La star de la chanson kabyle Madjid Soula se produira ce 12 septembre � l�occasion du Festival de la chanson amazighe. Riche d�une tr�s longue carri�re entam�e dans les ann�es 1970, Madjid Soula a r�ussi � se faire conna�tre aupr�s du large public d�s l�ann�e 1980 avec son disque microsillon intitul� Gulagh. Avec une musique douce et chaude, des sons du continent africain et qu�il marie d�ailleurs merveilleusement avec la musique kabyle, Madjid Soula r�ussit finement � allier traditionnel et modernit�. Originaire du village d�A�t Soula de la commune de Chemini (Sidi- A�ch), dans la r�gion des A�t Waghlis, surplombant la vall�e de la Soummam, Madjid Soula est un chanteur accompli. Auteur-compositeur, Soula chante l�amour, la vie sociale, la libert�, la la�cit� Apr�s une tr�s longue absence, Madjd Soula vient offrir � son nombreux public un album sublime intitul� Akka Akka (ainsi va la vie). Dans cet album, Soula revient avec une chanson compos�e en 1984 d�di�e � la JSK, un hommage � la femme et d�autre chansons traitant de divers th�mes, le d�sespoir de la jeunesse, la corruption, la libert� mais �galement sur son engagement dans le combat identitaire et d�mocratique dans le pays. A travers cet entretien, le chanteur, bien connu pour la singularit� de son registre musical et artistique, nous parle de son album et de ses projets tout en livrant son regard sur la situation g�n�rale du pays. Le Soir d�Alg�rie: Parlez-nous un peu de votre nouvel album ? Madjid Soula : C�est un album qui se compose de 12 titres et 2 bonus track. Il est disponible depuis un mois en Alg�rie alors que sa sortie en France est pr�vue pour la fin de la semaine de ce mois de septembre au niveau de la FNAC et Virgin entre autres. Mon album �tait totalement ficel� effectivement depuis une ann�e mais je pr�f�re ne pas revenir sur les raisons qui ont retard� sa commercialisation. Le plus important est que l�album soit aujourd�hui distribu� et j�esp�re surtout que le public appr�ciera ce nouveau produit. L�enregistrement s�est fait en France ou en Alg�rie ? Non, j�ai enregistr� � Seddouk sur les hauteurs de la vall�e de la Soummam pr�cis�ment chez Nonor qui poss�de ici un superbe studio d�enregistrement. Les arrangements ont �t� r�alis�s par Samir Sebbane avec la participation du guitariste Yuva, le fils de Karim Abranis et � la batterie Vincent Daune. J�ai �t� aussi un peu aid� en France dans mon travail par Zahir Arribi � la basse et au sax par Philippe Boutta. La chorale en Alg�rie a �t� assur�e par les voix de Mamou, Karim, Rachid Toualbi, Kamel et de deux filles. Madjid Soula n�a pas produit de nouvel album depuis plusieurs ann�es. Comment expliquez-vous cette longue absence ? Je n�ai effectivement pas sorti de nouvel album sur le march� mais cela ne veut aucunement dire que j�ai arr�t� de travailler. Cette absence, je l�ai consacr�e au travail de recherche de nouvelles m�lodies. J�ai compos� en fait de nombreuses chansons durant toute cette p�riode que je n�ai pas enregistr�es. Vous savez, c�est un peu comme la construction d�une nouvelle maison. Au moment o� votre maison est achev�e, une bombe tombe et fait exploser en miettes votre projet. Mais ne dit-on pas aussi qu�� toute chose malheur est bon ? Cette longue absence m�a surtout permis de faire un bon travail artistique. J ai beaucoup de respect pour mon public. Je ne veux surtout pas verser dans la chansonnette commerciale et faire n�importe quoi. La cr�ation artistique et r�ussir un bon produit exigent beaucoup de temps. J�esp�re que je serai � la hauteur des attentes du public alg�rien avec cette nouvelle production. Vous n��tes pas remont� sur sc�ne en Alg�rie depuis plusieurs ann�es, est-ce que cette �clipse est li�e au manque de sollicitation de la part des organisateurs locaux ou est-ce un choix personnel ? Ce n�est certainement pas un choix personnel. Un artiste cherche toujours � rencontrer son public. La sc�ne est la plus indiqu�e pour retrouver ses