Les socialistes français innovent et ouvrent une nouvelle ère dans la désignation de leur candidat à la magistrature suprême Six candidats sont en lice pour représenter le PS et espère à travers ce processus, donner une légitimité à son candidat. La France de gauche se mobilisait hier au premier tour de la primaire socialiste, dont le député François Hollande est favori, pour désigner son candidat à la présidentielle du printemps 2012 où l'opposition espère ravir l'Elysée au président sortant, Nicolas Sarkozy. Près de 10.000 bureaux de vote accueillent les votants pour cette primaire socialiste à l'américaine ouverte à tous les citoyens se réclamant des «valeurs de gauche» et prêts à acquitter une somme symbolique d'un euro. Après quatre heures seulement de scrutin, près de 750.000 personnes avaient voté, une participation qualifiée de «succès» par le Parti socialiste (PS) qui peut raisonnablement espérer largement dépasser son objectif d'un million de votants. Six candidats sont en lice pour représenter le PS, première formation d'opposition, qui a gagné tous les scrutins secondaires depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, y compris les sénatoriales en septembre, et espère à travers ce processus, donner une légitimité à son candidat. L'ancien patron des socialistes, le député François Hollande, 57 ans, sans expérience ministérielle mais crédité pour sa «rigueur de gauche», est le favori de ce premier tour. «Je suis plein d'espoir car je pense que cette procédure des primaires va nous permettre d'arriver très forts devant la droite et l'extrême droite après le 9 ou le 16 octobre», a-t-il déclaré après avoir voté dans son fief de Tulle (sud-ouest). Pour sa part, Martine Aubry s'est dite «confiante et sereine», espérant que les électeurs «choisiront le vrai changement». Les derniers sondages de la semaine créditaient M. Hollande de 43% des intentions de vote parmi les sympathisants de gauche, contre 28% à sa principale rivale, la chef du PS et maire de Lille, Martine Aubry. Les socialistes espèrent au moins un million d'électeurs. Peut-être deux ou trois fois plus, pensent certains. Dans un bureau de vote d'un quartier populaire de Paris, les électeurs étaient nombreux en fin de matinée. «On ne s'attendait pas à une telle affluence. Il y a du monde, de tous les âges, des personnes qu'on ne connaît pas», assure José Raphael Lévy, un militant PS de 30 ans. Sophie, une cardiologue de 44 ans, a voté pour François Hollande. «J'aurais sans doute voté pour Dominique Strauss-Kahn (s'il avait été candidat), et j'ai suivi les débats pour faire mon choix car certaines choses n'étaient pas claires», dit-elle. Dans un autre quartier de Paris, une trentaine de personnes attendent de pouvoir voter. «C'est une manifestation de la démocratie qui se met en place à 100%, surtout parce qu'on n'a jamais eu l'occasion de choisir un candidat à la présidence», dit Patrick, fonctionnaire de 54 ans. A Pantin, dans la banlieue parisienne, les électeurs se disent de gauche et ont souvent voté socialiste par le passé. «Je partage les idées de la gauche et je suis sensible au fait qu'on me demande mon avis. La primaire, c'est novateur et les débats entre candidats m'ont éclairci les idées même si j'avais déjà une idée du candidat pour qui j'allais voter», dit Salima, 46 ans. Un jeune couple d'écologistes, Vincent et Lili, reconnaissent qu'ils voteront pour le candidat écologiste lors du premier tour de la présidentielle, mais voulaient «avoir une influence sur le choix du candidat socialiste qui sera au deuxième tour face à Sarkozy». Lili a voté pour Martine Aubry, «une femme qui sait ce qu'elle veut». Outre François Hollande et Martine Aubry, les sympathisants de gauche votent pour quatre autres prétendants: Ségolène Royal, 58 ans, candidate malheureuse en 2007 face à Nicolas Sarkozy; Manuel Valls, 49 ans, tenant de l'aile droite du parti; Arnaud Montebourg, 48 ans, qui prône une ligne de gauche et un protectionnisme européen; Jean-Michel Baylet, 64 ans, chef d'un petit parti allié, les Radicaux de gauche. Si aucun prétendant n'atteint les 50% au premier tour, les deux candidats arrivés en tête se disputeront l'investiture lors d'un second tour, le dimanche suivant.