Une semaine est pass�e depuis que l�h�tel Sheraton- Club-des-Pins est paralys�. Hier, la protestation des travailleurs est mont�e d�un cran. La gr�ve de la faim entam�e depuis mardi dernier par un travailleur, en guise de soutien � ses coll�gues licenci�s, n�a fait que renforcer les rangs des protestataires et conforter leur solidarit�. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Une premi�re dans les annales du mouvement social en Alg�rie. Le mouvement de gr�ve qui paralyse depuis sept jours l�un des luxueux h�tels de la capitale se distingue d�une mani�re particuli�re. Observant un sit-in � l�entr�e de l��tablissement, les gr�vistes estim�s � pr�s de cinq cents ont vu depuis lundi dernier leur mouvement de contestation se renforcer davantage. Derni�re action de protestation est celle engag�e par B. Hafid. Ce dernier, r�ceptionniste de son �tat, ayant � son actif plusieurs ann�es de travail, dont six ann�es au sein de l�h�tel Sheraton et ma�trisant quatre langues, dont l�anglais et l�espagnol a entam� depuis mardi dernier une gr�ve de la faim. �Je la fais par solidarit� pour mes coll�gues licenci�s. Nos revendications sont l�gitimes. Apr�s le licenciement de mes trois coll�gues d�une mani�re arbitraire, nous avons compris que notre tour est � venir. On ne peut �tre que solidaire avec les causes justes. Ce que mes coll�gues ont subi rel�ve de l�arbitraire. Nous n�avons jamais enfreint la loi. La Constitution nous donne le droit de constituer un collectif syndical. Notre tort est d�avoir os� prendre en charge nos revendications d�une mani�re organis�e�, explique notre interlocuteur. Ce dernier n�ayant pas quitt� son poste de travail (r�ception) depuis mardi dernier brandit quatre pancartes, sur lesquelles est �crit en arabe, en fran�ais, en anglais et en espagnol �Je suis en gr�ve de la faim�. Une attitude hautement salu�e tant de la part du personnel de l�h�tel que des quelques clients se trouvant encore sur place. �Tiens bon Hafid. Nous sommes avec toi �, ou encore �Nous sommes tous des Hafid�, lance en sa direction un groupe de femmes. �On nous a trahis� La d�termination des gr�vistes �tait encore plus forte, lorsque d�autres coll�gues � eux, occupant des postes sensibles au sein de l�h�tel ont d�cid� de rejoindre la protesta. Eux, ce sont les agents de la s�curit�. Portant un brassard noir, les agents de s�curit� de l�h�tel Sheraton assurant le service minimum ont r�it�r� hier leur soutien � leurs coll�gues gr�vistes. �Nous lan�ons un appel aux hautes autorit�s de notre pays pour intervenir et mettre fin � cette hogra. Nous sommes une partie de ce peuple qui aime son pays, qui veut travailler mais �galement qui veut pr�server sa dignit�. Nous n�avons nullement pi�tin� la loi. Notre action ne souffre d�aucune ambigu�t�, explique Samir, un membre actif du collectif des travailleurs gr�vistes. Constitu�s dans leur majorit� de jeunes, les protestataires de l�h�tel Sheraton d�Alger sont tous des dipl�m�s d��coles h�teli�res. Leurs conditions socioprofessionnelles �taient � l�origine de leur d�cision de s�organiser et mettre en place une section syndicale � m�me �de prendre en charge nos revendications et d�fendre nos int�r�ts�. �Nous avons pris attache avec les responsables locaux de l�UGTA de Ch�raga dans la perspective de cr�er une section syndicale. Jusquel�, les choses ont bien �volu� et il �tait question que notre section syndicale voit le jour en ce mois de septembre. Or, grande f�t notre surprise de voir les responsables de l�Union locale de Ch�raga se d�marquer de notre action. Nous avons � maintes reprises tent� de saisir le charg� de l�organique de cette structure syndicale, le nomm� Zaid mais en vain�, nous explique un employ�. Col�re � l�Aurassi Notre interlocuteur n�a pas h�sit� � fustiger l�UGTA, l�accusant d�avoir trahi leur engagement en annulant le P-V d�installation de la commission charg�e de pr�parer l�assembl�e g�n�rale �lective et ce, une journ�e apr�s la signature du P-V, le 30 juin dernier (le P-V a �t� sign� le 29 juin 2011, ndlr). �Nous avons pris connaissance de cette annulation le 15 septembre dernier, soit le jour du proc�s qui a d�clar� notre gr�ve ill�gale�, a ajout� notre interlocuteur. Et d�ajouter : �C�est une trahison qui ne dit pas son nom. Pourquoi a-t-on l�ch� des travailleurs au moment o� ces derniers croyaient que leur syndicalisation au sein de l�UGTA �tait le moyen appropri� pour d�fendre leur int�r�t ? Aux derni�res nouvelles, on nous informe qu�en contrepartie de leur faux bond, les responsables locaux de l�UGTA ont eu droit � une prise en charge � l��tranger par notre employeur. Il est difficile d�admettre cette donne, mais il est de notre droit de se demander pourquoi cette trahison. Aujourd�hui, notre seul salut est de se constituer en collectif de syndicat autonome�. Toutefois, des sources proches de la Direction nationale de la Centrale, on a appris que des instructions fermes ont �t� donn�es � l�Union locale pour mettre en place un syndicat. Un enjeu capital pour l�UGTA, d�autant plus qu�il s�agit d�une section syndicale qui devait voir le jour au sein d�un �tablissement h�telier priv�. Cela �tant, il est important de noter que la direction g�n�rale de l�h�tel a refus� de faire le moindre commentaire sur cette affaire. Son directeur g�n�ral, M. Hans J�rg Kreitner n�y est pas all� par trente-six chemins pour nous faire savoir �qu�il n�y a aucun commentaire � faire sur la question�. Une attitude que certains ont amput� au premier patron du Sheraton-Club-des-Pins en, l�occurrence M. Melzi, qui aurait interdit au directeur g�n�ral de faire le moindre commentaire sur cette question. Cette situation que traverse l�h�tel Sheraton est venue se greffer � l�autre mouvement de protestation que conna�t depuis quelques jours l�h�tel Aurassi. Les travailleurs licenci�s au nombre de deux cents en sit-in de protestation au niveau de la Centrale syndicale n�ont toujours pas �t� r�int�gr�s � leur poste de travail. Et pourtant, le SG de l�UGTA s�est engag� en personne, en recevant avant-hier des repr�sentants des travailleurs �de r�gler le probl�me des travailleurs�. Or, ces derniers � leur grande surprise, ils sont toujours consid�r�s persona non grata par leur employeur. Un d�fi auquel fait face l�UGTA � moins d�une semaine de la tenue du sommet de la tripartite o� la question de l�exercice syndical est inscrite � l�ordre du jour.