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Quelques morceaux choisis
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2009

Pages 268 à 273. Sur le Proche-Orient en général et le conflit israélo-palestinien en particulier, le nouveau ministre observe une prudence de Sioux, tout au moins en façade. Faisant souvent état de sa judéité, en privé et en public, il sait fort bien qu'on l'attend sur cet épineux dossier.
Aussi observe-t-il un strict équilibre formel et plus ou moins conforme aux tendances lourdes de la diplomatie française : la création d'un Etat palestinien est nécessaire à la sécurité et à la stabilité d'Israël. La Chambre de commerce France/Israël commente son arrivée au Quai en ces termes : « Très peu de personnes le savent. L'université hébraïque de Jérusalem avait célébré son 80e anniversaire et son centenaire de l'"année miraculeuse" d'Albert Einstein en 2005 et c'est à l'occasion de l'Assemblée des gouverneurs (8 juin 2005) que Bernard Kouchner avait reçu le titre de docteur honoris causa de l'UHJ. Bernard Kouchner avait donné une conférence exceptionnelle sur le thème de l'antisémitisme. » Sentinelle de la lutte pour les droits de l'homme, la nomination de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères, ce jour, est vue de manière positive à Jérusalem (qui était choqué à la pensée que Hubert Védrine pouvait obtenir le poste de ministre des Affaires étrangères)…
Il arrive à Kouchner de transgresser les règles de prudence qu'il s'est fixées, notamment quand il retrouve sa vieille amie Tzipi Livni, son homologue israélienne. Ainsi, le 17 septembre 2007, lors d'une conférence de presse tenue avec elle, un journaliste israélien l'interroge sur une plainte que Damas vient d'adresser à Tel-Aviv après un raid d'avions israéliens effectué quelques jours plus tôt dans l'espace aérien syrien. Le correspondant de l'agence américaine Associated Press (AP) raconte qu'il a vu Tzipi Livni griffonner un message puis le tendre au ministre français, ce dernier déclarant après l'avoir lu : « Je ne suis pas au courant de cette affaire. » Or il s'agissait là bien entendu d'un mensonge. La Syrie avait publiquement accusé Israël, depuis plusieurs jours, d'avoir violé son espace aérien. La version de Damas était que les avions de chasse israéliens avaient pénétré dans le ciel syrien après avoir survolé la Turquie et qu'ils avaient rebroussé chemin après s'être heurtés à des tirs de batteries anti-aériennes.
La Turquie avait confirmé qu'il s'était à tout le moins « passé quelque chose » après avoir découvert sur son sol des réservoirs de carburant vides provenant de chasseurs israéliens et demandé publiquement des « explications » à l'Etat hébreu. Celui-ci ne démentait pas l'opération, tout en organisant des fuites faisant état d'un raid « réussi » contre des cibles militaires en Syrie, notamment des matériels nucléaires stockés par la Corée du Nord ainsi qu'un convoi d'armes iraniennes destinées au Hezbollah libanais. Choqué par la réponse de Kouchner, l'un de ses accompagnateurs osa lui faire remarquer que, sur ce sujet, « la France disposait d'un langage officiel plus élaboré ». Réponse cinglante et sans appel du ministre : « Arrêtez de m'emmerder, Tzipi est une copine ! » Bernard Kouchner se dépense sans compter pour imposer un poste de secrétaire général adjoint israélien au staff de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Autre cheval de bataille du ministre : le renforcement des liens entre l'Union européenne et Israël, qui a conduit Bernard Ravenel (président de l'Association France-Palestine solidarité) à écrire une lettre ouverte au président de la République en date du 10 décembre 2008 : « Nous apprenons avec émotion et colère que, sur proposition, ce lundi 9 décembre, de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères français, et alors que la France assure la présidence tournante de l'Union européenne, l'UE a décidé d'intensifier ses relations avec Israël et de donner ainsi des gages supplémentaires à l'intensification de l'occupation, du siège imposé à la population de la bande de Ghaza, de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem, qui vise à rendre caduc tout projet d'établissement d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967. » « Cette coopération renforcée entre l'UE et l'Etat hébreu doit se traduire, entre autres, par "la possibilité d'inviter Israël à participer aux missions civiles" menées dans le cadre de la politique européenne de défense et de sécurité, et d'engager avec Tel-Aviv, "au moins une fois par an", un dialogue informel sur les questions stratégiques.
