Pour c�l�brer la Journ�e mondiale des droits de l�enfant, non c�l�br�e cette ann�e chez nous, rien de mieux qu�une revivifiante et nostalgique d�connexion, un salutaire rattrapage, une re-naissance dans la magique plan�te de tous les possibles : je vous propose de redevenir enfants� tout simplement ! C�est le 20 novembre 1989, il y a de cela 21 ans, presque jour pour jour, que fut adopt�e la Convention internationale des droits de l�enfant. Elle a �t� sign�e et ratifi�e par 191 pays, � l�exception de deux d�entre eux : la Somalie et les Etats- Unis. Vous aurez peut-�tre compris pourquoi ! Dans le premier pays, les enfants, avec z�ro droit, habitent leurs faims multiples entre les taudis de leurs �ternelles poches de mis�re et d�insondables sentiers de guerres, ne conduisant nulle part ailleurs qu�� l�enfer sur terre. Dans le second, empire des Bush p�re et fils et depuis peu d�Obama, de l��pouse Clinton et du Saint Esprit de l�Am�rique offens�e un certain 11 septembre, malgr� tout patrie de l�ind�tr�nable Walt Disney, les enfants sont virtuellement proclam�s rois, sans jamais avoir pourtant la moindre chance de tr�ner ou m�me de r�gner un jour, hors des territoires magnifi�s des bandes dessin�es ou robotis�s de leurs jeux vid�os. Les premiers d�fendent avec leurs fam�liques et st�riles silhouettes d�charn�es et leurs vraies armes les fausses causes de leurs chefs de guerre. Les seconds, ob�ses de goinfreries plan�taires, sont les otages de dirigeants pervers, insatiables pyromanes, qui continuent d�attiser les vents de tous les enfers du monde, en soutien � des causes� proclam�es �d�mocratiques� et perdues d�avance. Des brasiers dont sont extraites les intarissables �b�ches� du douillet coin de feu de la nouvelle �baraque� d�Obama, appel�e Maison Blanche, du temps o� l�Am�rique et le Klu Klux Klan broyaient du noir. Avec la bourrasque printani�re actuelle qui souffle depuis le d�but de l�ann�e � partir de l�une des l�gendaires cornes de l�Afrique, jadis appel�e Ifrikya, et qui emporte de ses tumultes de rue, de proche en proche toutes les faces rid�es des g�rontocrates de notre plan�te- village, tout un chacun mesure combien est d�risoire et usurp�e cette fausse qui�tude et vraie arrogance des tuteurs d�un monde, � l�unipolarit� anachronique, d�cal�e et� de plus en plus criminelle. M�me l�espoir n� un jour de l��lection du premier Noir � la t�te de la puissante Am�rique au leadership de plus en plus envahi de cheveux blancs se dissipe. Son p�re est pourtant n� au Kenya, pays voisin de la Somalie. Sa sveltesse paraissait �tre celle d�un Am�ricain pas comme les autres, au �bas�mot�, celle d�un Somalien ou d�un Ethiopien nourri � sa faim. Pour une fois, nous pensions que le r�ve �tait permis ou allait de plus en plus l��tre ! Quatre ans plus tard et � la veille d�une r��lection perdue d�avance, quel g�chis ! Du Golfe arabique � l�Atlantique, que de cadavres ! De la mer Rouge � l�oc�an Indien, que de menaces sur le sort et le destin des enfants, de nos enfants ! Dans une soci�t� o� l�individualisme f�roce et la raison d�Etat du plus fort s�ment tous les jours d�solation et mort, les enfants, premi�res victimes des jeux malsains de leurs ain�s, continuent pourtant de nous administrer chaque jour qui se l�ve une prodigieuse le�on d�optimisme et de vie. Pour les adultes que nous sommes, cultiver jalousement en nous l��tat permanent de cette enfance demeure en d�finitive le plus efficace des antidotes, le meilleur viatique contre les d�sordres et les d�g�ts directs et collat�raux de l�acc�l�ration g�n�rale de l�histoire� du temps qui passe sans nous. Enfant, on croit en tout et � tout. Quand on joue, on ressuscite aussi vite que l�on meurt. Barbouill�s de sons, d�images et de rires, nos �bats recouvrent tous les bruissements du monde, tous les bruits de bottes. Il suffit de passer pr�s d�une cour d��cole alg�rienne � l�heure de la r�cr�ation pour s�en convaincre. Des clameurs � faire p�lir d�envie les bruyants essaims d��tourneaux de nos hivers de plus en plus pr�coces, en qu�te d�hypoth�tiques hospitalit�s nocturnes dans ce qui reste de jardins dans nos villes, � l�heure du soleil d�clinant� Etre adulte, dit-on, c�est... souvent ne plus r�ver! C�est regarder les enfants jouer au ballon, dans ces m�mes jardins, le jour venu, sans �prouver l�envie irr�pressible d�entrer dans la joyeuse m�l�e. Les enfants de chez nous et d�ailleurs r�vent tous, tr�s s�rieusement, de devenir des Zidane au pied magique, au coup de boule r�parateur de l�honneur �gratign� de la tribu, m�me ancienne, des petits-grands Messi aux d�boul�s semant la panique dans les d�fenses adverses, alors que l�adulte d�ailleurs et surtout d�ici est souvent hors sujet, hors �poque� hors champ, comme on dit aujourd�hui et souvent m�me hors des sentiers de l�honneur !� L�enfance, c�est un duvet de lumi�re contre tous les coups de soleil du trou d�ozone, aujourd�hui encore seulement incommodant, demain trou b�ant aux d�g�ts d�capants. C�est surtout un fil � plomb dress� � la verticale des nouveaux et anciens escarpements de la vie, avec filet protecteur. Finalement, on n�a qu�un chez soi permanent : son enfance, dernier retranchement et refuge secret de l�illusion po�tique du monde. Enfant vous l�habitez, adulte, elle vous rattrape, pour vous habiter � vie ! Etre un adulte bien dans sa peau, je crois que c�est aujourd�hui ne jamais oublier que l�on a �t� un enfant, m�me mal �l�ch� par sa m�re ou peu g�t� par le P�re No�l annonc� dans un mois et tardivement arriv� de sa lointaine Laponie, via TPS ou Hotbird. Alors ! chantons l�enfance convoqu�e, l�espace d�une c�l�bration virtuelle mondiale pompeusement annonc�e par les Nations unies et vite oubli�e par celles d�sunies trop occup�es par les jeux enfantins de nations class�es adultes, jouissant d�un droit de veto pour couvrir leurs reniements multiples devant l�Histoire. Bonne f�te � celles et ceux d�entre vous, adultes, qui saisiront cette occasion pour s�habiller de peaux et d��mes candides et gouailleuses d�enfants, pour amortir un tant soit peu le stress quotidien des embouteillages sans queue ni t�te de nos villes et n�gocier les pi�ges meurtriers de nos routes. Bonne f�te et bonne chance � tous les enfants de la plan�te bleue, ceux en tous cas qui r�ussiront � franchir par effraction, le temps d�une journ�e ravie � leurs vigilantes sentinelles, nos d�risoires fronti�res adultes, pour n�gocier un seul et unique droit, le plus cher d�entre tous : vivre moins tourment�s que les enfants de toutes les Libye, Syrie, Somalie, Harlem, Soweto, Ghaza et autres Congos du monde