De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed 2,5 millions d��lecteurs ont vot� dimanche au premier tour de la primaire socialiste : un indiscutable succ�s de participation � un mode de d�signation d�mocratique moderne. Si, comme avaient pronostiqu� les sondeurs, Hollande et Martine Aubry sont qualifi�s pour le deuxi�me tour, la grande surprise vient de Arnaud Montebourg, l�homme le plus � gauche des candidats, qui obtient la troisi�me place et qui devient, ce faisant, un homme-cl� pour le deuxi�me tour qui aura lieu dimanche prochain. Avec 38% des suffrages exprim�s, Fran�ois Hollande est en t�te, suivi de Martine Aubry, 31%, un �cart plus r�duit que celui envisag� dans les sondages. La surprise de taille de ce scrutin vient du classement en troisi�me position d�Arnaud Montebourg et de la rel�gation � la quatri�me place de S�gol�ne Royal avec 7% seulement de votants en sa faveur. Elle fait quasiment jeu �gal avec Manuel Walls (6%) le dernier class� �tant le candidat radical de gauche Jean-Michel Baylet. S�gol�ne Royal est incontestablement la grande perdante de ces consultations. A l�issue de ce scrutin � dont les r�sultats sont provisoires, mais qui ne devraient pas fondamentalement changer au final � l�ensemble des candidats se sont d�abord f�licit�s de la mobilisation importante des citoyens, de gauche ou sympathisants, � cette consultation alors que le PS tablait sur une fourchette �optimiste� de 2,5 millions d��lecteurs. Ces deux millions 500 000 �lecteurs qui se sont d�plac�s dimanche ne font �videmment pas la joie de la droite qui tente depuis d�en minimiser la port�e. La consigne donn�e dans le camp de l�UMP �tant de dire, en concert avec Fran�ois Cop�, �ce chiffre ne repr�sente qu�� peine 4% du nombre total d��lecteurs fran�ais�. Il est cependant beaucoup de Fran�ais, y compris � droite, qui conviennent de l��vidence : la primaire est un succ�s et constitue une r�volution dans la vie politique fran�aise. Et maintenant que va-t-il se passer ? En fait, ce qui a commenc� � se faire d�s la proclamation dimanche des premiers r�sultats : les deux candidats arriv�s en t�te vont aller cette semaine � la p�che aux voix, le report pouvant �tre d�cisif dimanche prochain eu �gard au score tr�s serr� entre les deux concurrents. D�ores et d�j� Manuel Walls a indiqu� � ses �lecteurs de reporter leurs voix sur Hollande. Cette consigne �tait attendue, le maire d�Evry �tant consid�r� comme le plus � droite de la gauche, il ne pouvait s�allier � Martine Aubry. C�est vers le repr�sentant de ce que Martine Aubry qualifie de �la gauche d�accompagnement�, autrement dit Hollande qui ne fait qu�accompagner le programme de la droite, que les consignes de Walls ont �t� donn�es � ses �lecteurs. Mais Hollande sait qu�il lui faudra plus. C�est si vrai d�ailleurs que dans sa d�claration de dimanche, il a fait un grand �cart en �voquant un des enjeux du deuxi�me tour qui est �le renouvellement de la R�publique� faisant ainsi du pied � Montebourg. Ce dernier, au moment o� nous mettons sous presse, ne s�est pas encore prononc� sur les consignes qu�il donnera � ses �lecteurs. Ses reports de voix vont fortement peser. Son programme de rupture, de d�mondialisation par, entre autres, la mise sous tutelle des banques et les nombreuses actions � caract�re social qu�il pr�conise en direction des plus d�favoris�s et la fin du cumul des mandats devraient l�amener plus � rejoindre Martine Aubry qu�Hollande, m�me si Martine Aubry ne pr�conise pas une rupture totale. En attendant, l�inflexion des deux candidats de leur ligne politique et l�accent mis plus � gauche par les deux gagnants du premier tour mettent Montebourg dans une position tr�s confortable pour n�gocier ses voix, m�me si l�on se d�fend chez Aubry comme chez Hollande de toute n�gociation et m�me si les soutiens de Montebourg clament depuis dimanche que dans une VIe R�publique, celle que pr�conise leur leader, il ne peut jamais y avoir de �tractations ni de n�gociations dans des �lections�. En attendant, c�est le candidat du Front de gauche � la pr�sidentielle, Jean Luc Melenchon, qui se frotte les mains. Celui qui a d�fendu un programme des plus � gauche a fait la grande surprise de ce premier tour, et esp�re-t-il, l�arriv�e de la gauche de la gauche sera l�immense surprise en mai 2012. La crainte aujourd�hui est toutefois que l�affrontement pour faire la diff�rence dimanche prochain entre les deux candidats ne se fasse pas dans le d�chirement. Chacun des deux candidats appelle � un affrontement loyal, sans d�bordements et sans exc�s. Dans le cas contraire, c�est tout le capital confiance mis dans la gauche par les citoyens qui risque de dispara�tre et d�hypoth�quer l�avenir.