Par Hassane Zerrouky Bernard-Henri L�vy, qui a si bien r�ussi en Libye, nouant des liens avec le Conseil national de transition, avant de le faire reconna�tre par la France de Sarkozy, veut refaire le m�me coup en ce qui concerne la Syrie. Manque de chance, l�opposition syrienne n�a pas march�. Invit�s � participer au meeting qu�il organisait lundi � Paris, plusieurs opposants syriens ont d�clin� l�invitation �car le message de soutien aurait pu �tre entendu si l�identit� du messager n��tait pas si probl�matique�, �crit Suhair Attassi. Un mois auparavant, en r�ponse � un appel de BHL � la solidarit� avec le peuple syrien, appel paru dans le Monde du 26 mai, trois intellectuels syriens � Burhan Ghalioun, �crivain, professeur � la Sorbonne, Subhi Hadidi, �crivain et journaliste, et Farouk Mardam Bey, �diteur �, publiaient dans le journal en ligne Mediapart, sous le titre, �Epargnez aux Syriens votre soutien�, un texte dans lequel ils soulignaient : �Nous jugeons pour le moins ind�cent que des personnes comme Bernard-Henry L�vy, qui se sont toujours illustr�es par leur hostilit� aux revendications l�gitimes du peuple palestinien et par leur coupable complaisance pour la colonisation des territoires occup�s, y compris le Golan syrien, tentent de r�cup�rer le mouvement populaire en Syrie au moment o� il affronte avec un admirable courage la terrible machine r�pressive d�un pouvoir aux abois. Nous nous �tonnons de voir Michel Rocard, Fran�ois Hollande et Bertrand Delano� m�ler leurs noms � ceux des intellectuels (Andr� Gluksmann entre, autres) qui ont applaudi � l�invasion de l�Irak et qui ne se sont apparemment pas repentis en constatant ses tragiques cons�quences.� Alert�s par cette man�uvre, des opposants syriens qui devaient participer � ce meeting � Georgette Alam, Omar Al-Azm (professeur � l�universit� de l�Ohio), Adib Shashakli, Ammar Qorabi, dirigeant de l�organisation des droits de l�homme � ont renonc� � participer � cette r�cup�ration. Ces opposants syriens au r�gime de Bachar Al Assad ont raison sur le fond et la forme � propos des initiatives de Bernard-Henri L�vy, lequel est pass� ma�tre en mati�re d�indignation s�lective. �Au Darfour, en Bosnie, en Afghanistan, en G�orgie et ailleurs, �crit le journaliste Christophe Ayad dans Lib�ration du 23 juin 2010, Bernard-Henri L�vy estime qu�il est de son devoir de se rendre sur place pour constater, rendre compte et d�noncer les situations qu�il juge r�voltantes. Curieusement, � Ghaza, non (�) Pourtant, il lui �tait tout � fait loisible ces derniers mois de le faire, contrairement aux journalistes et intellectuels isra�liens, interdits par leurs propres autorit�s d�entrer dans l�enclave palestinienne depuis 2006. Des dizaines de journalistes �trangers le font r�guli�rement et y travaillent aussi librement qu�en �gypte et en Jordanie pour prendre des exemples de r�gimes dits �mod�r�s�. Qu�auraitil constat�, BHL, s�il s��tait rendu � Ghaza ? Que le blocus n�est pas �total� comme il le dit justement, mais qu�il est cruel et absurde tout � la fois�, ajoute le journaliste. En v�rit�, BHL, qui a qualifi� l�arm�e isra�lienne d�arm�e �la plus morale du monde�, �tait pr�sent lors de l�offensive meurtri�re d�Isra�l contre Ghaza en d�cembre 2008 - janvier 2009� � bord d�un blind� isra�lien ! Bien qu�il y ait eu 1 700 morts palestiniens dont 900 femmes et enfants sans compter les destructions massives d�habitations, il a �t� le seul � ne pas avoir vu les soldats isra�liens faire feu sur les civils, et ce, contrairement aux t�moignages de dizaines de journalistes occidentaux sur le terrain et des pacifistes isra�liens ! BHL se rend partout pour t�moigner, mais jamais dans les territoires occup�s pour s�opposer, par exemple, aux destructions des habitations palestiniennes � Jerusalem-Est comme le font les pacifistes isra�liens ! En fait, cette obstination du philosophe � refuser de se confronter au r�el d�s lors qu�il s�agit de la Palestine, jette un doute s�rieux sur son combat en faveur des droits de l�homme et sent la manip � plein nez.