Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Avant m�me que le projet de loi sur les partis ne soit d�battu puis adopt� par le Parlement, l�ex�cutif vient d�imposer un pr�alable d�airain tout � fait contraire � l�esprit des r�formes que le chef de l�Etat pr�tend conduire. Aucun agr�ment ne sera donn� aux nouveaux courants en vue des l�gislatives de 2012. Ould Kablia en explique la raison par la d�risoire contrainte administrative. Un subterfuge grossier qui sent � mille lieues la volont� d�lib�r�e de ne rien changer dans le paysage politique tel qu�il a �t� dessin� et consolid� � partir de 1999. Ce signal adress� � certaines candidatures en attente d�un s�same depuis plusieurs ann�es est loin de n��tre qu�une maladresse d�un ministre de devoir, c'est-�-dire de l�ob�issance aveugle. Il indiquerait plut�t qu�il existe, en haut lieu, une religion id�ologique bien �tablie qui veut qu�en tout �tat de cause la pluralit� des opinions est par essence pr�judiciable � l�ordre. Privil�giant un traitement hom�opathique de la d�mocratie et des libert�s qui la traduisent, Bouteflika ne peut �videmment plus se r�soudre aux r�visions sur le sujet. Sans doute, aucun, il n�a jamais port� en haute estime le multipartisme tel qu�il a �t� d�clin� au lendemain d�Octobre 1988. Bien plus, il ne d�sire, surtout pas actuellement, l��mergence de p�les de contestations incontr�l�es qui perturberaient son agenda futur. Celui qui, comme on le sait, sera marqu� par un pseudo d�bat autour de la r�forme constitutionnelle. Son souhait que le ministre de l�Int�rieur a, par ailleurs, vite appliqu� par le verrouillage, consiste justement � reconduire la m�me configuration du Parlement et, pourquoi pas, � maintenir la m�me �majorit� qui l�accompagne depuis 1999. Voil� donc un indice qui �claire et illustre la d�marche consistant � faire passer les lois organiques avant la Constituante. Une inversion de l�ordre naturel qui ayant suscit� peu d�inqui�tudes dans l�opposition institutionnelle (celle qui si�ge au Parlement), celle-ci aura par cons�quent de la peine � r�futer l�oukase de l�exclusion au moment du vote. Minoritaire dans une assembl�e d�l�gitim�e, elle ne d�fendra le principe des libert�s que d�une mani�re platonique. Ainsi face au mandarinat (FLN-RND-MSP), qui tranche seul sur toutes les questions, les partis officiellement hostiles continueront � prendre acte des atteintes avant de passer � �autre chose�. Et c�est cette image d�une opposition molle et moribonde qui contribue � la d�saffection de l��lecteur, voire � la d�mon�tisation profonde de la politique dans la soci�t�. Trop compromis par les calculs d�appareils et les privil�ges d�une repr�sentativit� factice, les partis ont d�truit peu � peu tout ce qui a commenc� � se mettre en place il y a 20 ans de cela. Apr�s la prodigieuse d�cennie (1989-1999) marqu�e par un engouement dans l�opinion, il semble que quelques r�visions d�chirantes apparaissent dans le sentiment g�n�ral. Pour ne rien conc�der � la na�ve apologie d�une �poque forc�ment pagailleuse, force est d�admettre qu�au final l�espace politique n�a gagn� ni en qualit� de leaders ni en urgence de p�les significatifs capables d�approfondir la culture de la d�mocratie. Apr�s les ann�es de gestation (1990-1995) succ�dera le temps des restructurations par le sommet dont le but a �t� d�asservir les appareils au syst�me demeur�, lui, intact. Un huis clos se mit alors en place � l�int�rieur duquel l��talonnage des partis consista en la n�gociation des quotas dans les assembl�es et, parfois aussi, en la participation aux affaires publiques pour les plus audacieux. Un th��tre d�ombres politiques s�organisait en �change de petites trahisons. Ces cinq ou six chapelles qui mobilisent tant l�encre des commentateurs, se sont-elles autrement comport�es au-devant des appels et des tentations ? Eternels leviers de man�uvre dans les situations de strat�gie �lectorale, ils firent preuve de docilit�. Pas plus que le FLN, le RND ou le MSP ceux qui partagent au rabais les si�ges des assembl�es ne peuvent pr�tendre d�tenir un quota de maroquins par la seule vertu des urnes. Les consultations �tant ce qu�elles furent toujours, un �lecteur ne croit pas que les �surfaces � politiques sont le reflet r�el de son bulletin dans l�isoloir. Le constat est amer car les partis en sont d�sormais per�us comme de saisonni�res �chelles au service d�ambitions personnelles et simultan�ment de procuration � blanc pour les pouvoirs en place. Il est vrai que bon nombre d�entre ces appareils ont �t� cr��s sur la base d�un malentendu historique afin de r�cup�rer le vaste mouvement social parti en octobre 1988. Depuis, ils apprirent � survivre et notamment � servir un Etat de non-droit qu�ils soutiennent en �change de sordides promotions. Or, maintenant ils d�couvrent l�impasse dans laquelle ils se sont fourvoy�s apr�s s��tre ali�n� la sympathie des classes sociales au nom desquelles ils pr�tendaient s�exprimer. Appel�s, une fois de plus, � si�ger seuls dans le futur Parlement, ils se verront oblig�s d�endosser des r�formes taill�es sur mesure par le r�gime alors que le pays part par petits morceaux. En clair, ils joueront les prolongations aux c�t�s du pouvoir mais en qualit� de suppl�tifs. Honteux cette fois-ci.