Ce renforcement des relations concerne tous les domaines : politique, économique, scientifique, sécuritaire. On comprend que la ministre israélienne des Affaires étrangères ait qualifié cette annonce de "succès significatif pour la diplomatie israélienne, qui ouvre une nouvelle page" dans les relations avec l'UE et ce, alors même que son gouvernement profite des derniers jours de l'administration Bush pour organiser l'impasse du processus de paix. On comprend aussi la "profonde inquiétude" manifestée à ce propos par les Palestiniens… » La décision adoptée par les ministres des Affaires étrangères européens, sur proposition de Bernard Kouchner, ne constitue pas seulement un déni de justice et une prime à l'impunité, c'est aussi un message clair adressé au gouvernement israélien, message selon lequel poursuivre la violation de ses engagements et du droit international ne constitue pas une entrave à son rapprochement toujours plus poussé avec l'UE.
Chapitre XII : L'Afrique, le fric…
Pages 289 à 290. Bernard Kouchner n'a pas toujours été un homme intéressé. Au début de sa carrière, il affichait un altruisme de bon aloi. Le « french doctor » avait proposé et fait admettre que le travail bénévole devienne l'un des trois objectifs assignés à Médecins du monde… Kouchner a ainsi forgé une partie de sa légende sur le bénévolat. Sa proximité affichée avec l'abbé Pierre a pu, par la suite, contribuer à confirmer cette image de désintéressement. Page 302-303. En mars 2002, peu avant la fin du premier septennat de Chirac, Kouchner crée le groupement d'intérêt public Esther – Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau – associant des équipes hospitalières du Nord avec des équipes du Sud.
Esther devient ainsi un outil d'intervention de la France dans le cadre de sa politique d'aide au développement en matière de santé. L'initiative reçoit le soutien de Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies… Esther devient ainsi rapidement un acteur important auprès des gouvernements africains : il les aide à définir leur politique de santé publique, à mettre en place de nouvelles structures hospitalières et de formation de personnel. Il s'emploie en outre à collecter des financements internationaux alloués à la santé auprès d'organismes tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme – à la création duquel Bernard Kouchner a participé – ou encore l'Onusida… Quand Kouchner décide en 2002 de s'installer professionnellement sur le créneau « santé et développement », il inscrit sa nouvelle activité professionnelle dans le prolongement de son action ministérielle.
Mais ses moyens institutionnels ne sont plus à la hauteur de ses ambitions, même si ses réseaux français et internationaux restent impressionnants… D'où l'idée qui jaillit dans son cerveau fécond : obtenir la présidence du groupement d'intérêt public Esther, qui lui assure une plus grande marge de manœuvre et une plus grande surface publique et relationnelle. Pages 322-323. Un responsable d'un organisme public nommé par le Premier ministre peut-il opportunément rendre visite à un ministre d'un pays étranger à la fois sous sa casquette officielle et sous celle de consultant privé ? Peut-il effectuer des prestations privées pour des pays avec lesquels son gouvernement entretient des relations de grande proximité ? Les faits rapportés ici font… apparaître un possible conflit d'intérêts : les sociétés « amies » pour lesquelles Bernard Kouchner a effectué des missions dans plusieurs Etats africains ont perçu la modique somme de 4,6 millions d'euros.
Au moment de la signature de ces contrats, Kouchner n'était pas ministre, mais occupait déjà un poste de responsabilité public et international confié à lui par le gouvernement Raffarin et ses interlocuteurs pouvaient supposer qu'il avait de très bonnes chances de revenir aux affaires. Bien entendu, les apparences sont sauves : le ministre Kouchner n'est pas directement actionnaire de la société Imeda qui a facturé ses prestations aux Etats gabonais et congolais (et sans doute à d'autres Etats). Il a cependant lui-même favorisé ces contrats et exécuté certaines des prestations ; surtout, il a recruté au ministère dont il a la charge les deux fondateurs de la société en question. Page 324 et dernière. Bernard Kouchner a cessé d'aller, le dos ployé sous les sacs de riz destinés à soulager la misère du monde.
Cambré, la mine satisfaite, attentif à offrir aux objectifs, selon le lieu et l'heure, un sourire avantageux ou un regard embué par l'émotion, il estime s'être hissé, fût-ce sur la pointe des pieds, au niveau des grands de la planète. Il a rompu avec ses attaches de gauche et, plus récemment, il a tiré un trait sur son « droit-de-l'hommisme » exacerbé, peut-être plus difficile à invoquer pour lui dans le contexte des bombes au phosphore israéliennes lâchées sur Ghaza. De fait, on voit mal notre ancien « french doctor » convaincre, en ces premières semaines de 2009, le président Sarkozy de profiter d'une tournée de bons offices au Proche-Orient pour effectuer une virée surprise dans l'enclave palestinienne afin d'y obtenir la réouverture durable de « couloirs humanitaires », comme il le fit naguère avec le président Mitterand pour faire rouvrir l'aéroport de Sarajevo. A force de renoncements, l'ancien bénévole de Médecins sans frontières aura fait une victime de ce qui lui était le plus cher : l'image qu'il voulait donner de lui-même et à laquelle il sera, à ce train, le dernier à croire.


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