fans. A l�instar du public alg�rien, je n�arrive toujours pas � expliquer ma marginalisation. C�est vrai que je n�ai pas chant� en Alg�rie depuis 22 ans mais la r�ponse est � chercher du c�t� des organisateurs de galas et des autres responsables de la culture un peu partout en Alg�rie. Moi, j�ai de tout temps affich� ma disponibilit� � chanter dans mon pays. En toute modestie, j�estime que j�ai mon propre style de musique qui est reconnu un peu partout dans le monde. Je ne dis pas que je suis le meilleur mais j�estime aussi, modestement, que j�ai ma place dans le milieu artistique alg�rien. Un public nombreux qui appr�cie ce que je fais et qui aimerait me voir sur sc�ne. Tout cela me donne le droit � mon avis d��tre invit� au m�me titre que tous les autres chanteurs lors des diff�rentes manifestations artistiques organis�es dans le pays. La seule explication � cette marginalisation est que Madjid Soula d�range. On vient d�annoncer votre pr�sence � B�ja�a pour le Festival de la chanson amazighe ? Y aura-t-il une tourn�e durant la m�me p�riode, c'est-�-dire ces prochaines semaines, � travers les autres r�gions du pays ? Je vais me produire le 12 septembre � B�ja�a � l�occasion du Festival de la chanson amazighe. Une manifestation culturelle d�di�e au grand chanteur Abdewahab Abedjaoui. Je suis agr�ablement heureux au passage de me produire dans ma r�gion natale sous la direction de mon ami Bazou. S�agissant de la tourn�e � travers le pays, rien n�est programm� pour l�instant. Ceci dit, encore une fois je reste disponible � toute sollicitation pour me produire en Alg�rie. Pour peu qu�on fasse appel � moi pour parler d�une �ventuelle tourn�e ou gala qu�il faudra au pr�alable discuter et programmer. Peut-on conna�tre vos projets en France ? Je parlerai surtout des projets imm�diats : il s�agit d�un clip d�di� � la JSK qui est souvent diffus� sur BRTV. C�est une chanson que j�ai compos�e en 1984. Le clip a �t� admirablement salu� par le public comme en t�moignent les nombreux messages de f�licitations que je re�ois quotidiennement. Il y a �galement en projet d�autres tourn�es en vue en France et ailleurs. Madjid Soula est aussi connu pour �tre un chanteur engag� dans le combat identitaire et d�mocratique dans le pays. Vos amis disent que vous suivez de pr�s ce qui se passe dans le pays. Peut-on conna�tre le regard que vous portez sur l�Alg�rie ? A l�instar des mes compatriotes, cette situation du pays, et c�est un avis partag� par l�ensemble des Alg�riens, qui n�est pas tellement reluisante me r�volte. Je ne peux pas rester indiff�rent et insensible au d�sespoir de notre jeunesse qui pr�f�re mourir en mer en tentant de rejoindre d�autres terres plus cl�mentes que de continuer � vivre chez elle. Je ne comprends pas comment, dans un pays aussi vaste et riche que l�Alg�rie, on annonce quotidiennement des jeunes qui se suicident, s�immolent par le feu et existe le ph�nom�ne de la harga. Cela pose tout simplement de graves probl�mes de gouvernance. Mais pour que cette situation change, il faut commencer par se remettre en cause soi-m�me. J�estime que le combat pour la libert� ne doit pas �tre un slogan creux. La libert� s�arrache et se d�fend quotidiennement. Moi, j�ai, d�s mon jeune �ge, choisi mon camp. Je me suis toujours engag� aux c�t�s des causes justes. La chanson a �t� pour moi surtout un moyen d�exprimer ma rage face � ce d�ni identitaire que nous subissions. Je me suis engag� avec mes chansons dans le combat identitaire et d�mocratique en Alg�rie au tout d�but de ma carri�re entam�e il y a plusieurs d�cennies. Je garde toujours grav� dans ma m�moire ce passage � tabac la premi�re fois que j�ai mis les pieds � Alger en 1972 pour le seul tort d�avoir parl� en kabyle. Les m�mes injustices sont malheureusement toujours d�actualit� en Alg�rie. L�Alg�rie ne pourra vivre en paix tant que la langue amazighe n�est pas officialis�e et que l�Etat s�engage � sa prise en charge dans toutes ses dimensions.