mohamed Dorbhan a aujourd�hui une grande place dans la litt�rature alg�rienne. C�est une v�ritable saga sur l�Alg�rie, cela fait penser � L'automne du patriarche de Gabriel Garcia Marquez. C�est aussi le Don Quichotte de Cervant�s et Kafka qu�on retrouve dans Les neufs jours de l�inspecteur Salaheddine. Mohamed Dorbhan �tait un v�ritable homme de culture, la preuve, dans son roman, il �voque tr�s bien l�histoire d�Alger, sa topographie, il parle de la mer de fa�on admirable... Un livre qu�il faut lire absolument.� En plus de l��crivain rac�, il y a le personnage lui-m�me. Quelqu�un de tr�s attachant, soulignent les diff�rents t�moignages. Pour Mohamed Balhi, toujours, �il �tait tr�s discret, spontan� et profond�ment humain. Ce grand �motif adorait lire les bandes dessin�es, �tait particuli�rement amateur de Tintin. Il avait beaucoup le sens de l�ironie tout comme Tahar Djaout�. Ce sens de l�humour, tr�s �lev� chez Mohamed Dorbhan, a �t� �galement soulign� par Ameziane Ferhani qui l�a bien connu � Alg�rie-Actualit�. �Il avait une tr�s grande pertinence d�esprit et �tait tr�s curieux de tout, se souvient Ferhani. Dorbhan s�int�ressait � l��tre humain, mais aussi aux �toiles, aux fourmis... Tout aussi remarquable �tait son d�tachement, sa mani�re d��tre simple et modeste. Et puis, il aimait rire !� Le c�t� fac�tieux et anticonformiste de l��ternel adolescent � si timide � a �t� d�ailleurs rappel� par tous ses amis qui l�avaient c�toy� et appr�ci� sa compagnie. �Aulyc�e, t�moigne M. Kacemi, c��tait toujours la f�te avec Mohamed Dorbhan.� Et cela a continu� � l�universit�, raconte Amina Mahieddine. �On prenait le m�me bus, dit-elle. Avec lui, le temps passait vite, car il avait �norm�ment d�humour, avait toujours une anecdote. Mohamed Dorbhan �tait timide, oui, mais surtout tr�s g�n�reux. A l��poque, il nous montrait ses dessins, il excellait comme caricaturiste. Je ne l�ai plus revu depuis le d�but des ann�es 1980, mais il est rest� dans nos c�urs.� Parmi les t�moignages qui se sont succ�d�, celui du fr�re de Mohamed Dorbhan qui a tenu � remercier tous ceux qui ont organis� pareil hommage. �Surtout, dit-il, on �voque mon regrett� fr�re avec beaucoup d��motion. Il est vrai qu�il �tait tr�s talentueux, et c�est bien dommage qu�il nous ait quitt�s � la fleur de l��ge.� Pour continuer � honorer la m�moire de Mohamed Dorbhan, rendez-vous est pris pour le 19 septembre prochain. Cette fois, ce sera pour rendre hommage au caricaturiste.