Le parti islamiste Ennahda, donn� vainqueur de l'�lection de l'Assembl�e constituante dimanche en Tunisie, veut former le gouvernement d'ici un mois, a d�clar� hier son chef Rached Ghannouchi, en pla�ant �l'identit� arabe� du pays au centre des d�bats � venir. �Il est tout � fait naturel que le parti qui a obtenu la majorit� dirige le gouvernement �, a d�clar� hier M. Ghannouchi, sur la radio Express FM. �Le gouvernement doit �tre compos� le plus t�t possible, dans un d�lai qui n'exc�de pas un mois�, a-t-il ajout�, alors que les r�sultats d�finitifs de l'�lection n'ont pas encore �t� publi�s. L'Isie, la commission �lectorale, n'a donn� hier aucune indication sur la date de l'annonce finale. Les premiers chiffres livr�s au compte- gouttes confirment cependant l'avance des islamistes, qui ont d�j� annonc� au lendemain de l'�lection qu'ils comptaient sur un score entre 30 et 40% dans la future Assembl�e constituante. Longuement interrog� sur Express FM, M. Ghannouchi a insist� sur l'identit� arabe de la Tunisie, �une affaire nationale qui concerne tout le monde, pas un seul parti�. �Notre langue, c'est la langue arabe. On est devenu franco-arabe, c'est de la pollution linguistique�, a-t-il d�plor�, alors que le parler dialectal tunisien m�lange le fran�ais et l'arabe, le fran�ais �tant encore largement pratiqu� depuis l'ind�pendance en 1956 de l'ancien protectorat. �Il faut un dialogue national sur l'�ducation�, a poursuivi M. Ghannouchi, dont le parti a d�j� fait comprendre qu'il souhaitait diriger ce minist�re dans le futur gouvernement. La question de l'identit� arabo-musulmane des Tunisiens occupe une place importante depuis la r�volution et le retour d'Ennahda sur la sc�ne politique. �Nous avons dit aux islamistes que nous sommes attach�s � notre identit� arabo-musulmane mais que nous refusons l'exploitation de la religion comme moyen de dictature�, a r�pondu en �cho Moncef Marzouki, leader du parti de gauche nationaliste Congr�s pour la R�publique (CPR), engag� dans des discussions avec Ennahda. Le CPR pourrait arriver, selon les projections, deuxi�me dans l'Assembl�e constituante de 217 �lus. Les islamistes �ne sont pas le diable� et �il ne faut pas les prendre pour les talibans de la Tunisie�, a soulign� M. Marzouki. �Les lignes rouges, c'est encore une fois les libert�s publiques, les droits de l'homme, les droits de la femme, de l'enfant et sur �a on ne pactisera jamais, jamais�, a-t-il ajout�. �De son c�t�, la coalition de gauche du P�le d�mocratique moderniste (PDM) a assur� qu'elle resterait �vigilante�. �Le peuple n'a pas donn� un ch�que en blanc � Ennahda�, a soulign� Jouneidi Abdeljawad, un des responsables d'Ettajdid, principale force du PDM. �La Constituante �lue dimanche par les Tunisiens, qui votaient pour la premi�re fois depuis la chute de Ben Ali, devra prioritairement d�signer un nouveau pr�sident de la R�publique, qui lui-m�me formera un nouvel ex�cutif jusqu'aux prochaines �lections g�n�rales. �Nous sommes pour une grande alliance nationale qui aboutira � un gouvernement d�mocratique �, a soulign� M. Ghannouchi, souhaitant des discussions �avec tous ceux qui ont milit� contre Ben Ali�. Interrog� sur le prochain pr�sident de la R�publique, M. Ghannouchi, qui a d�j� d�clar� qu'il ne serait pas candidat, a estim� que ce poste devrait �tre occup� par �une personnalit� qui a milit� contre la dictature�. Trois noms circulent dans les milieux politiques pour ce poste de pr�sident : Mustapha Ben Jaafar, chef du parti de gauche Ettakatol, qui a d�j� fait savoir qu'il �tait candidat, Moncef Marzouki et Ahmed Mestiri, opposant historique de Bourguiba. ATunis, l'annonce des premiers r�sultats confirmant l'avance des islamistes a donn� lieu � des manifestations de joie mardi soir. Mais la victoire annonc�e d'Ennahda a aussi fait l'effet d'un choc dans les milieux intellectuels et la�ques tunisiens. L'autre choc du scrutin du 23 octobre est la perc�e inattendue d'une liste que personne n'avait vue venir, �La P�tition populaire pour la justice et le d�veloppement�, qui a d�j� obtenu neuf si�ges, selon les premiers d�comptes. Elle est dirig�e par Hechmi Haamdi, un richissime tunisien aux appartenances politiques ambigu�s, qui a fait campagne depuis Londres par le biais de sa t�l�vision satellitaire Al Mostakilla, regard�e en Tunisie.